Q&R - Point de presse live (28 mai 2025)
Q - Ma première question concerne l’Ukraine. Le Président, il y a deux jours, a menacé d’imposer de nouvelles sanctions et a parlé de sanctions énormes. Pourriez-vous élaborer un peu plus sur ce que pourraient être ces sanctions énormes ? Et parle-t-on de sanctions européennes et américaines ?
Sur Gaza, est-ce que vous avez des commentaires sur les images de distribution d’aide à Gaza par Israël et les Américains, qui ont été vraiment comparées à une situation de fiasco, chaos total, des experts qui parlent de pratiques qui ressemblent à de la propagande plus que l’aide humanitaire ?
Et une deuxième question aussi sur Israël. Selon un article de Haaretz, Netanyahou a menacé la France et la Grande-Bretagne d’annexer la Cisjordanie au cas où la France reconnaît l’État palestinien.
R - Sur la première question qui traitait de l’Ukraine, l’idée exprimée par le Président de la République s’inscrit dans une logique d’accroissement de la pression sur la Russie pour que s’engage un cessez-le-feu qui permette ensuite d’aborder des négociations pour un accord de paix stable et durable. L’idée du Président de la République, c’est qu’il faut que ces sanctions soient mises en œuvre, mais surtout qu’elles soient suffisamment dissuasives pour permettre d’avoir la paix. Et je note que le président américain ne dit pas autre chose, et l’impatience qu’il manifeste ces derniers jours s’inscrit dans cette logique. Donc l’indignation du président Trump, en fait nous la partageons, puisqu’il faut que nous arrivions à traduire cela dans une capacité conjointe, américaine et européenne, de faire pression sur la Russie avec un paquet de sanctions fort - et je reviendrai ultérieurement, quand les discussions seront terminées, sur le détail de ces mesures. L’idée, c’est surtout d’avoir un paquet de sanctions qui soit suffisamment dissuasif pour amener le président russe à : un, un cessez-le-feu ; et deux, des négociations de paix. Les détails, je ne les ai pas, encore une fois.
Q - (inaudible).
R - Le Conseil affaires étrangères a adopté le 17e paquet il y a peu de temps. Sur ces 17 paquets, vous avez beaucoup d’exemples de ce qui peut être fait en matière de circulation des personnes, en matière économique. Il y a beaucoup de possibilités. Mais encore une fois, les discussions sont ouvertes et sont en cours, donc je reviendrai vers vous sur le sujet.
Sur votre deuxième question, sur les images de distribution de l’aide, elles correspondent malheureusement à ce qu’on a toujours dit, à savoir que la situation sur le terrain est absolument abominable. La population gazaouie est dans une situation atroce de dénuement extrêmement fort, et il faut que l’aide humanitaire puisse rentrer de manière libre et massive. Les images sont la traduction d’une aide humanitaire qui n’est pas suffisante. La France l’a dit à plusieurs reprises, il faut que l’aide humanitaire puisse rentrer de manière libre et massive dans la bande de Gaza. Voilà un peu ce que ces images inspirent.
Et la dernière chose, la position de la France est connue sur les Territoires palestiniens, que ce soit la Cisjordanie ou que ce soit la bande de Gaza. On a toujours condamné toute tentative de colonisation ou toute tentative d’annexion. Je ne peux que vous redire la position de la France que vous connaissez très bien, et le Ministre l’a rappelée encore dernièrement : nous sommes fermement opposés à toute tentative d’annexion, que ce soit de la Cisjordanie ou de Gaza.
Q - J’ai quelques petites questions. D’abord sur la conférence en juin, est-ce que vous avez déjà une liste, en tout cas les dirigeants qui ont déjà confirmé leur arrivée, surtout la question de M. Mahmoud Abbas ? Est-ce que vous pourriez aussi donner quelques détails ? J’imagine que vous êtes aussi impliqué dans la conférence du 12 au 14 juin à Paris avec la société civile…
Et une petite question aussi sur la Syrie et la levée des sanctions. Je comprends que toutes les sanctions ont été levées, sauf les sanctions liées à la sécurité. Qu’est-ce que ça veut dire exactement ? Peut-être que je suis bête, mais je ne comprends pas ce que sont les sanctions liées à la sécurité.
R - Sur la conférence, en fait, je ne peux pas vous donner de liste à ce stade parce que, comme vous le savez, c’est une conférence qui est organisée par les Nations unies. Donc ce sont les Nations unies qui s’occupent du secrétariat de la conférence. Je ne peux pas vous dire à ce stade qui participera ou qui ne participera pas.
Q - Et vous ne savez pas si M. Mahmoud Abbas sera là ou pas ?
R - Non, je ne peux pas vous le confirmer.
Sur votre deuxième question, la levée des sanctions sur la Syrie, la logique qui a été la logique de l’Union européenne depuis le début est une levée graduelle des sanctions en se concentrant sur les sanctions qui doivent permettre à l’économie syrienne de redémarrer, à l’aide humanitaire de revenir en Syrie. Il y a eu deux séries de levées de sanctions au niveau de l’Union européenne. Il reste encore des sanctions qui pèsent, et on pourra vous donner les détails de celles qui restent encore en vigueur. Celles qui restent certainement en vigueur, ce sont celles qui concernent les responsables de l’ancien régime, donc le clan Assad. Ça, ce sont des sanctions qui n’ont pas bougé. Dans le détail, on pourra revenir vers vous pour vous dire quelles sont les sanctions qui demeurent.
Q - Qu’est-ce que c’est, des sanctions sécuritaires ?Je ne comprends pas les termes.
R - Dans le régime de sanctions qui avait été adopté contre la Syrie, il y avait différents types de sanctions. Des sanctions qui visaient des personnes, des sanctions qui visaient l’économie syrienne et des sanctions dites sécuritaires.
Q - Je demandais aussi sur la conférence de 12 au 14 juin.
R - Sur la conférence en amont ? Nous reviendrons vers vous avec des détails.
Q - L’Irlande travaille sur un projet de loi qui viserait à interdire l’importation de marchandises issues de colonies israéliennes, qui sont illégales pour les Nations unies. Est-ce que la France pourrait être inspirée par cette annonce et pourrait annoncer des mesures similaires, même si une telle interdiction reste très symbolique et avec un impact économique très minime, dans le cas de l’Irlande ? Et quelles seront les mesures concrètes dont vous avez parlé la semaine dernière, que vous allez prendre contre le gouvernement israélien ?
R - La ligne qui est soutenue à Paris, c’est celle que je vous détaillais la semaine dernière, à savoir qu’il y a eu une discussion au niveau des 27 États membres, puisqu’il s’agit de questions que nous devons évoquer avec nos partenaires européens. La ligne qui a été retenue et qui a été soutenue par la France, c’est une réouverture, un réexamen de l’accord d’association entre l’Union européenne et Israël. Cet accord d’association, si on le lit, on constate qu’il y a plusieurs types de mesures. Il y a des mesures en termes de dialogue politique, des mesures en termes de coopération, mais aussi des mesures en matière commerciale. La discussion est donc ouverte, je ne peux pas vous donner le point d’atterrissage et là où ça ira, mais en tout cas, la discussion est ouverte pour une revue de cet accord d’association. Pour ce qui nous concerne, c’est cette ligne-là qu’on tient.
Q - S’il vous plaît, je veux revenir avec vous sur la question de l’Ukraine. Que pensez-vous de la proposition de M. Zelensky d’une rencontre trilatérale avec les présidents russe et américain ? Y a-t-il une coordination avec l’Europe ? Surtout qu’on vient d’entendre M. Peskov qui dit qu’une telle rencontre peut avoir lieu s’il y a un accord.
R - Le premier point, c’est que depuis le début, la France, avec ses partenaires européens, a toujours prôné une approche d’ouverture et de dialogue qui doit permettre de mener un accord de paix. C’est un postulat sur lequel nous n’avons jamais varié. Nous l’avons exercé, nous avons un dialogue constant avec les Ukrainiens, nous avons un dialogue avec les Américains sur le sujet. Donc de ce côté-là, il y a une ouverture qui demeure. Ce qu’on note, malheureusement, c’est que du côté russe, en revanche, il y a beaucoup d’annonces, mais qui ne se traduisent pas dans les faits. Il y a eu une proposition de Volodymyr Zelensky, au président Poutine, de se rendre en Turquie pour discuter, justement, et avoir un début de discussion sous les auspices du président turc. Le président russe n’est pas venu. On constate quand même de manière régulière que les annonces de Moscou, c’est très bien, mais qu’en général, ça ne se traduit pas dans des faits. Donc là, il y a des nouvelles déclarations de M. Peskov. Je ne sais pas trop quoi vous dire, dans la mesure où cela correspond à une tactique russe de gagner du temps, et nous avons des doutes sur la bonne foi et la réelle volonté des Russes de discuter ce point-là, encore une fois parce que les dernières semaines nous ont montré que les déclarations n’étaient pas suivies d’effets.
Q - C’est la même question, à propos de Zelensky, parce que c’est un format de rencontre trilatéral. Est-ce qu’on peut considérer que ce format met de côté l’Union européenne ? À votre avis, cette initiative peut-elle vraiment aboutir sans la participation directe de l’Union européenne ?
R - Ce qui est certain, c’est qu’en complément de ce que je viens de dire, à savoir que les Européens avaient toujours une posture ouverte en termes de négociations et avaient toujours fait preuve d’une disponibilité à discuter, dans le même temps, nous avons toujours indiqué que la guerre d’agression que mène la Russie contre l’Ukraine est aussi un problème européen, c’est un problème de sécurité pour le continent européen, et que les discussions qui devront s’engager sur la conclusion d’un plan de paix devront inclure les Européens. C’est un point important. Donc nous verrons , et encore une fois, je reviens à ce que je vous disais :c’est une proposition, mais il faudra voir si elle est suivie d’effets.
Q - Vous pouvez juste répéter, s’il vous plait, sur la question ? Et si l’Europe reste loin de cette affaire, comment vous allez… ?
R - Ce que je veux dire, c’est que l’Europe ne restera pas loin, parce que l’Europe de toute façon est en lien extrêmement étroit avec l’Ukraine. L’Europe appuie l’Ukraine et l’Europe fait tout pour que l’Ukraine puisse obtenir une paix durable. Donc nous ne serons pas loin.
Q - À propos des deux otages français en Iran, j’ai remarqué que depuis quelques temps, quelques décennies même, en comparant avec les autres pays membres de l’Union européenne, la France a eu toujours beaucoup plus de problèmes avec l’Iran que les autres pays.
Deuxième chose, il y a Mme Esfandiari qui est en prison en France depuis quelques mois, sans être jugée et sans savoir pourquoi.
Et dernière chose, est-ce que la France est au courant du contenu des négociations à Rome ? Et en plus, pourquoi cette ville et pas les autres villes comme Bruxelles par exemple ?
R - Sur votre première question, je vous invite à demander aux autorités iraniennes. C’est une politique de la République islamique d’Iran. Alors, pourquoi il y a plus de Français que d’autres ? Je ne peux pas vous répondre. C’est une politique qui s’inscrit dans une logique totalement arbitraire. Donc, peut-être que si vous demandez aux autorités iraniennes, elles auront une réponse à vous donner à la question de savoir pourquoi il y a plus de Français.
Sur votre deuxième question, sur le cas de cette iranienne, effectivement, elle a été arrêtée, mais elle est dans un cadre judiciaire clair et défini, donc je ne commenterai pas une procédure judiciaire en cours, .
Et enfin, la question de savoir pourquoi est-ce que les négociations sur le nucléaire iranien se tiennent à Rome, je n’ai pas d’explication, je ne sais pas pourquoi ça se tient à Rome, mais je constate effectivement, comme vous, que les cycles de négociations, que ce soit entre les Iraniens et les Européens, ou que ce soit entre les Américains et les Iraniens, se tiennent à Rome.
Q - Est-ce que la France est au courant du contenu des négociations ?
R - Il y a, sur les négociations, de toute façon, des cycles, des sessions de négociations, il y a eu la semaine dernière une session de négociation entre Américains et Iraniens. Il y a eu, le vendredi d’avant, une session de négociation entre Européens et Iraniens. Et bien évidemment, la coordination entre Européens et Américains se fait.