Enfants en Zone française d’occupation entre 1945 et 1955

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Qui sont ces enfants ?

À la fin de la Seconde Guerre mondiale, les pays engagés dans le conflit comptent leurs victimes et leurs blessés : soldats en première ligne dans les combats, populations civiles déportées, déplacées, réfugiées ou touchées par les bombardements et les destructions.
L’Allemagne et l’Autriche sont, dès la signature de la paix en mai 1945 et pour une durée de dix ans, placées sous contrôle des autorités américaines, britanniques, soviétiques et françaises.

Ces autorités d’occupation sont entre autres chargées de venir en aide aux populations locales de l’ancien Reich nazi qu’elles ont combattu. Parmi ces populations elles aussi touchées par la guerre, les enfants demandent une attention particulière en raison de leur grande fragilité.

Plusieurs catégories d’enfants nécessitent alors une prise en charge :

  • les enfants français qu’il faut rechercher et rapatrier
  • les enfants réfugiés ou déplacés, abandonnés, orphelins ou dont les parents sont disparus
  • les enfants déportés en Allemagne (Lebensborn).

Comme il s’agissait de traiter plusieurs milliers de dossiers, les administrations françaises en Allemagne créent un service dédié : le bureau des Enfants, placé au sein de la direction des Personnes déplacées et réfugiées.

Au cours de la décennie d’occupation, deux nouvelles catégories apparaissent, qui viennent s’ajouter aux précédentes :

  • les enfants de mère allemande et de père soldat ou fonctionnaire des autorités d’occupation, d’un nombre compris en 15 et 20 000 ;
  • les enfants adoptés par des familles allemandes.

Faire ses recherches aux Archives diplomatiques

Les archives du bureau des Enfants, de même que toutes celles des administrations françaises d’occupation, sont transférées dans les années 1950 à Colmar. En février 2005, est entrepris un important travail de recensement des nombreux documents relatifs aux enfants  : enquêtes sur les enfants nés de mères allemandes et de pères ressortissants des Nations unies, gestion des pouponnières et des maisons d’enfants, rapports des responsables des camps de personnes déplacées et réfugiées…

À l’été 2010, toutes les archives conservées par le ministère des Affaires étrangères à Colmar sont transférées au centre des Archives diplomatiques de La Courneuve inauguré l’année précédente.

Compléter ses recherches

Si les recherches aux Archives diplomatiques s’avèrent infructueuses, il existe plusieurs autres services auxquels s’adresser pour retrouver des documents sur des enfants nés ou ayant vécu en Zone française d’occupation.

Le service international de Recherches (SIR, en anglais International Tracing Service ou ITS) est basé à Bad Arolsen, au centre de l’Allemagne. Il a vocation à rassembler et à communiquer les archives éclairant le destin des victimes du nazisme, notamment des personnes déportées et de celles soumises au service du travail obligatoire (STO). Plusieurs milliers de fiches établies par les administrations françaises, dont certaines concernant des enfants, furent envoyées au SIR pour être utiles au plus grand nombre.

Il existe également, en France, un conseil national pour l’Accès aux origines personnelles (CNAOP), qui a pour mission d’aider les citoyens qui le demandent à éclairer les zones d’ombre qui peuvent entourer leur filiation.

Ces deux services sont de nature à pouvoir compléter une recherche entamée aux Archives diplomatiques.

Aller plus loin…

Plusieurs historiens se sont intéressés à la question des enfants en Zone française d’occupation en Allemagne et en Autriche. On trouvera ci-dessous quelques titres :

  • Service des Personnes déplacées et réfugiées, Sept ans d’activité en faveur des personnes déplacées en zone française d’occupation, 1945-1952, s.l.n.d. [Baden-Baden, HCRFA, 1952].
  • Yves Denéchère, « Des adoptions d’État : les enfants de l’occupation française en Allemagne, 1945-1952 », Revue d’histoire moderne et contemporaine, n° 57-2, avril-juin 2010.
  • Yves Denéchère, Des enfants venus de loin, Paris : Armand Colin, 2011.
  • Cyril Daydé, « Les personnes déplacées et réfugiées en zone française d’occupation d’après les Archives diplomatiques françaises. Fonds d’archives et méthodes de recherche », Personnes déplacées et guerre froide en Allemagne occupée, dir. Corinne Defrance, Julia Maspero et Juliette Denis, Bruxelles, Berne, Berlin, Francfort -sur-le-Main, New-York, Oxford, Vienne : Peter Lang PIE, 2015, collection L’Allemagne dans les relations internationales, vol. 7, p. 349-367.
  • Monique Leblois-Péchon, « Les recherches sur les personnes déplacées dans les archives du Service international de recherches (SIR/ITS) de Bad Arolsen », Personnes déplacées et guerre froide en Allemagne occupée, dir. Corinne Defrance, Julia Maspero et Juliette Denis, Bruxelles, Berne, Berlin, Francfort -sur-le-Main, New-York, Oxford, Vienne : Peter Lang PIE, 2015, collection L’Allemagne dans les relations internationales, vol. 7, p. 369-381.
  • Cyril Daydé, « La frontière en héritage. Les "enfants de la guerre" en zone française d’occupation », Dokumente/Documents, n° 1/2015, 1945 – Chaos und Wiederaufbau / chaos et reconstruction, p. 43-46.
  • Cyril Daydé, « Destins brisés et destins reconstruits en Zone française d’occupation (1945-1955). Ressources pour la recherche aux Archives diplomatiques », Droits des enfants au XXe siècle : pour une histoire transnationale, dir. Yves Denéchère et David Niget, Rennes : PUR, 2015, p. 31-40.

Enfin, des associations rassemblent, de part et d’autre de la frontière, les personnes concernées par cette question désireuses d’échanger leur témoignage. Les deux plus actives sont :