Q&R - Point de presse live (30 mai 2024)
Q - Quelques petites questions. D’abord, vous avez évoqué cette rencontre avec le ministre libanais : est-ce qu’il y a un changement ? Est-ce que, depuis la visite du ministre israélien, vous avez reçu des réponses du côté israélien ? On sait quelle a été la réaction du ministre libanais à cette rencontre ?
La deuxième question concerne des publications aujourd’hui par Israël sur des groupes criminels en Europe qui agissent pour le compte de l’Iran contre des cibles israéliennes et juives, et tout ça, quelques mois ou quelques semaines avant les Jeux olympiques. Est-ce que cela concerne aussi la France ? Est-ce qu’il y avait des cas ? Est-ce que vous avez constaté ça ? Est-ce qu’il y a des conséquences pour les préparatifs des Jeux olympiques ?
Et dernière question, est-ce qu’il y avait des représentants français qui ont participé vendredi passé à cette rencontre entre le chef de la CIA, William Burns, le chef du Mossad et le Premier ministre qatarien ?
R - S’agissant de votre première question, sur la rencontre du Ministre avec son homologue libanais, qui a eu lieu hier. Le Ministre a eu l’occasion de rappeler l’engagement constant de la France en soutien à la souveraineté et à la stabilité du Liban. Il a rappelé aussi les efforts menés par la France pour contribuer à une désescalade, notamment par le biais de consultations de toutes les parties en faveur d’une solution diplomatique. Les ministres ont notamment évoqué le déplacement de Jean-Yves Le Drian, qui était au Liban, du 28 au 30 mai derniers, avec, sur le terrain intérieur libanais, l’urgence à trouver une issue à la crise institutionnelle, à élire un Président de la République et à former un gouvernement capable de répondre aux attentes et aux besoins des Libanais. Sur la question des propositions qui avaient été faites à Israël et au Liban sur une désescalade à la frontière – propositions portées par le Ministre lors d’un déplacement précédent dans la zone - nous avions eu un retour des Libanais, et je ne crois pas que nous ayons eu de retour israélien à ce stade.
Sur la question des groupes iraniens. Nous sommes pleinement mobilisés pour assurer la sécurité non seulement des sites olympiques mais aussi de l’ensemble du territoire national durant les JOP. Je n’ai pas d’éléments particuliers sur ce que vous mentionnez, cette publication par Israël de groupes qui agiraient en Europe.
Sur votre troisième question, et c’est une question qui a trait à des négociations qui sont en cours , je n’ai pas de commentaire à faire.
Q - Comme vous le savez, le bilan des victimes parmi les civils à Rafah s’alourdit de jour en jour. Au-delà des appels de la France aux autorités israéliennes pour qu’elles arrêtent ce que vous appelez « les opérations » menées à Rafah, quels sont les leviers diplomatiques de la France aujourd’hui pour arrêter ce que certains partis politiques en France appellent « un massacre abominable » ? J’emploie la même expression employée par Jean-Luc Mélenchon, hier.
R - Nous avons condamné à nouveau la poursuite des opérations militaires de l’armée israélienne à Rafah. Nous avons appelé les autorités israéliennes à cesser cette opération militaire. Comme nous avons déjà eu l’occasion de le souligner à plusieurs reprises, cette opération menace de provoquer une situation encore plus catastrophique que ce qu’elle n’est aujourd’hui pour les populations civiles de Gaza. Nous avons relancé un appel à rouvrir immédiatement les points de passage afin que l’aide humanitaire puisse entrer dans la bande de Gaza et puisse apporter l’aide nécessaire aux populations civiles. Nous appelons à nouveau à tout mettre en œuvre pour assurer la protection des civils et garantir l’accès de l’aide humanitaire. C’est un appel qui a été adressé aux autorités israéliennes. Israël doit se conformer au droit international humanitaire, s’agissant de ces frappes qui visent les populations et les infrastructures civiles à Gaza. Au-delà de ces condamnations - puisque c’est le fond de votre question -, face à la gravité de la situation, il y a eu des réunions d’urgence qui ont été convoquées au Conseil de sécurité en début de semaine. Nous sommes favorables à ce que le Conseil de sécurité adopte une résolution pour répondre à cette urgence humanitaire, mais aussi pour avancer vers un cessez-le-feu et donner une perspective claire pour cesser effectivement ces opérations. Nous avons, dans ce contexte, soutenu la demande algérienne d’une réunion d’urgence et soutenu la résolution, toujours en cours de discussion.
Q - S’agissant des résolutions, est-ce que vous pouvez nous dire où en est la résolution française, que la France souhaite donc porter également devant les Nations unies ?
R - La France porte toujours ce projet de résolution puisque, au-delà de la situation d’urgence humanitaire que nous connaissons, il est plus que jamais nécessaire d’avancer sur la question d’une solution politique. La France a toujours soutenu et voté les résolutions qui allaient dans le sens d’un cessez-le-feu ou d’une trêve humanitaire. Le représentant permanent auprès des Nations unies a rappelé nos positions, mardi soir, et elles sont connues depuis le début : un cessez-le-feu immédiat, une libération inconditionnelle des otages, l’arrêt de l’offensive israélienne, telle que demandée par la Cour internationale de justice, l’entrée massive de l’aide humanitaire ; mais aussi une solution politique qui doit permettre aux Palestiniens de gouverner la bande de Gaza. La proposition française est toujours là, et je pense que nous aurons l’occasion d’en reparler ultérieurement. Les efforts de la France en faveur d’une solution politique continuent. La France est toujours présente et active pour poser les bases d’une solution politique pour l’avenir.
Q - Sait-on si la question israélienne ou de la guerre à Gaza a été abordée en Allemagne durant la visite d’État, et si oui, qu’est-ce qui s’est dit ?
R - Beaucoup de sujets ont été abordés durant la visite d’État, notamment les sujets internationaux. Je vous renvoie à la conférence de presse qui a été donnée mardi soir par le Président de la République et par le Chancelier Scholz. Il y a une déclaration conjointe qui a été publiée à l’issue du Conseil franco-allemand de défense et de sécurité, le 28 mai.
Q - En ce qui concerne cette réunion à Prague, donc réunion informelle de l’OTAN, vous avez dit qu’il faut prioriser nos efforts et se consacrer au cœur de nos activités ou actions ; est-ce que vous pourriez être plus précis ? Qu’est-ce que ça veut dire ? Est-ce qu’il y a un éparpillement parmi des membres ? Qu’est-ce qui se passe ? Pourquoi vous insistez sur ce fait-là ?
R - Effectivement, la réunion qui se tient à Prague, aujourd’hui et demain, est une réunion qui prépare en fait le sommet des chefs d’État et de gouvernement de l’OTAN qui aura lieu du 9 au 11 juillet prochains. L’idée, telle que je l’ai indiquée, c’est de marquer la cohérence et la cohésion des États membres de l’OTAN dans leurs efforts destinés à assurer notre défense collective et à assurer la sécurité de la zone euro-atlantique. Au-delà des questions très immédiates du soutien à l’Ukraine et du traitement de la menace russe, qui sont effectivement des sujets qui sont très importants sur l’agenda de l’OTAN, il y a d’autres questions qui vont être évoquées, notamment la question du partage du fardeau de la sécurité européenne, qui reste quand même une question clé. La position de la France, c’est que les Européens doivent s’impliquer davantage en prenant leurs responsabilités, leur part , et ainsi renforcer le pilier européen de l’OTAN. L’Union européenne, dans ce cadre, joue un rôle majeur pour fédérer et orienter ces efforts, surtout dans une perspective d’ancrage de notre soutien à l’Ukraine et aussi pour renforcer la base industrielle et technologique de la défense européenne. C’était l’idée de ce que je vous disais, et c’est ce que portera le Ministre, lors de la réunion : il plaidera pour l’ensemble de ces dimensions, à savoir cette dimension très visible et très immédiate de conflit en Ukraine, d’agression russe en Ukraine, mais aussi les autres segments qui seront abordés, notamment la sécurité euro-atlantique, lors du sommet de l’OTAN, et donc en amont lors de cette réunion qui se tient à Prague, aujourd’hui et demain.
Q - La famille des otages français en Iran, par exemple la sœur de Cécile Kohler, ils sont allés devant le bureau des Nations unies ; est-ce que ça veut dire qu’ils ont désespéré des démarches nécessaires ? Où vraiment, on est dans un échec total, ou il y a encore des négociations ?
R - Sur la question des otages d’État en Iran, la France continue d’avoir une politique claire et sans faiblesse à l’égard de l’Iran, avec une demande très ferme que nos quatre ressortissants, détenus de manière arbitraire, soient libérés. Nous les considérons comme des otages d’État, et leur libération est une priorité de la France. Nos autorités, ainsi que le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, sont pleinement mobilisées pour obtenir la libération de tous les Français restant détenus en Iran. Nous sommes aux côtés de leurs familles et nous continuons de les accompagner et de les soutenir.
Q - J’ai une question concernant le sommet pour la paix, prévu en Suisse, mi-juin. Le Président Zelensky ne souhaite pas la présence de la Russie. Il estime que cela risque de bloquer toute forme de discussions. Je voudrais savoir quelle est la position de la France à ce sujet ? Est-ce que la France est favorable ou non à la présence russe et est-ce qu’on peut avoir des éléments sur le niveau de participation de la France à ce sommet ?
R - Effectivement, il y aura un sommet qui se tiendra mi-juin en Suisse, un sommet pour le soutien à l’Ukraine. Nous avons toujours dit que pour nous, c’était une excellente initiative. Tout ce qui peut participer à l’amélioration de la situation ukrainienne et au soutien de l’Ukraine dans sa défense contre la Russie constitue des éléments bienvenus. S’agissant de la conférence elle-même, l’organisation de cette conférence, c’est la Suisse et l’Ukraine qui la portent. Donc sur la question de la présence russe, je n’ai pas réellement de commentaires à vous faire puisque c’est encore une fois davantage une question pour les puissances organisatrices, et donc une question pour la Suisse et l’Ukraine qui sont les organisateurs de cette conférence. Sur la participation française, il y en aura effectivement une. Plus précisément sur le niveau, je pense que j’aurai l’occasion de revenir vers vous. Pour le moment, je peux juste vous confirmer qu’il y aura une présence française mais je vous préciserai ultérieurement l’autorité qui aura vocation à y aller.