Q&R - Point de presse live (20 novembre 25)
Q - J’ai trois questions. Je vais revenir à la rencontre entre le ministre et son homologue iranien. Vous avez sorti un communiqué, mais il n’y a pas grand-chose, donc il y a beaucoup de questions qui se posent. Premièrement, confirmez-vous les propos du ministre iranien hier sur France 24, comme quoi l’échange de ce qu’il appelle « les prisonniers » a été conclu au niveau politique entre la France et l’Iran, reste à attendre la procédure judiciaire qui est en cours en France pour la détenue iranienne.
Deuxième question sur le nucléaire. Il me semble que les Iraniens ne voient plus un rôle important pour le groupe E3. Est-ce que vous avez fait de nouvelles propositions aux Iraniens ? Cela dans le but de reprendre les négociations.
Troisième question sur le Liban : avez-vous discuté le sujet du désarmement du Hezbollah et qu’avez-vous demandé aux Iraniens ?
R - Merci beaucoup. Il y a déjà quand même pas mal d’éléments dans cette déclaration que nous avons publiée hier. S’agissant déjà de votre première question, je l’ai déjà dit, je vais le redire donc, s’agissant d’une décision des autorités judiciaires en France, elles sont totalement indépendantes. Il y aura une décision du magistrat du siège, s’agissant du cas de Mme Esfandiari, qui vous renvoie vers l’autorité judiciaire. Et surtout, moi, ce que je voudrais vous dire, c’est l’engagement plein et entier de nos autorités politiques. Elles ont discuté à de très nombreuses reprises avec leurs homologues, soit au niveau du président de la République ou du ministre des affaires étrangères. Le ministre a eu plusieurs conversations en marge de l’AGNU, notamment, et puis également hier. Le cas de Cécile Kohler et Jacques Paris a été évoqué. Nous avons, et je voudrais vous redire tout l’engagement qui est le nôtre, non seulement qui a été par le passé pour qu’ils puissent sortir de prison, et puis désormais pour qu’ils puissent sortir d’Iran et revenir en France. Après, sur les discussions, vous comprenez que sur ces thèmes-là, nous ayons une certaine discrétion sur la nature des échanges avec nos homologues.
Deuxièmement, sur votre question concernant le Liban. Ce sujet a été évoqué dans le volet des discussions concernant les sujets régionaux. Vous savez notre souhait que, désormais, dans le cadre du cessez-le-feu du 27 novembre 2024, dont c’est le premier anniversaire aujourd’hui, le Hezbollah soit désarmé et que les forces armées libanaises puissent redescendre et faire appliquer la pleine souveraineté de l’État libanais dans le sud du Liban. Cela a donc fait partie de ces discussions, une discussion qui, sur le fond, a été très dense.
Et puis après, le troisième élément sur notre position au regard du programme nucléaire iranien. Cette question a été évidemment évoquée. Je ne vous suis pas quand vous dites que le sujet des E3 est désormais un petit peu dépassé. Je crois qu’au contraire, il est encore tout à fait d’actualité. Nous discutons en E3 de ce sujet. Depuis le début, et notamment depuis que nous avions indiqué que nous allions rétablir le snapback donc le retour à ces résolutions du Conseil de sécurité [des Nations unies] entre 2006 et 2010, nous avons toujours dit que la porte de la diplomatie et de la discussion était ouverte. Et dans notre cas, seule une solution diplomatique pourra régler définitivement la question du nucléaire iranien.
Q - (inaudible)
R - Nous avons fait état, notamment, de notre vive préoccupation sur l’état du dossier nucléaire. Nous avions notamment fait adopter au Conseil des gouverneurs de l’AIEA, la semaine dernière, le fait que le directeur général de l’AIEA puisse avoir un mandat très clair de reporting au Conseil des gouverneurs, et de pouvoir reprendre avec l’Iran ces inspections, ce qui n’est actuellement pas le cas.
Q - J’ai quelques questions. D’abord, je continue avec le sujet du Liban, s’il vous plaît. Est-ce que la France estime que le rythme et la qualité des opérations de l’armée libanais dans le sud du pays contre le Hezbollah, est-ce que c’est satisfaisant pour vous ?
Et sur le même sujet du Liban, il y avait des publications en Israël, comme quoi Paris avait demandé à Washington d’encourager Israël à mettre en place un « goodwill gesture ». Je ne sais pas comment on traduit ça en français. Notamment, de se retirer d’un des cinq points. Est-ce que vous pourriez confirmer cela ?
Et aussi sur le Liban, est-ce qu’une visite de Mme Ortagus est prévue à Paris bientôt ? Donc ça, c’était un sujet.
Est-ce que la décision du président américain sur les Frères musulmans, est-ce que ça impacte, d’une certaine façon, la position française contre ce mouvement ?
Et dernière question, c’est sur le consulat à Jérusalem, parce que le ministère en Israël a dit qu’il y avait une demande française sur la sécurité du consulat, de la renforcer. Il n’y avait pas vraiment une réponse française « on », juste des sources qui ont réagi. Est-ce que vous pourriez confirmer cela ? Et est-ce que la demande était seulement par rapport au consulat ou aussi par rapport à l’ambassade ?
R - Je vais essayer de les reprendre dans le sens montant, et si j’en oublie, vous me direz.
S’agissant du Consulat général à Jérusalem, les intimidations visant notamment nos agents, de manière générale, dans nos diverses implantations diplomatiques, sont inacceptables et nous les condamnons avec la plus grande fermeté. Cela inclut tout acte d’intimidation ou d’hostilité à l’égard de ces agents, qui ne font que leur travail. Ce sont des fonctionnaires qui assurent leur mission, dans le plein respect et sous la protection des conventions de Vienne sur les relations diplomatiques et consulaires, notamment celle de 1961. Vous le savez, le Consulat général est extrêmement mobilisé, notamment depuis le 7 octobre 2023, dans ce contexte de forte crise. Donc oui, nous appelons les autorités israéliennes à assurer la sécurité et la protection des emprises des agents diplomatiques, comme nous le faisons pour nos emprises diplomatiques avec les pays dans lesquels nous avons des relations diplomatiques.
Ensuite, sur les opérations de l’armée libanaise contre le Hezbollah, nous sommes, depuis le début de cette affaire aux côtés des Libanais, pour à la fois le renforcement des forces armées libanaises, pour qu’elles puissent assurer la souveraineté dans le cadre de la décision du gouvernement du 5 septembre dernier, et qu’elles puissent descendre dans le sud du pays, de plus en plus. Nous avons appelé Israël, et donc c’est aussi quand nous discutons de ces sujets avec nos partenaires régionaux ou dans les enceintes internationales, c’est aussi le message que nous passons, qui est qu’Israël se retire des cinq points sur lesquels ils sont encore fixés dans le sud du pays, pour être dans la pleine application de ce cessez-le-feu du 27 novembre 2024.
Sur le plan institutionnel et sécuritaire, vous le savez, l’État libanais a récemment engagé ce plan du rétablissement du monopole de l’État sur les armes, et c’est ce vers quoi nous les poussons et nous les soutenons, notamment avec nos partenaires saoudiens ou américains.
Nous sommes préoccupés par les frappes et nous condamnons toutes les frappes israéliennes qui vont tuer des civils dans le sud. Nous soutenons au maximum les forces armées libanaises dans cette situation, qui est effectivement très difficile sur le terrain.
Ensuite, la dernière question, c’était les Frères musulmans. Pardon ?
Q - Oui. Et c’était également sur la venue de l’envoyée spéciale des États-Unis, Mme Morgan Ortagus
R - Est-ce qu’elle va venir dans les prochains jours ? Pas à ma connaissance.
S’agissant de votre question pour les Frères musulmans, nous avons bien pris note de la volonté de la Maison-Blanche d’enclencher le processus de désignation de certaines branches de l’organisation comme organisations terroristes étrangères. Nous n’avons pas plus de commentaires, pour ce qui nous concerne, et notamment pour le débat public en France sur ce point.
Q - Je vais rebondir un peu sur les demandes de mes collègues. S’agissant du nucléaire iranien, est-ce que vous pouvez nous dire s’il y a eu une demande, ou en tout cas, est-ce qu’ont été formulées des modalités de reprise de dialogue ? Quelles peuvent être les exigences du côté iranien ? Est-ce que ça a été partagé avec le ministre Barrot ?
Sur le Liban, est-ce que vous avez le sentiment, en tout cas quel est votre appréciation de la situation sur le terrain ? Est-ce qu’on est au bord d’une nouvelle guerre entre le Hezbollah et Israël ? Est-ce qu’on est à ce degré de menace ou pas ? En d’autres termes, est-ce que le cessez-le-feu va tenir ?
Et par ailleurs, j’ai une question qui concerne [Laurent] Vinatier, le chercheur dont l’audience a été renvoyée à fin février. Est-ce que vous pouvez nous dire s’il y a une visite consulaire qui est prévue ? Dans quel état d’esprit se trouve le ressortissant français, dont la durée d’emprisonnement va encore durer un moment avant l’audience au fond ?
R - S’agissant de Laurent Vinatier, nous avons demandé à pouvoir procéder à une nouvelle visite consulaire. Nous sommes en attente, désormais, des autorités russes pour avoir une réponse sur celle-ci. Sachez en tout cas la pleine mobilisation de notre réseau, de notre ambassade en Russie, notamment sur ce point, pour faire respecter cette protection consulaire.
Pour revenir à la question sur le Liban, nous sommes préoccupés par la situation sur le terrain. Nous voulons faire tout pour que ce cessez-le-feu tienne.
Permettez-moi de revenir un peu sur le contexte. Depuis un an, des progrès ont été réalisés, mais les défis demeurent. Des progrès ont été réalisés sur certains points que je voudrais rappeler. D’abord, le mécanisme de surveillance donne un cadre de déconfliction. Il y a eu, depuis un an, des reprises de positions des forces armées libanaises sur le sud - pas totalement, mais il y en a eu. Il y a eu des démantèlements de sites qui étaient non autorisés. Et puis, il y a eu cet engagement de l’État libanais à rétablir un monopole sur les armes. Des défis demeurent, évidemment, la situation est très fragile. Le mécanisme continue d’observer des violations récurrentes du cessez-le-feu. L’armée israélienne continue d’occuper les cinq positions en territoire libanais. La France appelle donc à un strict respect de cet accord, à la mise en œuvre intégrale des engagements des différentes parties, à une mobilisation renouvelée des forces armées libanaises pour continuer à descendre dans le sud du pays, et à ce que le cessez-le-feu soit consolidé, et puis surtout servir d’appui, à la fois à la reconstruction de l’économie libanaise et au renforcement des forces armées libanaises.
Et pour revenir à votre première question, le nucléaire, oui, a été effectivement un des sujets de discussion par les ministres. Je vous redis, notre position, c’est que l’AIEA ait un mandat clair désormais, maintenant que le snapback a été rétabli dans le cadre de la situation post-résolution 2231. Je n’ai pas tellement plus de commentaires à faire que ce que nous en avons dit dans notre communiqué hier, à savoir établir un mandat clair pour le directeur général de l’AIEA, dire que la diplomatie est toujours ouverte dans ce cadre-là, et effectivement rappeler notre préoccupation sur la situation sur le terrain.
Q - Toujours sur le Liban, parce qu’en ce moment, il y a des raids israéliens contre des villages au Liban Sud. Le président libanais a informé la France, d’après des sources diplomatiques, que la poursuite de l’occupation israélienne de cinq points au Liban Sud et les actes hostiles de l’armée israélienne, quasi quotidien - des bombardements, etc. -, tout ça empêcherait l’armée libanaise de se déployer dans tout le Liban Sud. Quelle est votre réaction ?
Et une question sur la réunion qui devrait se tenir à Riyad pour soutenir l’armée libanaise. Y a-t-il une date précise pour la tenue de cette réunion ?
R - Cela fait effectivement partie des projets qui est d’avoir une conférence de soutien aux forces armées libanaises avec nos partenaires saoudiens. Je n’ai pas de date à vous communiquer, mais nous préparons effectivement cette conférence de soutien aux forces armées libanaises. C’est ce qui va permettre la réaffirmation du monopole de l’État libanais sur les armes, et notamment avec la perspective de la fin du mandat de la FINUL, suite au vote du Conseil de sécurité d’août dernier.
S’agissant ensuite des frappes, nous condamnons toutes les frappes qui tuent les civils et nous appelons Israël à se retirer des cinq points. Nous sommes préoccupés par cette intensification des frappes israéliennes au Liban, qui vont à l’encontre du cessez-le-feu du 27 novembre 2024. Nous appelons donc toutes les parties à respecter ce cessez-le-feu du 27 novembre dernier.
Q - Le mercredi 3 décembre prochain débute à Alger le procès en appel du journaliste Christophe Gleizes, condamné l’été dernier à sept ans de prison, et donc emprisonné, selon les propres termes de l’ambassadeur de France à Alger, sous un prétexte fallacieux. Qu’est-ce qui est prévu pour ce jour-là, du côté du gouvernement français ? Est-ce qu’il y a une mise en lumière, une action qui est prévue ce jour-là, ou autour de ce jour-là ?
R - Chaque cas est particulier, concernant nos compatriotes qui sont détenus à l’étranger. Dans le cas de Christophe Gleizes, il a été condamné à une peine qui est excessivement lourde, au printemps dernier, et nous demandons à la partie algérienne, effectivement, sa libération. Il y aura l’appel le 3 décembre prochain, et soyez assuré de notre pleine mobilisation pour qu’il puisse revenir d’Algérie dans les meilleurs délais. Je ne peux pas être tellement plus précis sur la nature de nos éléments, mais la mobilisation est à tous les niveaux, au niveau de nos autorités politiques, au niveau de nos services. Ce que l’on peut dire, sur les dernières semaines, c’est que cette mobilisation paye. Nous avons obtenu la sortie de prison de quatre Français en quatre semaines. Et si vous dézoomez un peu, une demi-douzaine en un an.