L’Hôtel d’du ministre des Affaires étrangères, Quai d’Orsay
L’Hôtel du ministre des Affaires étrangères
Depuis le milieu du XIXe siècle, le ministère des Affaires étrangères occupe toujours les mêmes locaux. C’est à cette stabilité de près d’un siècle et demi que l’on doit l’expression courante " Quai d’Orsay " pour désigner le ministère des Affaires étrangères.
Un bâtiment dédié à l’activité diplomatique
Le projet de construction d’un bâtiment officiel dédié à héberger l’activité diplomatique — il s’agit du premier bâtiment officiel de la République française construit volontairement pour abriter les services d’un ministère précis — a été initié par François Guizot, ministre des Affaires étrangères sous la monarchie de juillet, en 1845. Freinés par la révolution de 1848, les travaux sont achevés sous Napoléon III en 1855.
Les travaux de décoration extérieure furent confiés à des sculpteurs qui, pour la plupart, avaient déjà participé à la construction ou la restauration d’églises (Notre-Dame de Paris, Saint-Vincent de Paul…) ou de châteaux (Blois, Saint-Cloud…). Un moment freinés par la révolution de 1848, les travaux furent repris à l’instigation de l’empereur Napoléon III. Une fois le gros œuvre achevé en 1853, on fit appel, pour la décoration intérieure, à des artistes connus à l’époque, tels que Séchan, Nolau et Rubé, Molknecht, Lavigne, Liénard, Hippolythe Adam, les frères Huber… L’hôtel étant destiné à recevoir des souverains et diplomates étrangers, il convenait de les accueillir avec tout le faste dû à leur rang.
Destiné à accueillir les souverains et diplomates étrangers, l’édifice a fait l’objet d’une grande attention en termes de décoration intérieure et extérieure. Les travaux de décoration extérieure furent confiés à des sculpteurs expérimentés qui, pour la plupart, avaient déjà participé à la construction ou la restauration d’églises (Notre-Dame de Paris, Saint-Vincent de Paul…) ou de châteaux (Blois, Saint-Cloud…). Pour la décoration intérieure, on fit appel à des artistes connus parmi lesquels les sculpteurs Molknecht et Liénard, les peintres Nolau et Hippolyte Adam, etc.
La façade nord
Le bâtiment devant faire face au fleuve, l’architecte jugea préférable, à l’encontre des règles admises, de ne pas situer l’entrée du palais sur la partie centrale, afin de faire bénéficier les grandes salles de réception d’une vue agréable sur la Seine, entre les ponts Alexandre III et de la Concorde. Les entrées sont donc placées sur les côtés : l’une à droite formant l’entrée principale, l’autre à gauche pouvant servir de sortie, mais surtout destinée à établir la symétrie de la façade.
C’est à Hubert Lavigne que l’on doit les bas-reliefs en bois sur les tympans des portes d’entrée de la façade. Ils représentent le génie de la Paix et le génie de la Guerre soutenant une couronne impériale.
Quant aux statues dans les niches, elles sont l’œuvre de Triqueti et représentent les quatre continents. Commandées dès la construction de l’Hôtel, elles ne furent installées qu’en 1870.
Les croisées du premier étage sont surmontées de médaillons en marbre où devaient être représentées les armes des différentes puissances. Une balustrade à l’italienne couronne la construction.
Rez-de-chaussée
Depuis la construction du palais, l’usage du rez-de-chaussée n’a pratiquement pas varié. Selon le projet de l’architecte Jacques Lacornée, on devait y trouver le cabinet du ministre, des salles d’attente, le secrétariat ainsi que des pièces de réception, réparties en trois grands salons et une salle à manger.
Sous le Second Empire, les salons reçurent les délégations venues assister à des conférences internationales, comme le congrès de Paris de 1856 qui mit fin à la guerre de Crimée. Ils servirent également de cadre à des réceptions fastueuses et à des concerts.
Premier étage
Réservé à l’origine à l’usage privé du ministre, le premier étage a servi, dès le début du XXe siècle, de résidence aux hôtes officiels de la France. Pendant longtemps ont été logés dans ces appartements, souverains, chefs d’État et Premiers ministres en visite officielle à Paris. Têtes couronnées d’Angleterre ou de Perse, émirs d’Arabie ou dirigeants politiques occidentaux s’y sont succédé. À chaque visite d’un hôte de marque, le décor des appartements était adapté à sa personnalité. Mais hormis des travaux d’entretien et de restauration, ou la construction de salles de bains en 1938 à l’occasion de la venue des souverains britanniques, les lieux n’ont pas subi de changement notoire depuis leur construction. Désormais le premier étage accueille des réunions et des réceptions.
Les salles de bain royales
Les salles de bain, dites du roi et de la reine, ont été créées en 1938 pour la venue en France du roi d’Angleterre, George VI et de la reine Elizabeth.
Ces salles de bains s’intégraient dans un programme général de rénovation et de modernisation de l’Hôtel du ministre des Affaires étrangères. La vétusté des bâtiments construits sous Louis-Philippe exigeait des travaux extérieurs et intérieurs. Le chantier allait mobiliser, dès le mois de mars 1938 et pendant cinq mois environ, toute une équipe autour de Pierre Bruneau, architecte en chef des Bâtiments civils et des Palais nationaux. Mille ouvriers et trente-sept entreprises y ont collaboré en soutenant un programme aussi contraignant que serré. L’audacieuse création des salles de bains constitue le seul témoignage décoratif visible de cette époque.
Auguste Labouret, mosaïste et verrier, en fut le décorateur-ensemblier. Pour le choix des meubles il fit appel au talent très moderniste de Jacques Adnet, architecte-décorateur et pour la réalisation des boiseries à la compétence des ateliers Sain. L’excellence sobre mais luxueuse de ce chef d’œuvre d’architecture intérieure, dont il existe peu d’exemples à Paris, consacre un parti pris où triomphe le verre et la glace en décoration comme en témoignent les mosaïques de Venise, les dalles de verre, taillées et sablées, et les miroirs.
Le choix des couleurs signe aussi la perfection et l’intelligence du travail : l’or et l’argent empruntent à la mythologie une symbolique chromatique qui reprend de manière abstraite le traditionnel thème de la confrontation du soleil et de la lune, d’Apollon et d’Artémis.
La restauration de la salle de bains du roi en 2003 et celle, en 2004, de la reine, ont permis de restituer l’éclat d’une architecture au luxe transatlantique digne de prendre place dans une anthologie de l’art décoratif des années 30.
Lieu d’histoire et de mémoire
La libération de Paris voit de féroces affrontements se tenir aux abords de l’Hôtel du ministre : en témoignent aujourd’hui encore les nombreux impacts de balles qui marquent le mur d’enceinte longeant la rue Esnault-Pelterie, ainsi que les plaques et inscriptions rendant hommage aux combattants.
L’Hôtel du ministre des Affaires étrangères est aussi le témoin de la construction de la paix : depuis plus d’un siècle et demi, le cadre de grandes négociations internationales comme celle du traité de Paris de 1856 qui mit un terme à la guerre de Crimée ou celle du traité de Versailles de 1919 qui conclut la Première Guerre mondiale. C’est également dans ce palais, dans le Salon de l’horloge, que Robert Schuman, alors ministre des Affaires étrangères, prononça le 9 mai 1950 sa fameuse déclaration, considérée comme fondatrice du processus de l’unité européenne, et que fut signé le traité CECA l’année suivante (première étape de la construction européenne).
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