Q&R - Point de presse live (26 septembre 2023)
Q - J’ai une question concernant le Niger, et plus précisément l’ambassadeur. Dimanche soir, il était question qu’il rentre très prochainement, en tout cas dans les toutes prochaines heures, en France. Est-il toujours à Niamey ? Qu’est-ce qui bloque son retour ? Et est-ce que le soutien de la France concernant le président Bazoum est toujours le même ? Est-ce qu’il y a des discussions sur comment sortir éventuellement le président Bazoum, qui est toujours retenu par les militaires au Niger ?
R - Comme vous le savez, je vous renvoie aux propos du Président de la République tenus dimanche soir. L’annonce qui a été faite par le Président de la République intervenait après un appel que le Président de la République avait passé au président Bazoum, qui est le seul président démocratiquement élu du Niger et le seul dirigeant à cet égard reconnu par la communauté internationale. Nous poursuivons nos efforts, en soutien à la CEDEAO, pour obtenir le rétablissement de l’ordre constitutionnel au Niger et la libération du président Bazoum. Cela reste une priorité, et nos contacts se poursuivent à cet égard. S’agissant de l’ambassadeur, je vous renvoie aux déclarations qu’a faites le Président de la République. Nous n’avons évidemment pas de commentaire à faire sur les modalités de ce retour à Paris.
Q - Est-ce que l’ambassadeur est toujours sur place ?
R - Pas plus de commentaire à faire sur la question.
Q - Pardon, je voudrais juste continuer sur ce sujet. Quelles sont les conditions à l’ambassade de France à Niamey ? Est-ce qu’il y a l’alimentation, l’eau, l’électricité ? Et combien de personnels diplomatiques sont à l’ambassade ?
R - Nous ne donnons pas le chiffre du personnel diplomatique de l’ambassade. Le Président de la République l’a indiqué dans son intervention, le rappel concernera l’ambassadeur et d’autres personnels diplomatiques de notre ambassade au Niger. S’agissant des conditions, le Président de la République lui-même a signalé à quel point ces conditions étaient dégradées et qu’il ne s’agissait pas, pour nous, d’être pris en otage des putschistes. Nous examinerons, après le retour de l’ambassadeur, les modalités exactes du fonctionnement de notre ambassade sur place.
Q - Sur le redéploiement des troupes françaises, est-ce qu’elles vont rentrer en France, ou bien pourraient-elles être déployées ailleurs, notamment au Tchad ?
R - Je ne suis pas compétente pour répondre sur les questions touchant aux troupes françaises. Je vous renverrais aux propos du Président de la République, qui a indiqué cette décision, qui a été prise après cet appel avec le président Bazoum, de retrait de nos forces au Niger ; un retrait qui s’effectuera dans le bon ordre, comme il l’a indiqué, et dans un délai qui interviendra, comme il l’a indiqué, avant la fin de l’année 2023. S’agissant des modalités opérationnelles, je vous renvoie évidemment vers le ministère des Armées.
Q - Une question sur le Niger : est-ce que c’était à la demande du président Bazoum que la France a pris la décision du retrait de ses troupes au Niger ? Parce que le Président de la République avait indiqué au G20 qu’un éventuel redéploiement militaire français au Niger ne se ferait qu’avec la demande du président Bazoum.
R - Je vous renvoie à ce que je viens de vous indiquer : cette décision de la Présidence de la République, comme indiqué par le président Macron, est effectivement intervenue après un appel entre les deux présidents.
Q - La France a déclaré à plusieurs reprises qu’elle ne se retirerait pas diplomatiquement ou militairement du Niger avant d’inverser cette décision. Selon le Quai d’Orsay, laquelle de ces décisions a été la plus sage ou prévoyante ?
R - Je ne comprends pas cette question. Je crois que je viens de répondre sur la question du retrait de nos troupes comme du rappel de notre ambassadeur, qui a été expliqué très clairement par le Président de la République dans son intervention dimanche soir, et qui fait suite à ses échanges qu’il a pu avoir avec le président Bazoum comme avec d’autres partenaires.
Q - Donc c’est une décision de l’Élysée ?
R - Je crois que je viens très clairement de répondre à votre question, merci.
Q - J’ai une question concernant la crise dans le Haut-Karabakh. L’Arménie s’apprête à accueillir l’exode de probablement plusieurs dizaines de milliers de réfugiés, est-ce que la France a prévu de l’aider ?
R - Merci pour votre question qui porte sur cette situation extrêmement préoccupante du Haut-Karabakh. Vous avez entendu le Président de la République utiliser des mots très forts. Il a souligné combien les droits des populations arméniennes du Haut-Karabakh étaient aujourd’hui bafoués suite, vous le savez, à un blocage de l’accès humanitaire qui a duré, en violation du droit international, pendant plus de neuf mois, et suite à une offensive illégale menée par l’Azerbaïdjan, le 19 septembre, qui a d’ailleurs fait des victimes civiles.
Aujourd’hui nous constatons avec beaucoup de préoccupation un départ massif des populations arméniennes du Haut-Karabakh qui s’effectue d’ailleurs sous l’œil complice de la Russie. Nous tenons, à cet égard, pleinement responsable l’Azerbaïdjan du sort de ces populations arméniennes du Haut-Karabakh. Vous savez que la France a appelé à la tenue d’une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU, la semaine dernière, à laquelle la Ministre, Mme Colonna, assistait, et lors de laquelle elle a insisté sur la nécessité de respecter le droit des populations arméniennes du Haut-Karabakh et le rétablissement immédiat et sans entrave de l’accès humanitaire, notamment par le biais du corridor de Latchine comme le prévoit la CIJ. À cet égard, la France apporte son soutien à l’Arménie. Vous savez que nous l’avons déjà fait, nous avons déjà annoncé une aide humanitaire additionnelle apportée à l’Arménie qui se monte aujourd’hui à 3 millions d’euros. La Ministre a exprimé, hier soir, notre souhait de pouvoir accompagner l’Arménie aujourd’hui avec une aide supplémentaire.
La France se tient prête à aider l’Arménie et à lui envoyer une aide médicale et des équipements d’urgence et nous étudions comment pouvoir accompagner plus encore l’Arménie face à cette situation de départs massifs de la population arménienne du Haut-Karabakh.
Q - Deux questions s’il vous plaît, d’abord une question sur le Niger et une question générale.
Après le retrait des forces, lorsque cela sera fait, est-ce que la France a l’intention de revoir sa politique de déploiement des soldats en Afrique, en général ? Et la deuxième question, sur le Maroc : après le refus des Marocains d’avoir l’aide humanitaire de la France et après l’aide d’urgence, il y aura la phase de reconstruction, est-ce que vous êtes en contact avec les autorités marocaines ? Est-ce que vous avez proposé quelque chose, à part ces 5 millions que vous avez dit donner aux ONG, si je ne me trompe pas ?
R - Merci beaucoup pour ces deux questions. Sur la première, là encore le Président de la République s’est exprimé sur la poursuite notamment de notre action en matière de contre-terrorisme en Afrique. Il a indiqué que nous étions prêts, et nous continuerons d’être engagés partout où les États africains nous demandent de la coopération, avec un agenda clair, et que nous le ferions et que nous le faisons qu’à la demande des pouvoirs démocratiquement élus et des autorités régionales. S’agissant du Maroc, je vous renvoie aux propos que nous avons déjà tenus, il y a évidemment une très forte émotion, une très forte solidarité qui se sont manifestées en France, de toutes parts, face à la catastrophe qui a touché le Maroc. Les contacts entre nos autorités ont été constants ; vous savez que le Président avait eu l’occasion de s’entretenir longuement avec le Roi ; il a eu l’occasion d’échanger avec lui par courrier, notamment. La Ministre a longuement échangé également avec son homologue.
À cet égard, nous avons apporté par le biais d’un fonds de soutien aux ONG de 5 millions d’euros, une aide qui permet de répondre à la situation d’urgence à laquelle fait face aujourd’hui le Maroc. Nous avons, par ailleurs, manifesté notre disposition à pouvoir aider sur le moyen terme et le plus long terme le Maroc face aux défis auxquels ce pays fera face, en termes de reconstruction, après le séisme . Nous sommes toujours disposés à le faire et notre solidarité avec le Maroc est entière.
Q - J’ai également une question sur le Haut-Karabakh. Il y a une réunion qui était en cours ce matin à Bruxelles sur le sujet : est-ce qu’on peut en savoir un peu plus ? Il s’agit d’une réunion a priori qui prépare une rencontre à Grenade début octobre, mais est-ce qu’on peut savoir ce qu’il s’y dit ? Et est-ce que l’Union européenne envisage des sanctions contre Bakou, sachant que le France a laissé entendre qu’il y avait un risque que le conflit atteigne l’Arménie ? Donc est-il question de sanctions, éventuellement, pour faire pression sur Bakou ?
R - Outre la question du respect des droits et des garanties qui doivent être apportées à la population arménienne du Haut-Karabakh, nous avons en effet exprimé également notre grande vigilance. S’agissant de l’intégrité territoriale de l’Arménie, le Président de la République et la Ministre se sont exprimés à cet égard. S’agissant de la position européenne, elle est claire, elle a été exprimée par des condamnations de l’offensive du 19 septembre, par le rappel de notre attachement au respect des droits de ces populations, comme de l’accès humanitaire sans entrave par le corridor de Latchine. Elle a été exprimée notamment par la voix de Josep Borrell au Conseil de sécurité, la semaine dernière. Les consultations se poursuivent avec nos partenaires européens et il est évident qu’à Grenade, nous aurons l’occasion de poursuivre ces discussions sur le Caucase, qui sont évidemment au cœur de nos préoccupations. Cela a d’ailleurs été l’objet des discussions que la Ministre a pu avoir, hier, avec son homologue italien. Je n’ai pas plus de détails sur la réunion en cours à Bruxelles et pas de confirmation à vous apporter sur une possible réunion qui pourrait faire suite à Grenade.
Q - Alors que la France se retire du Niger, l’ambassade des États-Unis et les soldats américains restent au Niger. Je voulais savoir : pensez-vous que les intérêts de la France vont continuer à être représentés par les États-Unis ? Et est-ce que le fait que les États-Unis puissent continuer à rester au Niger serait-il dû à leur approche plus pragmatique ?
R - Comme je l’ai indiqué tout à l’heure, les modalités de fonctionnement de notre ambassade, et donc de notre représentation diplomatique au Niger, seront examinées à la suite du retour de notre ambassadeur. S’agissant des États-Unis, la Ministre a eu l’occasion, à l’Assemblée générale des Nations unies, de s’entretenir avec le Secrétaire d’État Antony Blinken, comme avec d’autres partenaires, notamment de la CEDEAO. Tous ont réitéré leur soutien à la CEDEAO dans la nécessité de rétablir l’ordre constitutionnel au Niger, de même que, évidemment, l’appel pressant - qui est celui de nous tous - à la libération du président Bazoum. Je crois qu’il n’y a pas, là-dessus, de différence entre nous, et que nous continuons à soutenir la CEDEAO à cet égard, tout en constatant l’inflexibilité des putschistes dans la réponse qu’ils peuvent apporter à ces efforts.
Q - J’ai une autre question, qui concerne le Kosovo. Il y a eu une réunion hier à Bruxelles sur le sujet, mais on ne sait pas ce qui s’y est vraiment dit. Et est-ce que, là aussi, il y aurait des sanctions ou, en tout cas, des moyens de pression envisagés, puisque pour l’instant la voie diplomatique ne semble pas permettre une résolution des tensions entre les deux pays ?
R - Nous nous sommes exprimés hier sur le Kosovo. Il s’agit aujourd’hui de faire en sorte de réduire les tensions sur le terrain et de permettre un réengagement de bonne foi dans le dialogue, tel qu’il est aujourd’hui facilité par l’Union européenne. C’est la seule voie possible pour une normalisation des relations entre la Serbie et le Kosovo, et il s’agit donc de progresser. Je n’ai pas d’éléments sur la conclusion de la réunion que vous évoquez, mais je serai en mesure de pouvoir revenir vers vous à cet égard.