Déclaration conjointe des ministres des Affaires étrangères de l’Allemagne, de l’Espagne, de la France, le l’Italie, de la Pologne et du Royaume-Uni ainsi que de la Haute représentante de l’Union européenne (12 juin 2025)
Nous nous sommes réunis le 12 juin à Rome pour discuter de la sécurité euro-atlantique et de l’agression de la Russie contre l’Ukraine, en présence du secrétaire général de l’OTAN et du ministre des Affaires étrangères de l’Ukraine.
Nous avons réaffirmé notre attachement à une Europe plus forte et plus souveraine, capable d’assurer la défense de ses citoyens et de ses intérêts, et de contribuer à la paix et à la sécurité internationales. À cette fin, nous continuerons à œuvrer de concert pour renforcer notre sécurité et notre défense collectives et accroître la contribution de l’Europe à l’OTAN.
L’alliance atlantique demeure la pierre angulaire de notre défense collective. Le sommet de l’OTAN à La Haye illustrera notre unité, qui repose sur un lien transatlantique pérenne, un attachement indéfectible à notre défense mutuelle et une répartition équitable des efforts. Ce sommet doit adopter de nouvelles décisions pour bâtir une alliance plus forte, prête à défendre la moindre parcelle de territoire allié.
Les pays européens doivent jouer un rôle plus important encore pour garantir leur propre sécurité. Pour que les alliés européens assument davantage de responsabilités dans l’OTAN, nous avons appelé à un renforcement ambitieux des capacités de défense européennes, en augmentant de manière flexible et durable les dépenses en matière de sécurité et de défense nationales, afin d’être en mesure d’assurer, au sein de la zone euro-atlantique, une dissuasion et une défense dans tous les domaines. Cela passe par des projets conjoints, la passation commune de marchés, le soutien à l’interopérabilité, et le renforcement de notre base industrielle et technologique de défense. Dans cette perspective, nous nous sommes réjouis des initiatives de l’Union européenne (UE) en matière de sécurité et de défense, parfaitement complémentaires de l’OTAN, tout en soulignant que l’UE et ses partenaires doivent prendre de nouvelles mesures structurelles pour mobiliser les ressources nécessaires à la réalisation de notre nouvelle ambition commune.
Nous continuerons à travailler avec l’OTAN, l’UE et les enceintes affinitaires pour atteindre nos objectifs communs. Le partenariat de sécurité et de défense entre l’UE et le Royaume-Uni constitue un signal tangible de notre détermination à travailler ensemble, en tant qu’Européens, pour faire face à une situation internationale complexe et changeante.
Nous avons reconnu qu’une approche à 360 ° de la sécurité euro-atlantique est nécessaire pour protéger nos concitoyens et nos sociétés, surmonter les conséquences de la guerre d’agression de la Russie contre l’Ukraine et faire face, dans tous les domaines, aux menaces et enjeux dans notre voisinage oriental et méridional, ainsi que dans la région de la Baltique. Nous renforcerons nos partenariats dans les régions qui ont une incidence sur notre sécurité, notamment en Méditerranée, en Afrique, dans les Balkans occidentaux, dans la région de la mer Noire, et dans la région Afrique du Nord - Moyen-Orient, dans un contexte profondément marqué par l’attentat du 7 octobre et ses suites, avec la nécessité d’obtenir la libération de tous les otages capturés par le Hamas et un cessez-le-feu immédiat à Gaza.
Nous avons souligné à nouveau notre soutien sans faille à l’Ukraine, sa population, sa démocratie, sa souveraineté, son indépendance et son intégrité territoriale dans ses frontières internationalement reconnues. Une Ukraine forte, indépendante et démocratique est essentielle à la stabilité et à la sécurité de la zone euro-atlantique.
Nous nous sommes félicités des efforts de paix menés par les États-Unis et des pourparlers tenus récemment entre l’Ukraine et la Russie, qui constituent une étape sur la voie d’une paix globale, juste et durable, dans le respect du droit international et notamment de la Charte des Nations Unies. L’Europe continuera de contribuer à ces efforts et se tient prête à soutenir la mise en œuvre d’un accord de paix respectant les principes de la Charte des Nations Unies. Nous avons rendu hommage à la Turquie pour le rôle qu’elle a joué et nous sommes prêts à soutenir toute autre initiative de facilitation susceptible de contribuer à l’avènement d’une solution juste et durable.
Nous avons salué l’Ukraine pour son engagement constructif dans ce processus, qui prouve son ferme attachement à la paix, qu’elle est prête à s’engager dans un cessez-le-feu immédiat, global et inconditionnel de 30 jours comme point de départ solide de négociations crédibles et sérieuses, et qu’elle est ouverte à une réunion au niveau présidentiel. Nous avons demandé instamment à la Russie d’en faire autant sans délai et de renoncer à ses demandes et conditions préalables maximalistes inacceptables afin de prouver son véritable intérêt pour la paix. Nous avons déploré les attaques massives lancées récemment par les Russes contre des villes et les populations civiles ukrainiennes qui constituent une violation flagrante du droit international.
À cet effet, nous avons réaffirmé que nous sommes prêts à intensifier nos pressions sur la Russie qui continue de refuser de prendre des engagements sérieux et crédibles, notamment en imposant de nouvelles sanctions et en luttant contre leur contournement. Nous sommes également prêts à adopter rapidement de nouvelles mesures, notamment dans le secteur de l’énergie et dans le secteur bancaire, afin de compromettre la capacité de la Russie à continuer de mener sa guerre d’agression et de veiller à ce que l’Ukraine se trouve dans la meilleure position possible pour parvenir à une paix juste et durable. Nous sommes déterminés à continuer d’immobiliser les actifs souverains russes présents dans nos juridictions tant que la Russie n’aura pas mis fin à son agression et payé le coût des dommages qu’elle a causés.
Une paix juste et durable doit inclure des garanties de sécurité adéquates pour l’Ukraine, à commencer par une armée et une industrie de défense ukrainiennes solides. À cet effet, nous travaillerons avec l’Ukraine, en nous appuyant sur l’unité transatlantique, à des initiatives de renforcement des forces armées ukrainiennes et nous sommes prêts à intensifier notre soutien, notamment en améliorant la coopération industrielle de défense avec l’Ukraine et en étudiant d’autres formes de coopération de sécurité et de défense, en cohérence avec notre appui à l’intégration euro-atlantique de l’Ukraine.
Nous continuerons aussi de travailler avec les États-Unis sur ce point.
Nous restons fermement déterminés à soutenir tant la stabilité économique de l’Ukraine dans le cadre de son programme avec le FMI, en veillant à ce qu’elle dispose d’une assistance budgétaire suffisante pour 2026 et au-delà, que son relèvement et sa reconstruction, en étroite coordination avec nos partenaires internationaux. Un relèvement et une reconstruction rapides contribueront à jeter les bases d’une Ukraine plus prospère, intégrée dans l’Europe. Cela représente une occasion d’ancrer la résilience, de favoriser la prospérité et de faire progresser les réformes en vue de l’intégration de l’Ukraine dans l’Union européenne, dans la perspective de son adhésion, en adoptant une approche reposant sur l’ensemble de la société et en cherchant à reconstruire en mieux. La conférence sur la reconstruction de l’Ukraine, qui se tiendra en Italie en juillet 2025, constituera une étape essentielle pour progresser dans cette voie.