Q&R - Point de presse live (29 novembre 2023)
Q - Trois questions. La première, juste une précision sur le Dixmude : combien de patients ont été accueillis ? Et quand vous dites "urgence relative", donnez des exemples : de quoi s’agit-il ? Sur les hôpitaux à Gaza, celui de Khan Younès, est-ce qu’il est bien opérationnel maintenant, l’hôpital jordanien ? Et je crois que vous travaillez aussi avec les Émiriens sur leur hôpital de campagne ; est-ce que celui-là commence à se mettre en marche ?
Et sur le Hamas et les sanctions européennes, on parle de combien de désignations ? Est-ce que ce sont les deux qui ont été désignés en France dans le Journal officiel ? Ou est-ce que vous envisagez plus de personnes ?
Et sur l’Ukraine, où en est-on sur les garanties de sécurité, l’accord bilatéral ? Vous avez parlé peut-être d’un accord avant la fin de l’année, est-ce que ceci est probable ? Et est-ce que vous pouvez nous en dire un petit peu plus sur le contenu de cet accord ?
R - Sur le Dixmude, je vous renverrai vers les armées pour tous les détails opérationnels, mais comme l’indiquait Sébastien Lecornu hier, le Dixmude a pu accueillir ses premiers patients. Je n’ai pas, à l’heure actuelle, le nombre exact de ces patients ; c’est un flux. Nous sommes en train de travailler, grâce à l’équipe de préfiguration qui a été mise en place, notamment avec la visite du chef du centre de crise et de soutien, à nous intégrer dans le flux de patients qui sont traités par les hôpitaux égyptiens. Et donc ce travail se met en place. Les premiers blessés sont arrivés hier sur le bateau, et on peut imaginer que ce flux s’accroisse dans les jours à venir. Donc je renverrai aux armées pour un point plus précis. S’agissant de l’urgence relative…
Q - Pardon, ce ne sont que des enfants, ou ce sont des adultes aussi ?
R - Je n’ai pas ce détail. Il me semble que les deux catégories étaient possibles. Je ne sais pas ce qu’il en est des patients effectivement reçus.
S’agissant de l’urgence relative, comme vous le savez, il y a sur le bateau des capacités chirurgicales, donc permettant d’effectuer des opérations chirurgicales. Et par ailleurs, une équipe de la réserve sanitaire, c’est la première fois de son histoire, a été déployée de la part du ministère de la santé et du ministère de l’intérieur pour soutenir les capacités du service de santé des armées, et donc permet de déployer un certain nombre de spécialités qui sont particulièrement demandées sur le terrain. Et tout cela évidemment en étroite coordination avec nos partenaires égyptiens.
S’agissant des hôpitaux à Gaza, comme vous le savez, la Jordanie a en effet deux hôpitaux de campagne : un dans la partie de Gaza Nord et un autre qui a été déployé à Khan Younès. Ma compréhension est que cet hôpital est désormais opérationnel et fonctionne, et donc nous apportons notre soutien à ces efforts jordaniens. L’un des points était notamment de pouvoir faciliter le transport des blessés, et donc nous contribuons à la fourniture d’ambulances pour cet hôpital. Et nous avons par ailleurs signé un accord avec les autorités jordaniennes pour les aider en matière d’équipements.
S’agissant des Emiriens, en effet, un hôpital de campagne est en cours de montage du côté égyptien de la frontière. Je ne peux pas vous en dire plus sur l’état de fonctionnement, mais je vous renvoie pour cela vers nos partenaires émiriens.
S’agissant du Hamas, comme vous le savez, ces efforts s’inscrivent dans le cadre du non-papier franco-italo-allemand que nous avions présenté lors du dernier Conseil Affaires étrangères, qui avait permis d’avoir une discussion avec nos partenaires européens sur trois aspects : la lutte contre les financements, la lutte contre les flux logistiques et la lutte contre la propagande du Hamas. Et dans ce cadre-là, en effet, nous envisageons plusieurs désignations au niveau européen. Vous avez pu constater celles qui étaient présentées au Journal officiel français. Cet effort se poursuit avec nos partenaires européens et, également, à titre national.
Sur les garanties de sécurité et le travail que nous avons mené avec nos partenaires ukrainiens à cet égard, cela faisait partie des discussions qu’a pu avoir Mme Colonna avec son homologue, Dmytro Kuleba, hier. Comme Mme Colonna a pu le déclarer dans ses éléments à la presse, nous travaillons en vue d’une conclusion de cet accord avec les autorités ukrainiennes pour le début de l’année prochaine. Ces travaux se poursuivent. Ils portent sur différents aspects, que ce soit en termes de soutien humanitaire, de soutien à la reconstruction ou évidemment d’aide militaire dans la durée. Et vous avez entendu la détermination exprimée par Mme Colonna pour que ce soutien s’inscrive dans la durée et que nous parvenions à pouvoir conclure cet accord rapidement. Et donc ce dialogue se poursuit positivement avec nos partenaires ukrainiens.
Q - La semaine dernière, le président du gouvernement espagnol, avec le Premier ministre belge, se sont déplacés en Israël et puis à la frontière de l’Égypte. Là, Pedro Sanchez a dit son intention de pousser, à l’intérieur de l’Union européenne, pour une reconnaissance de la Palestine. Il a dit que s’il n’arrivait pas à le faire, il envisageait une reconnaissance unilatérale de la part de l’Espagne. Qu’est-ce que vous avez à dire concernant cette idée ? Qu’est-ce que vous pensez de la proposition d’une reconnaissance par l’ensemble de l’Union européenne ? Est-ce que vous seriez disposés aussi à aller plus loin s’il n’y a pas un accord unanime à l’intérieur des 27 ?
R - S’agissant des perspectives politiques, vous savez que c’est le troisième pilier de l’Initiative pour la paix et la sécurité pour tous développée par le Président de la République. Le Président de la République a appelé à un effort décisif en la matière. Et donc c’est bien dans ce sens-là qu’il faut entendre notre volonté de contribuer à une perspective politique, à sa restauration dans la région, dont nous estimons qu’elle est aujourd’hui la seule solution viable - la solution à deux États - pour répondre à la fois aux demandes légitimes des Israéliens à vivre en paix et en sécurité et, du côté palestinien, aspiration toute aussi légitime à disposer d’un État indépendant, vivant en paix et en sécurité à côté d’Israël. Ce qui nous importe, c’est que nous puissions relancer une logique de négociation et il est bien entendu qu’une reconnaissance de la Palestine ne pourrait s’entendre que dans ce cadre-là.
Q - Je reste dans le même cadre, sur le conflit israélo-palestinien. Vous avez rappelé, Madame Legendre, que la France maintient sa position et continue effectivement de réclamer une solution à deux États, donc un État palestinien et un État israélien. Cette position historique de la France date de depuis le général de Gaulle, Pompidou, Giscard d’Estaing, François Mitterrand, Jacques Chirac, Sarkozy, François Hollande, et maintenant avec M. Macron. Vu du monde arabe, quand on voit les analyses, les comptes rendus de presse et certains experts… Ils pensent que la position de la France… et là c’est dans le cadre, toujours, de la condamnation, qu’elle peut user effectivement de son poids au sein du Conseil de sécurité de l’ONU pour stopper net par exemple, ou proposer une résolution pour stopper les colonisations, notamment en Cisjordanie.
Deuxième question en lien avec ce conflit : aujourd’hui aussi, les relations franco-arabes sont mises à mal au regard effectivement du poids de la rue. Aujourd’hui, les peuples arabes ne peuvent plus soutenir, continuer à soutenir effectivement cette chimère, qui continue effectivement à soutenir l’idée de deux États alors qu’il n’en est rien pour le moment.
Et troisième question, est ce que la diplomatie française, aujourd’hui, on voit qu’elle a moins de poids, notamment dans les négociations entre Israéliens et Palestiniens pour libérer les otages, il y a d’abord les États-Unis et le Qatar, qui ont pesé effectivement dans ces échanges avec la partie palestinienne.
R - Vous êtes revenu sur notre position historique. Cette position, c’est la nôtre. Le Président de la République l’a rappelé. D’ailleurs, lors de sa conférence de presse en Suisse il y a maintenant dix jours, il a rappelé la constance de cette position.
Vous parlez d’exercer notre poids, je crois que nous l’avons fait. Vous avez pu constater que la France était à la manœuvre depuis le début de cette crise dans toute une série d’enceintes internationales : nous nous sommes joints aux efforts des Émirats, notamment au Conseil de sécurité des Nations unies ; nous avons soutenu la première résolution brésilienne, dont nous avons regretté qu’elle ne puisse être adoptée ; nous avons ensuite soutenu la résolution qui a enfin été adoptée au Conseil de sécurité ; et entre les deux, nous avions travaillé avec nos partenaires, notamment jordaniens et les autres États qui se sont joints à cette résolution au sein de l’Assemblée générale des Nations unies. Donc nous utilisons tous les leviers qui sont à notre disposition, en partenariat avec nos partenaires diplomatiques, pour travailler à la résolution de cette crise sur les bases que j’ai rappelées et qui ont été posées par le Président de la République.
Je crois que cela est bien compris de nos partenaires arabes, je rappelais en introduction la totalité des échanges extrêmement réguliers que nous avons et que la Ministre a, à son niveau, avec ses partenaires de la région, qu’elle a eu encore lundi avec eux, à l’occasion de cette ministérielle de l’UpM, qu’elle a eu par ailleurs à de très nombreuses reprises par voie téléphonique, encore ces derniers jours. Ces relations sont notamment celles que nous utilisons aussi pour faire valoir nos positions dans le cadre des négociations sur les otages. Vous le savez, le Président de la République, la Ministre, d’autres membres du gouvernement, mais aussi tous les services de l’État, ont très largement contribué à ces discussions ces derniers jours, qui ont permis notamment la libération des trois enfants otages, il y a deux jours. Et nous continuerons évidemment à jouer ce rôle auprès de nos partenaires et en coordination étroite avec eux.
Donc je crois que ces points sont bien entendus de la part de nos partenaires arabes. Vous avez évoqué, évidemment, l’émotion très forte suscitée dans le monde arabe par la crise actuelle. Je crois que nous avons aussi fait passer nos messages très clairement, et nous comprenons évidemment l’émotion suscitée par les terribles images qui viennent de Gaza. Nous avons aussi marqué très clairement à ce sujet quelle était notre position ; vous le savez, le Président s’est exprimé à ce sujet, et ses réactions ont d’ailleurs été relevées, je le crois.
Q - Qu’en est-il de la Conférence de Bagdad qui devait se tenir le 30 novembre pour la 3ème édition d’un format lancé par la France ? Est-ce qu’il est inenvisageable de la tenir dans ce contexte régional, l’actuel contexte ? Et est-ce qu’elle a été officiellement reportée ?
R - Nous travaillons toujours avec l’Irak à la tenue d’une 3ème conférence en format dit de Bagdad. En effet, elle ne se tiendra pas le 30 novembre, comme il avait pu être initialement envisagé, mais le dialogue se poursuit avec les autorités irakiennes pour continuer à contribuer à l’objectif qui était le nôtre de contribuer à la stabilité régionale, notamment par le biais de projets bénéficiant à la fois à la stabilité et à la souveraineté de l’Irak, ainsi qu’à des coopérations créant davantage de stabilité dans la région.
Q - Est- ce que vous pouvez nous donner quelques indications supplémentaires, à propos de la lutte anti-terroriste, sur les volets "lutte contre le financement" du Hamas, en particulier et "lutte contre la propagande" ? Et puis à propos des colons, à propos de la condamnation des colons, est-ce que la France serait favorable à un mécanisme de sanctions des colons qui ont, par exemple, récemment assassiné des Palestiniens en Cisjordanie, comme le suggérait le président américain ? Est-ce que la France pose cette question, notamment à ses partenaires européens ? Et quid d’un éventuel débat ?
R - Sur le premier point, comme je l’ai indiqué, la lutte contre le financement et la lutte contre la propagande sont, en effet, deux des chapitres sur lesquels nous poursuivons nos discussions avec nos partenaires européens. Ce travail, il se fait à la fois dans le cadre de l’Union européenne, mais il se fait également en dehors, par le biais de mécanismes existants, et notamment dans le cadre du mécanisme "No money for Terror", mécanisme existant en matière de lutte contre le terrorisme et de lutte contre le financement du terrorisme, et que nous souhaitons activer sur les questions du financement du Hamas.
S’agissant de la propagande, ce sujet est abordé dans le cadre de l’Union européenne, et il s’agit de regarder de très près quels sont les moyens de désinformations mis en place pour répondre à la propagande terroriste du Hamas.
Vous évoquez la colonisation et les violences exercées par les colons en Cisjordanie. Comme je l’indiquais, nous avons marqué très clairement notre condamnation très ferme de ces violences et notre préoccupation face à l’accroissement de ces violences : plus de 200 Palestiniens ont perdu la vie dans des exactions commises par des colons. Nous appelons Israël à y mettre un terme, nous appelons également Israël à poursuivre les auteurs de ces exactions, et nous estimons en effet qu’il y a un rôle à jouer pour la communauté internationale pour mettre un terme à ces exactions qui sont profondément déstabilisatrices, pour la région, mais également qui sapent les perspectives de la solution à deux États. Et à cet égard, la France n’exclut aucune option.
Q - Vous parlez donc, parmi les options, des sanctions européennes ?
R - Absolument
Q - Pour prolonger sur votre réponse sur la première question de mon confrère, il y a des échéances, pour avoir, je ne sais pas, un plan coordonné pour la lutte contre la désinformation et aussi contre le financement illégal ?
R - Alors, le travail se poursuit, comme vous le savez, dans le cadre européen, donc dans le processus habituel de la discussion européenne. Ce sera très probablement un sujet abordé aussi lors du prochain Conseil des Affaires étrangères, qui permettra de faire un point sur les discussions en cours.
S’agissant de "No money for Terror", il y a, en effet, des discussions sur la possibilité de réunir cette enceinte à ce sujet, dans les semaines et les mois venir. Nous vous reviendrons sur des éléments de calendrier quand ils se préciseront.
Q - J’ai deux questions africaines pour RFI. Au Niger, le régime militaire a abrogé une loi contre les trafiquants de migrants qui avait été adoptée en 2015, dans le cadre d’un accord avec l’Union européenne pour endiguer le flux d’exilés. Est-ce que vous pouvez commenter cette décision ?
Et puis au Sénégal, 27 ONG réclament la réforme de la procédure de demande de visas, notamment français. Elles dénoncent une injustice dans le traitement des demandes entre les pays du Nord et du Sud, et surtout l’externalisation de ces demandes par les Etats et la mise en place de véritables "trafics" de rendez-vous. Quelle réponse pouvez-vous apporter ?
R - Sur le premier point, et s’agissant de la loi adoptée par les autorités nigériennes, la Commission européenne, comme vous le savez, a déjà eu l’occasion de s’exprimer à ce sujet. Je cite la Commissaire aux affaires intérieures Ylva Johansson, qui a marqué sa forte préoccupation, et notamment au vu du risque de décès de migrants que pourrait entraîner l’abrogation de cette loi de 2015. Cette loi a été en effet adoptée en 2015 par le gouvernement nigérien, sous l’autorité du président Bazoum, pour criminaliser le trafic de migrants et la traite d’êtres humains. Vous savez que ce phénomène est un véritable fléau pour les populations africaines qui en sont victimes. Donc nous ne pouvons que déplorer le démantèlement d’un dispositif qui fonctionnait et avait permis d’enrayer cette situation.
S’agissant du Sénégal et de la question des visas, le Sénégal est parmi les 15 pays au monde auquel la France délivre le plus grand nombre de visas, et le deuxième en Afrique subsaharienne - ce qui, si on le rapporte à sa population, le place en premier dans cette liste. Donc nous avons un débit de visas extrêmement élevé. Il y a eu des pics d’activité auxquels nous devons faire face, notamment à l’occasion de la campagne étudiante, qui crée des très fortes tensions sur nos services des visas, dont nous travaillons à régler les délais de traitement. Tous nos efforts visent à travailler à fluidifier ces délais de traitement des dossiers.
Mais plus généralement, je tiens à rappeler que les questions de visas, évidemment, relèvent d’une compétence européenne. Vous savez que nous avons, par ailleurs, dans ce cadre-là, mis en place un processus d’externalisation des demandes de visas - c’est le cas au Sénégal -, et que nous travaillons avec les autorités sénégalaises à lutter contre les trafics de rendez-vous par le biais d’acteurs criminels, qui tentent de détourner l’objet de cette externalisation, et évidemment au détriment des demandeurs de visas. Donc ce sont des messages que nous passons à la fois aux demandeurs, pour les alerter sur ce trafic, sur la nécessité d’être très vigilant, et sur lequel nous travaillons avec les autorités, notamment sénégalaises.
Q - Sur la négociation entre l’Union européenne et le Mercosur pour aboutir à un accord de libre-échange, la Commission européenne a dit qu’on est très près de l’accord, c’est la même vision que la présidence espagnole du Conseil. Est-ce que la France s’oppose toujours fermement, comme elle l’avait fait, à la conclusion de cet accord ? Est-ce qu’il y a des points de blocage ? Est-ce que la France serait disposée, disons, à bloquer un éventuel accord qui, par certains, pourrait être annoncé dans les prochains jours ?
R - Je ne reprendrai pas votre qualification de notre position. Cet accord, vous savez qu’il est en négociation depuis plus de vingt ans, désormais ; donc c’est évidemment le rôle de la Commission que de travailler à trouver des solutions pour avancer vers la conclusion d’un accord qui a pris tant de temps de négociation.
S’agissant de la position de la France, et comme l’a rappelé le Président de la République très clairement, nous avons des exigences qui sont rappelées et exprimées, qui l’ont été par la France, à la Commission, depuis 2019, et qui n’ont pas changé, à cet égard. Je rappelle ces exigences, qui sont notamment au nombre de trois : le respect des règlements qui s’appliquent à la déforestation, le respect effectif de l’Accord de Paris sur le climat, et le respect en droit et en fait des normes sanitaires environnementales de l’Union européenne pour tous les produits agroalimentaires importés. Dans le cadre des négociations en cours et de nos efforts en vue de la COP28, ces exigences restent évidemment les mêmes. Et nous comprenons que la Commission travaille à obtenir ces garanties de la part de nos partenaires du Mercosur. Nous attendons de voir les résultats qui sortiront de ces discussions.
Q - J’ai une question sur l’Ukraine. Le côté ukrainien continue à subir, effectivement, des attaques répétées à coup de drones. Toute la partie du Donbass est quasiment, aujourd’hui, elle est grignotée. Et M. Zelensky continue à entretenir, effectivement, qu’il y a, en quelque sorte, une espèce de… comment dirais-je… On a délaissé l’Ukraine dans cette parenthèse, dans le conflit israélo-palestinien. Est-ce que la France continue à fournir des armes demandées par l’Ukraine ? Et est-ce que l’Union européenne est en capacité, aujourd’hui, encore davantage, de soutenir effectivement l’Ukraine dans sa lutte contre l’agression russe ?
R - Je peux vous indiquer et vous rassurer que les évènements en cours, notamment au Proche-Orient, ne nous détournent aucunement de notre soutien à l’Ukraine et du soutien, qu’avec nos partenaires internationaux, nous comptons apporter à l’Ukraine dans la durée. Je crois que c’est le point qu’il s’agit de souligner. Nous savions que la contre-offensive lancée par l’Ukraine serait difficile ; cela a été souligné par les autorités ukrainiennes elles-mêmes. Nous avons noté, et le ministre des armées le rappelait dans ses récentes interventions, la capacité qu’ont eue les Ukrainiens à relancer une offensive sur le Dniepr et les succès qu’ils ont pu rencontrer à cette occasion.
De notre côté, nous avons réaffirmé, à tous les niveaux, puisque c’était aussi le message passé par le Conseil européen de manière très claire, que notre soutien était inébranlable, à l’indépendance, à l’intégrité territoriale de l’Ukraine, et que nous continuerons dans ce cadre-là à lui apporter notre soutien. Ce soutien, il se traduit notamment en matière militaire. Le ministre des armées a annoncé, il y a quelques semaines désormais, l’accroissement de notre aide en la matière, avec 200 millions d’euros. Nos engagements européens se poursuivent. Se posait notamment la question des munitions ; et nous sommes optimistes sur la capacité de l’Union européenne à répondre et à respecter ses engagements vis-à-vis de l’Ukraine en la matière. Vous savez quel a été le rôle de la France pour accroître les capacités de production des industries de défense, industries de défense européennes, mais également industries de défense ukrainiennes. C’était tout l’objectif de la visite de Sébastien Lecornu à Kiev, il y a quelques semaines. Donc voilà la ligne qui est la nôtre, et que la Ministre a encore une fois rappelé très clairement hier, à l’occasion de la ministérielle de l’OTAN, qui a conclu également à la nécessité de poursuivre ce soutien collectivement à l’Ukraine.
Q - Sur l’Ukraine, puisqu’on en parle, comment se fait-il en fait que M. Lavrov ait été autorisé, finalement, par dérogation, à participer à cette conférence de l’OSCE, en survolant la Bulgarie puis en étant accueilli en Macédoine ? Comment on explique ça ? Est-ce qu’il n’y a pas un petit risque de craquellement, on va dire, du cordon sanitaire et de l’isolement russe à cette occasion ?
R - La Russie est toujours membre de cette organisation, comme elle l’est d’autres organisations à laquelle elle participe. Donc il n’y a évidemment aucun contact prévu, et je ne crois pas qu’il faille en tirer de conclusions. Je crois que la présence physique de M. Lavrov ne suffit pas à signifier une sortie de l’isolement de la Russie. On peut au contraire constater, lors des réunions de l’OSCE, que la très vaste majorité de ses membres constate et condamne l’agression illégale de la Russie.