Les diasporas, actrices du changement (2019)

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La France reconnaît les diasporas comme actrices majeures du développement et de la citoyenneté. À travers son Plan d’action « Migrations internationales et développement (2018-2022) », elle s’est ainsi engagée à valoriser et accompagner leurs initiatives visant à développer des dynamiques de coopération solidaire avec les pays d’origine. Dans ce contexte, le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères (MEAE) a commandé une étude visant à mieux connaître le rôle joué par les jeunes générations et par les femmes au sein des diasporas en France. Le rapport présenté ici est une synthèse de cette étude.

À travers un travail fondé sur de la recherche documentaire, un recueil de témoignages auprès d’un public cible, essentiellement originaire de pays d’Afrique subsaharienne et du Maghreb - femmes et hommes issus des diasporas, migrants de générations précédentes et responsables d’institutions -, ainsi qu’un questionnaire en ligne, l’étude s’interroge sur les modes d’engagement des nouvelles générations des diasporas dans les pays d’origine et autres pays du Sud, ainsi que sur la spécificité de l’engagement des femmes, les obstacles qu’elles rencontrent, et les dynamiques interculturelles à l’œuvre. Elle rappelle que le niveau d’études, l’origine sociale, le ressenti identitaire (« la double appartenance »), exercent une influence particulière sur la nature du lien et de l’engagement de ces jeunes et de ces femmes. Elle souligne la très grande diversité de leurs modes de participation à l’éducation à la citoyenneté et à la solidarité internationale, qui se différencient sensiblement de leurs aînés et se caractérisent notamment par : une attitude critique envers les modes d’animation des anciennes associations et les faiblesses de gouvernance de pays du Sud ; l’utilisation d’outils de gestion de projet ; l’exigence de redevabilité ; l’intérêt pour l’entrepreneuriat et les technologies de communication ; la préoccupation pour le développement durable et les enjeux climatiques (portage de projets en agro-écologie ou valorisant les ressources locales, avec des composantes à la fois d’éducation à l’environnement et de génération de revenus). Même si les associations des nouvelles générations paraissent plus fondées sur la mixité et le partage des responsabilités, l’étude dresse aussi le constat du poids des stéréotypes et des discriminations, encore très prégnants. Afin de rendre plus visible le rôle des femmes issues des diasporas, un renforcement des capacités semble souhaitable, pour une meilleure prise en compte de l’approche genre et de la promotion de l’égalité entre les femmes et les hommes, à la fois dans le fonctionnement des associations et dans les projets.

Sur cette base de travail, l’étude invite toutes les parties prenantes (acteurs des politiques publiques et institutions de développement, organisations de la société civile, milieux de la recherche) à débattre autour de recommandations sur la place et le rôle des nouvelles générations et des femmes issues des migrations : générer plus d’informations et de données les concernant ; favoriser la cohérence dans la mise en œuvre des politiques publiques et les coopérations entre acteurs ainsi qu’entre les échelles de territoires ; généraliser la mise en œuvre d’une approche genre ; assurer une meilleure visibilité et une plus grande participation aux instances multi-acteurs de concertation et de décision des jeunes et des femmes issus des migrations ; renforcer et soutenir financièrement les associations, envisager des fonds d’appui spécifiques et accessibles pour les jeunes et les femmes, financer la capitalisation et l’échange d’expériences.

N.B. : Les analyses et commentaires développés dans ce rapport n’engagent que leur auteur et ne constituent pas une position officielle, du MEAE ou du gouvernement.