L’intelligence artificielle pour diagnostiquer la schizophrénie et l’autisme

Des études de ce type avaient déjà été réalisées dans d’autres langues mais c’est une première polonaise. En utilisant les échanges entre des adultes atteints de schizophrénie et leur médecin lors des consultations, les chercheurs ont constaté que l’algorithme émettait le bon diagnostic dans 90% des cas. L’algorithme était moins efficace pour les troubles du spectre autistique avec un résultat de 65%.

L’algorithme se basait sur des textes recueillis par un psychiatre lors d’une étude sur la cognition sociale des personnes touchées par la schizophrénie. Dans le cas de l’autisme, l’algorithme se basait sur des textes issus d’études standardisées réalisées sur des enfants, adolescents et adultes souffrant de troubles du spectre autistique. Grâce à ces données les scientifiques ont testé différents modèles d’intelligence artificielle pour savoir s’ils étaient capables d’émettre le bon diagnostic.

Le Dr. Justyna Sarzyńska-Wawer a déclaré : « Dans le cas de l’étude sur la schizophrénie, il n’y avait pas de personnes en phase active de psychose. La différence entre les personnes non atteintes et les personnes atteintes était difficile à détecter. Un psychiatre expérimenté à qui on a demandé d’établir un diagnostic sur la base des mêmes textes a obtenu une précision de résultat inférieure à celle de l’algorithme. »

Dans le domaine médical, il est connu que le langage des personnes avec schizophrénie ou autisme est différent des personnes non atteintes. Par conséquent, les scientifiques tentent d’identifier les caractéristiques de ce langage depuis maintenant plusieurs années. Par exemple, il a été montré dans d’autres études que les personnes sur le spectre autistique utilisent moins de mots à forte charge émotionnelle. Quant aux personnes touchées par la schizophrénie, leurs déclarations sont plus affectives mais surtout négatives.

Le processus de diagnostic des deux pathologies est basé sur des indicateurs comportementaux subjectifs. Le Dr. Wawer a expliqué qu’il est possible d’automatiser et d’améliorer ce processus grâce à l’intelligence artificielle. La psychiatrie n’est pas dotée d’outils aussi objectifs et fiables que d’autres disciplines s’appuyant sur les analyses de sang et les scanners cérébraux par exemple. “Il y a donc un rôle pour le psychiatre ou le psychologue et de leur expérience. Et pourtant, il existe de nombreux troubles pouvant être similaires les uns aux autres. Un outil de diagnostic supplémentaire pourrait s’avérer utile.”a déclaré le Dr. Wawer.

Les chercheurs espèrent qu’un jour l’intelligence artificielle sera un outil pour le diagnostic des pathologies. Ainsi, elle aiderait les psychiatres et psychologues à orienter les patients vers les soins et traitements les plus adaptés à leurs besoins. Pour le diagnostic de la schizophrénie, les chercheurs impliqués dans l’étude polonaise ont affirmé que leur outil est efficace et qu’ils souhaiteraient le mettre à disposition des psychiatres dans un futur proche.

Les résultats de la recherche ont été publiés dans la revue scientifique internationale Cognitive Computation. L’article a été rédigé par le Dr. Aleksander Wawer de l’Institut d’informatique de l’Académie des sciences polonaise, Dr. Łukasz Okruszek et Dr. Justyna Sarzyńska-Wawer de l’Institut de psychologie de l’Académie des sciences polonaise et Dr. Izabela Chojnicka de la Faculté de psychologie de l’Université de Varsovie.

Pour aller plus loin

Science in Poland, “Artificial intelligence to support diagnosis of schizophrenia and possibly autism” par Ludwika Tomala, 08.03.2021

La publication scientifique complète
Wawer, A., Chojnicka, I., Okruszek, L. et al. Single and Cross-Disorder Detection for Autism and Schizophrenia. Cogn Comput (2021). https://doi.org/10.1007/s12559-021-09834-9

Polska Akademia Nauk, “Artificial neural networks useful in the detection of schizophrenia and autism”, 09.02.2021

Polish Science, “Des scientifiques polonais ont étudié l’utilisation de réseaux neuronaux artificiels pour détecter la schizophrénie et l’autisme”, 10.02.2021

Rédactrice
Elisa Pospieszny, Chargée de Coopération Scientifique et Universitaire à l’Ambassade de France en Pologne
elisa.pospieszny[at]diplomatie.gouv.fr