La Coalition pour le Sahel

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La Coalition pour le Sahel a été annoncée lors du sommet de Pau le 13 janvier 2020, par les chefs d’État du Burkina Faso, de la France, du Mali, de la Mauritanie, du Niger et du Tchad, en présence du Secrétaire général des Nations unies, du président du Conseil européen et du Haut représentant de l’Union européenne, du président de la Commission de l’Union africaine et de la Secrétaire générale de la Francophonie.

Apporter une réponse plus collective et solidaire à la crise au Sahel

La gravité de la crise que connaît le Sahel, le sentiment d’urgence, l’importance des besoins nécessitaient une action plus forte, plus solidaire. C’est l’objet de la Coalition pour le Sahel. Demandée de longue date par les chefs d’État du G5 Sahel, la mise en place de cette Coalition est un puissant signal de solidarité à l’égard des États sahéliens.

Elle renforce la visibilité de l’engagement international et constitue un gage de la pérennité de cet appui. Elle amplifie et optimise ce soutien international, en facilitant les échanges et les interactions, ainsi que l’élaboration d’une approche commune.

L’objectif est aussi de traiter toutes les causes de la crise. La solution n’est pas uniquement sécuritaire : l’effort doit porter sur le redéploiement de l’administration et des services de l’État comme sur les besoins en matière de développement.

La Coalition pour le Sahel promeut une approche intégrée au niveau régional, comprenant l’ensemble des leviers et acteurs impliqués au Sahel, qu’ils soient militaires, sécuritaires, politiques et de développement, mais ne se substitue pas aux processus décisionnels existants.

La Coalition contribue également à faciliter le plein accès de l’aide humanitaire et à garantir le respect du droit international humanitaire.

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Le sommet de Pau ©HL.Hablin/AFP

De gauche à droite : Josep Borrell, Haut représentant pour la politique étrangère et de sécurité de l’UE, Antonio Guterres Secrétaire général de l’ONU, Ibrahim Boubacar Keïta, Président du Mali, Louise Mushikiwabo Secrétaire générale de l’OIF, Roch Kaboré, Président du Burkina Faso, Emmanuel Macron, Président de la République française, Mahamadou Issoufou, Président du Niger, Mohamed Ould El-Ghazouani , Président de Mauritanie, Idriss Deby , président du Tchad, Charles Michel, Président du Conseil européen et Moussa Faki Mahamat, Président de la Commission de l’Union africain

Extrait de la déclaration conjointe des chefs d’État, 13 janvier 2020, Sommet de Pau :

« […] cette action commune vise à protéger les populations civiles, à défendre la souveraineté des États du G5 Sahel […], à prévenir une extension de la menace terroriste dans les pays frontaliers et à ramener la stabilité, condition indispensable du développement. »

Retrouvez la conférence de presse et la déclaration conjointe des chefs d’Etat

Une Coalition fondée sur 4 piliers complémentaires

Dans un contexte sécuritaire et humanitaire dégradé, la Coalition pour le Sahel propose un nouveau cadre à l’action internationale, à travers 4 domaines d’intervention incarnés par des piliers complémentaires les uns des autres.

Pilier 1 : lutter contre les groupes armés terroristes

L’objectif est de lutter contre les groupes armés terroristes en coordonnant l’ensemble des efforts menés par les forces armées des pays du G5 Sahel et la Force conjointe du G5 Sahel (FCG5S) avec leurs partenaires opérationnels – Barkhane, MINUSMA, Task Force Takuba – prioritairement dans la zone des 3 frontières (Mali, Niger, Burkina Faso). Face à une situation sécuritaire dégradée et à une possible extension de la menace au-delà des pays du G5 Sahel, il s’agit de créer les conditions nécessaires aux actions de stabilisation et de développement.

2022 : ré-articulation du dispositif
En raison des multiples obstructions des autorités de transition maliennes, le Canada et les États Européens opérant aux côtés de l’opération Barkhane et au sein de la Task Force Takuba ont estimé en février 2022 que les conditions politiques, opérationnelles et juridiques n’étaient plus réunies pour poursuivre efficacement leur engagement militaire actuel dans la lutte contre le terrorisme au Mali et ont donc décidé d’entamer le retrait coordonné du territoire malien de leurs moyens militaires respectifs dédiés à ces opérations.
A la demande de leurs partenaires africains, ils sont néanmoins convenus de poursuivre leur action conjointe contre le terrorisme dans la région du Sahel, notamment au Niger et dans le Golfe de Guinée, et ont engagé des consultations politiques et militaires avec eux dans l’objectif d’arrêter les paramètres de cette action commune d’ici juin 2022.

Retrouvez l’action de certains des acteurs de la lutte contre le terrorisme au Sahel :

Pilier 2 : renforcer les capacités des forces armées des États de la région

Le Partenariat pour la sécurité et la stabilité au Sahel (P3S), initié par la France et l’Allemagne lors du sommet du G7 à Biarritz en août 2019, a pour objectif d’identifier les besoins en matière de sécurité et d’accroître les efforts d’appui en matière de défense et de sécurité intérieure.

Le 2ème pilier de la Coalition vise à coordonner toutes les actions de renforcement des capacités de défense des pays du G5, notamment l’ensemble des offres de formation et d’équipements au profit des forces armées nationales et de la Force conjointe du G5 Sahel (FCG5S).

L’Union européenne apporte son soutien au G5 Sahel, notamment via la « Facilité européenne de paix » et la « Mission de formation de l’Union européenne au Mali » (EUTM Mali). Cette mission, lancée en janvier 2013, apporte un conseil au ministère de la défense malien avec pour objectifs de conseiller, de former et d’entrainer les Forces armées maliennes (FAMa). Elle soutient également la Force conjointe du G5 Sahel. Des réflexions sont en cours sur l’évolution de la mission au regard du contexte politique malien actuel. La revue stratégique de mi-mandat d’EUTM Mali devrait se tenir à la fin du mois d’avril 2022.

Si l’Union européenne contribue à l’ensemble des piliers de la Coalition, elle assure un rôle de co-pilotage des piliers 2 et 3 de la Coalition pour le Sahel avec le Secrétariat exécutif duG5, conformément à la nouvelle stratégie intégrée de l’Union européenne au Sahel adoptée en avril 2021.

Retrouvez plus d’informations sur :

Pilier 3 : soutenir l’action de l’État et des administrations sur le territoire et favoriser l’accès des populations aux services de base

Dans le cadre de la dynamique de recensement des besoins prioritaires du Partenariat pour la sécurité et la stabilité au Sahel (P3S), ce pilier vise à coordonner l’ensemble des offres de formation et d’équipement au profit des forces de sécurité intérieure nationales (police, gendarmerie, garde nationale) et des prévôts de la Force conjointe du G5 Sahel. Le but est d’appuyer le renforcement de l’État dans sa dimension régalienne. Le renforcement de la présence de l’État nécessite également de reconstruire des capacités judiciaires et une administration territoriale des pays du G5 Sahel, en agissant prioritairement dans les zones les plus fragilisées. Il place également au centre de ses priorités l’accès aux services publics et de base pour les populations impactées par les crises. Cette action s’inscrit dans une logique de stabilisation pour répondre à leurs besoins à court terme et en complémentarité avec la mise en œuvre de projets de développement à plus long terme (lien étroit avec le pilier 4).

L’Union européenne apporte également son soutien dans le cadre du pilier 3, jusqu’en 2020 via les anciens instruments de financement (Fonds fiduciaire d’urgence (FFU), l’Instrument contribuant à la stabilité et à la paix (IcSP)) et désormais via l’instrument européen pour le voisinage, le développement et la coopération internationale (NDICI-Europe dans le monde) et les missions civiles de l’Union européenne (EUCAP Sahel Niger et Mali). Des réflexions sont en cours sur l’évolution de la mission civile au Mali au regard du contexte politique malien actuel. La revue stratégique de mi-mandat aura lieu en septembre 2022.

Sur ce pilier également, l’Union européenne assure un rôle de co-pilotage avec le Secrétariat exécutif du G5 Sahel, conformément à la nouvelle stratégie intégrée de l’Union européenne au Sahel adoptée en avril 2021.

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Pilier 4 : aider au développement

L’aide au développement est actuellement coordonnée par deux dispositifs principaux : le G5 Sahel créé en 2014, et l’Alliance Sahel, lancée en juillet 2017 par la France, l’Allemagne et l’Union européenne.

Le 4e pilier a pour objectif de répondre aux défis en termes d’emploi, de pauvreté, d’éducation, de santé, d’infrastructures du Burkina, du Mali, de la Mauritanie, du Niger et du Tchad.

Ces contributions sont portées par l’Alliance Sahel, en lien avec le Secrétariat exécutif du G5 Sahel. Ce dernier facilite le recensement des activités, s’assure de la bonne coordination des actions, de la répartition des rôles et/ou des territoires. Ainsi il garantit l’efficience globale des actions de développement, en cohérence avec les volets politique, sécuritaire et militaire.

La mission de ce pilier consiste aussi à appuyer le retour des services de l’État et la décentralisation afin de renforcer le lien de confiance entre les autorités publiques et les populations. L’Union européenne contribue à cet effort de développement en mobilisant l’instrument NDICI-Europe dans le monde.

Le Secrétariat de la Coalition

Pour mettre en œuvre ces 4 piliers, le Secrétariat de la Coalition pour le Sahel se veut une plateforme de services dédiée aux partenaires internationaux investis au Sahel.

Véritable interface politique visant à promouvoir une vision transversale des enjeux sahéliens, le Secrétariat a pour vocation :

  1. d’organiser le dialogue politique pour une meilleure coordination des actions internationales au Sahel ;
  2. d’assurer un meilleur partage de l’information relative aux actions conduites par les partenaires de la Coalition ;
  3. de nourrir la réflexion sur la transversalité inter-piliers des actions entreprises au Sahel ;
  4. de communiquer sur les avancées de la Coalition afin de mobiliser les partenaires de la Coalition pour le Sahel, le grand public et d’inscrire une vision transversale des problématiques sahéliennes dans le débat politique international.

La France a accepté d’appuyer cette dynamique de coordination et de mobilisation accrue des partenaires internationaux en assurant le Secrétariat de la Coalition pour le Sahel (SCS) jusqu’à son transfert à Bruxelles intervenu en 2021. Composé d’agents détachés par le Canada, l’Italie, la France et le Tchad, le Secrétariat de la Coalition pour le Sahel (SCS) est désormais pleinement opérationnel sous l’autorité du Haut Représentant, Djimé Adoum, avec des locaux installés à Bruxelles. Il joue un rôle de coordination essentielle entre le G5 Sahel, l’Union européenne, le Secrétariat du P3S (S-P3S) et l’Unité de coordination de l’Alliance Sahel (UCA).

Retrouvez le détail des différentes réunions sur le site de la Coalition Sahel

Retour en images sur les activités de la Coalition Sahel

Image Diaporama - Signature du Memorandum of Mutual Understanding

Signature du Memorandum of Mutual Understanding entre Frédéric Bontems, Secrétaire général de la Coalition Sahel, et Maman Sidikou, Secrétaire exécutif du G5 Sahel, le 20/10/2020.

Image Diaporama - Visite de Christophe Bigot, ancien Secrétaire (...)

Visite de Christophe Bigot, ancien Secrétaire général de la Coalition Sahel, à Abuja le 02/03/2020, rencontre Ministre des Affaires étrangères nigérian, Geoffrey Onyeama © Ambassade de France au Nigéria

Image Diaporama - Visite de Christophe Bigot, ancien Secrétaire (...)

Visite de Christophe Bigot, ancien Secrétaire général de la Coalition Sahel, au siège de l’OTAN le 04/03/2020 © OTAN

De gauche à droite : SEMA, SE M. Mircea Geona (Secrétaire général adjoint de l’OTAN), le Général Grégoire de Saint-Quentin (SCOPS), SE Mme Muriel Domenach (RP FR auprès de l’OTAN)

A l’issue du sommet de N’Djamena : une nouvelle feuille de route

Le sommet du G5 Sahel, qui s’est tenu à N’Djamena les 15 et 16 février 2021, avec la participation de certains partenaires internationaux dont la France, a permis de définir de nouveaux engagements communs initiés lors du Sommet de Pau lors du Sommet de Pau. Convaincus de la nécessité d’aller au-delà de la réponse sécuritaire, les chefs d’Etat du G5 Sahel se sont engagés à mettre en œuvre un « sursaut civil et politique » visant à accélérer le déploiement de leurs administrations et des services publics dans les zones en crise afin de ramener une paix durable. Les pays membres du G5 Sahel ont également réaffirmé leur volonté de voir la France et ses partenaires poursuivre leur engagement militaire dans la région.

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Réunion des ministres des Affaires étrangères de la Coalition pour le Sahel en visioconférence le 19 mars 2021. Sur la photo : Djimé Adoum, Haut représentant de la Coalition pour le Sahel et Jean-Yves Le Drian, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères

Un an après le lancement officiel de la Coalition pour le Sahel en mars 2020, les ministres des Affaires étrangères de la se sont réunis le 19 mars 2021, dans le cadre de la deuxième réunion ministérielle de la Coalition, afin d’adopter la feuille de route de la Coalition, qui reprend les engagements définis lors du Sommet de N’Djamena et définit des jalons de mise en œuvre clairs et précis en faveur :

  • d’actions concrètes pour lutter contre le terrorisme ;
  • du renforcement des capacités des forces de défense et de sécurité nationales ;
  • de l’accompagnement des gouvernements du G5 Sahel dans leurs efforts de réformes en faveur de l’État de droit et d’une gouvernance plus transparente et inclusive. Ces efforts impliquent le déploiement de l’État, des administrations et des services de base ainsi que la mise en place de mécanismes politiques interministériels dans les pays du G5 Sahel.

Retrouvez le Communiqué informel conjoint du Secrétariat de la Coalition pour le Sahel, de la Présidence du G5 Sahel, du Secrétariat exécutif du G5 Sahel et de l’Union européenne sur le site de la Coalition Sahel

La Coalition pour le Sahel en action

Le 6e sommet ordinaire du G5 Sahel s’est tenu le 25 février 2020 à Nouakchott, en présence des chefs d’État du G5 Sahel. Le secrétariat du G5 Sahel, devenu « secrétariat exécutif », a réaffirmé l’attachement à la consolidation de la coopération dans le domaine de la lutte contre le terrorisme et la poursuite des efforts militaires communs.

En marge de ce sommet et présidée par le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères français, Jean-Yves Le Drian, la première Assemblée générale de l’Alliance Sahel, a permis de mobiliser la communauté internationale autour des engagements communs en matière de développement dans le Sahel. L’Alliance Sahel s’est engagée à intervenir prioritairement dans les zones les plus fragiles du Sahel, à travailler à une meilleure articulation entre les piliers sécuritaires et développement et à renforcer la coordination et la flexibilité des modes d’intervention.

Retrouvez le communiqué de presse, les déclarations et conclusions de l’Assemblée générale

L’Assemblée générale de l’Alliance Sahel a été l’occasion pour les partenaires mobilisés en faveur du Sahel d’adopter le principe d’une approche territoriale intégrée pour coordonner, mettre en cohérence et le cas échéant concentrer les efforts dans des zones prioritaires. Il s’agit notamment de partir d’une caractérisation commune des zones en crise et fragiles et de définir par et pour les acteurs des 4 piliers des objectifs communs ou partagés.

La Task Force Takuba

Lancée le 27 mars 2020 à la demande des autorités maliennes, la Task Force Takuba s’inscrit dans le cadre du premier pilier de la coalition internationale pour le Sahel consacré au contre-terrorisme. Placée sous le commandement de l’opération Barkhane, l’initiative vise à mobiliser, aux côtés de la France,les forces spéciales de partenaires européens pour réaliser des missions de conseil, d’assistance et d’accompagnement au combat des FAMa (Advise, Assist, Accompany - 3A) jusqu’à leur pleine autonomie opérationnelle.
Déployée dans le Liptako (région des trois frontières avec le Burkina Faso et le Niger) marquée par une forte présence des groupes armés terroristes, la TaskF Takuba est une coalition européenne inédite qui compte 10 pays européens et se compose de plus de 800 soldats. Composée principalement de forces spéciales européennes, la Task Force Takuba a permis la formation de plusieurs Unité Légère de Reconnaissance et d’Intervention maliennes (ULRI), la conduite de plusieurs opérations conjointes contre les groupes armés terroristes et ainsi de sécuriser les principales villes du Liptako.
La Task Force a mené sa mission en coordination avec les partenaires du G5 Sahel, la mission militaire intégrée des Nations unies au Mali (MINUSMA) et les missions militaires et civiles de l’Union européenne (EUTM Mali, EUCAP Mali et EUCAP Niger).

Présente dès juillet 2020 dans le Liptako, la Task Force Takuba a atteint sa pleine capacité opérationnelle (FOC) en avril 2021. Malgré les résultats obtenus et l’excellente coopération établie avec les forces armées maliennes sur le terrain, la posture politique et les décisions prises par les autorités maliennes de transition ont conduit les pays participant à Takuba à annoncer en février 2022 le retrait de leurs troupes du Mali. Au regard des succès engrangés en matière d’autonomisation rapide des forces armées locales, le modèle de la Task Force Takuba pourrait inspirer de nouvelles initiatives en dehors du Mali dès lors qu’un partenaire africain en ferait la demande et avec l’accord des Parlements nationaux des pays contributeurs intéressés.

Mise à jour : mars 2022