Q&R - Point de presse live (18 avril 2024)
Q - La France a affirmé qu’en intervenant pendant les attaques iraniennes contre Israël, elle a protégé ses emprises contre une menace avérée. Confirmez-vous que la France n’a pas contribué à défendre des territoires israéliens, sachant que le Premier ministre israélien l’a remerciée pour sa présence au cours de ces attaques ?
R - La France a procédé à des interceptions de missiles et drones iraniens qui visaient initialement Israël dans la nuit de samedi à dimanche, à la demande de la Jordanie. Nous avons une base aérienne en Jordanie et l’espace aérien jordanien a été violé par ces tirs. C’est ce qu’a indiqué le Président de la République et donc je reprends ses termes. Nous sommes par ailleurs attachés à la sécurité d’Israël mais, en l’espèce, ces interceptions de missiles et de drones se sont faites à la demande de la Jordanie, dont l’espace aérien a été violé.
Q - Suite aux événements du samedi 13 avril, d’après vous, pour l’Occident, quel acte est le plus grave : bombarder un consulat ou la réaction du pays concerné ?
R - Cette question pourrait appeler de longs développements. Dans le cas des frappes qui ont eu lieu dans la nuit du 13 au 14 avril, c’est l’Iran qui a décidé de frapper Israël, de manière inédite. Donc, comme nous l’avons dit à plusieurs reprises, il faut à la fois être aux côtés d’Israël pour assurer sa protection et en même temps - et c’est ce que le Ministre a dit depuis ces attaques, c’est ce que le Président de la République a dit depuis ces attaques - il faut appeler à la désescalade et à la retenue. Il faut avant tout éviter qu’à chaque étape un nouveau seuil soit franchi. L’objectif c’est d’arriver à une désescalade dans la région. C’est le sens dans lequel les efforts sont déployés par la France actuellement. C’est le sens des propos du Président de la République et c’est le sens des propos qu’a portés le ministre de l’Europe et des affaires étrangères lors de ses déplacements dans la zone auprès de ses homologues.
Q - Sur les sorties de Gaza, nous avons connaissance de plusieurs cas, notamment des lauréats du programme PAUSE attendus au CNRS depuis le 1er février, dont les collègues ont tout organisé pour leur venue et celle de leurs familles, et dont le nom ne figure toujours pas au point de passage de Rafah. Pourquoi ces évacuations prennent-elles autant de temps, alors que ces gens sont attendus en France par un des plus grands centres de recherche français ? Et est-ce que la France agit pour ces personnes, actuellement ? Et deuxième question : que pense la France de l’entreprise Hala, cette société privée égyptienne qui fait payer des milliers de dollars en liquide aux Palestiniens qui souhaitent quitter le territoire gazaoui ?
R - Sur votre première question : la France est pleinement impliquée dans les sorties de Gaza et ce n’est pas nouveau. Les opérations de sortie de la bande de Gaza vers l’Égypte sont des opérations extrêmement complexes, qui sont réalisées dans des conditions difficiles. Ce sont des opérations qui nécessitent notamment des autorisations, tant de la part d’Israël que de la part de l’Égypte. La France - et tout particulièrement le centre de crise et de soutien du ministère de l’Europe et des affaires étrangères - s’est pleinement mobilisée, depuis le début, pour permettre à tous les ressortissants français, aux agents de l’État ainsi qu’à leurs familles de quitter la bande de Gaza s’ils le souhaitent. Dans le cadre du dispositif d’assistance mis en place par le centre de crise et de soutien, en lien avec le consulat général de France à Jérusalem, plus de 260 personnes ont pu quitter la bande de Gaza depuis le 1er novembre 2023. Nous sommes pleinement impliqués dans ces opérations, qui restent des opérations complexes. Ces opérations ne sont pas terminées. Ce sont des opérations évolutives, à savoir que nous continuerons à maintenir nos efforts pour faire sortir des personnes de la bande de Gaza. Je n’ai pas de détails très précis sur ce dont vous me parlez, c’est-à-dire des lauréats du programme PAUSE mais, en tout cas, ce qui est certain, c’est que nous comptons aller beaucoup plus loin que ces 260 personnes qui sont d’ores et déjà sorties.
Q - Pourquoi l’autorisation d’Israël est nécessaire ?
R - C’est une question à laquelle j’avais déjà répondu : il y a besoin d’une autorisation d’Israël pour la sortie de la bande de Gaza.
Q - Mais pourquoi ?
R - Parce que c’est comme ça. Il y a besoin d’une autorisation d’Israël pour la sortie de la bande de Gaza.
Q - Et sur l’entreprise ?
R - Sur votre deuxième question, je n’ai pas connaissance de cette entreprise, donc je pourrais revenir vers vous si j’ai des éléments.
Q - À part la double nationalité, c’est quasiment la seule manière de sortir de Gaza, c’est de payer. Et tous les gens qui sortent sans double nationalité - ou presque, en tout cas – sont des gens qui sont obligés de payer (inaudible).
R - Je n’ai pas d’éléments sur cette entreprise.
Q - Deux petites questions sur le Liban. Le chef de l’armée libanaise, qui est également candidat à la présidence de la République, se trouve en France, à l’invitation de son homologue français. Il s’agit bien entendu de l’aide à l’armée libanaise. Mais est-ce que vous avez quelque chose ? Vous auriez des contacts à caractère politique avec le général Joseph Aoun, pour ne pas le nommer ? Par ailleurs, le Premier ministre libanais est attendu demain, il aura un entretien avec le président Macron en mi-journée. Est-ce que sur ces deux questions, vous avez un point de vue ou ne serait-ce qu’un « plus » au niveau de l’intérêt de la France sur la situation - surtout politique - au Liban ?
R - Je n’ai pas d’éléments particuliers sur la visite de ces deux personnalités libanaises que vous mentionnez. Je peux vous redire - mais je pense que vous la connaissez aussi bien que moi - notre position sur le Liban et notre position sur les forces armées libanaises. Mais je n’ai pas de commentaires précis à faire sur les deux visites que vous signalez.
Q - J’ai une autre question qui concerne… C’était dans la foulée de la question sur le Liban. Jean-Yves Le Drian était à Washington la semaine dernière, où il a rencontré l’envoyé spécial américain pour le Liban. Je voulais savoir si vous aviez des éléments à communiquer là-dessus ? Et j’ai une autre question, qui concerne les prisonniers français détenus en Iran. Hier, leurs comités de soutien et leurs familles se sont inquiétés de leur détention, qui se prolonge alors qu’il y a de fortes tensions entre l’Iran et Israël, et ils redoutent que leurs vies soient encore plus mises en danger. Que répondez-vous à ces comités de soutien et pouvez-vous nous dire s’il y a des éléments d’avancée sur leur libération ?
R - Sur votre première question : effectivement, Jean-Yves Le Drian est le représentant personnel du Président de la République pour le Liban. Il poursuit ses efforts et ses consultations avec l’ensemble des partenaires concernés pour essayer de dégager des solutions. Je n’ai pas d’éléments, en tout cas, particuliers sur les discussions qu’il a pu avoir à Washington hier.
Sur le deuxième point, à savoir sur la question des personnes détenues en Iran, la France continue d’avoir une politique assez claire et sans faiblesse sur le sujet à l’égard de l’Iran, avec une demande très ferme que nos quatre ressortissants qui sont détenus de manière arbitraire soient libérés le plus rapidement possible.
Q - À propos des enfants gazaouis blessés soignés en France, vous avez récemment déclaré, en réponse à une de mes questions sur un point presse électronique, qu’au-delà de l’accompagnant principal, le reste de la famille proche de l’enfant est autorisé à se rendre en France dans le cadre d’une procédure de réunification dont le traitement est accéléré. Or, avec ma consœur avec laquelle je travaille pour Le Média, nous avons approché ou rencontré la plupart des accompagnants d’enfants blessés soignés en France, et aucun membre proche des familles n’a pu venir en France ni même sortir de Gaza. Les familles ne sont pas informées d’une quelconque procédure pour faciliter la venue de leurs proches, et actuellement des couples sont séparés, de très jeunes enfants dont des bébés sont privés de leur mère ou de leur père depuis des mois sans savoir quoi faire. Que doivent-ils faire pour entamer la procédure de réunification dont le traitement est accéléré et donc vous avez parlé ? Pouvez-vous s’il vous plaît identifier clairement le service en charge de faire venir ces familles ? Et allez-vous faire en sorte que les familles soient sur des listes prioritaires et/ou affréter un vol spécial pour le bien-être supérieur de ces enfants gravement blessés et soignés en France ?
R - Il y a 14 enfants, à cette heure, qui sont traités et pris en charge par des hôpitaux français. Il y a un accompagnant qui part avec eux, compte tenu des places disponibles dans les avions médicalisés, et le reste de la famille proche est autorisée à se rendre en France dans un deuxième temps, moyennant une demande. Je n’ai pas de détails complémentaires sur la procédure à suivre, mais en tout cas c’est une possibilité qui leur est offerte.
Q - Mais vous ne pouvez pas dire quel service s’occupe de ça ? Parce qu’ils ne sont pas nombreux, et on en a approché plusieurs, et ils ne savent pas quelles démarches faire pour pouvoir faire venir l’autre parent et les frères et sœurs simplement. Apparemment, cette information ne leur est pas communiquée facilement. Donc est-ce qu’il y a un service, ou quelque chose à faire, une démarche ?
R - Je vais revérifier ce point parce que je n’ai pas de détails, mais je pense que ce sont des familles qui sont en lien avec nos services consulaires. Et je pense que c’est par le biais des services consulaires que ces informations doivent pouvoir leur être données. Mais je veux bien revérifier ce point exactement.
Q - Cette procédure accélérée, est-ce que vous pouvez nous dire concrètement de quoi il s’agit ?
R - C’est ce que je vous disais, je vais revenir vers vous. Je n’ai pas de détails sur la procédure et sur la manière de l’enclencher.
Q - Le Président Emmanuel Macron a déclaré, vendredi 16 février, que la reconnaissance par la France d’un État palestinien n’était pas un tabou. Un vote devrait avoir lieu aujourd’hui à New York. La France va-t-elle soutenir le projet de résolution de l’Algérie aux Nations unies, recommandant l’admission de l’État de Palestine comme membre de l’ONU ?
R - Je vous confirme qu’effectivement, ce sont les propos du Président de la République. Et le Ministre a complété en disant que cette décision pourrait se justifier si elle était utile à la réalisation effective d’une solution à deux États. Ce qui me donne l’occasion de vous rappeler que notre position sur le sujet est connue et elle n’a pas bougé. La France considère qu’il est temps de parvenir à un règlement politique global du conflit israélo-palestinien sur la base d’une solution à deux États, la seule à même de répondre aux besoins de la sécurité d’Israël ainsi qu’aux aspirations légitimes des Palestiniens à un État. Et nous devons mettre en place les conditions nécessaires à sa réalisation. Sur le vote qui va avoir lieu dans les prochaines heures, je ne fais pas de commentaires. Nous ne faisons pas de commentaires avant le vote. Nous ferons des commentaires et nous vous donnerons une explication de vote à l’issue du vote, lorsque le vote aura eu lieu.
Q - Une question sur l’Afrique. Les présidents français et centrafricain se sont rencontrés hier à l’Élysée. Les deux dirigeants ont endossé une feuille de route pour les relations bilatérales entre la France et la Centrafrique. Pourriez-vous nous donner un peu plus de précisions sur cette feuille de route ?
Une deuxième question sur l’Ukraine. Le chancelier allemand vient d’effectuer une visite en Chine. Durant cette visite, le chancelier a déclaré, je cite, « la Chine et l’Allemagne veulent se concerter de manière intensive et positive pour promouvoir l’organisation d’une conférence de haut niveau en Suisse et d’autres conférences internationales sur la paix en Ukraine ». À ce sujet, quelle est la réaction de la France ?
R - Sur votre première question, le Président de la République a effectivement reçu son homologue centrafricain, M. Faustin-Archange Touadéra hier au palais de l’Élysée, et au cours de cet entretien, les deux chefs d’État ont passé en revue les différents aspects de la relation bilatérale ainsi que la situation régionale. Dans la continuité de leur dernière rencontre qui avait eu lieu le 13 septembre 2023, les deux dirigeants ont effectivement endossé une feuille de route bilatérale. Cette feuille de route vise à mettre en place le cadre d’un partenariat constructif, respectueux de la souveraineté de l’État, afin de contribuer à la stabilité, de renforcer une cohésion nationale aussi large que possible et d’accompagner le développement économique et social de la République centrafricaine. Un mécanisme conjoint de suivi des engagements a été également adopté par les deux dirigeants. Il y a eu un communiqué conjoint des deux présidents hier, auquel je vous renvoie volontiers.
Sur votre deuxième question, qui fait référence à la conférence de paix qui aura lieu en Suisse sur l’Ukraine, comme on l’a déjà dit, en fait, la France apporte son soutien de manière claire à toutes les initiatives respectueuses du droit international et susceptibles de concourir à une paix juste et durable pour l’Ukraine. La conférence de de paix qui sera organisée en Suisse au sujet de l’Ukraine au mois de juin nous semble aller dans le bon sens et s’inscrit complètement dans le cadre du plan de paix porté par le président Zelensky. La France y participera pleinement
Q - Vous avez rappelé que la France a intercepté les drones iraniens à la demande de la Jordanie. Je voulais savoir si Israël a également fait cette demande pour que la France intervienne et intercepte ces tirs ?
R - Comme je vous le disais, il s’agissait d’interception d’engins, de drones ou de missiles, qui survolaient l’espace aérien de la Jordanie, et nous avons répondu à l’appel de la Jordanie pour assurer la sécurité de son espace aérien.
Q - En l’espace de deux semaines, deux ambassades ont été attaquées dans le monde : celle du Mexique en Équateur, par le gouvernement équatorien qui l’a revendiqué et dit ne pas le regretter, et celle d’Iran, le consulat d’Iran à Damas par Israël, qui apparemment l’assume. Et la France n’a pas condamné explicitement les deux gouvernements, que ce soit le gouvernement d’Équateur ou le gouvernement israélien pour violation de la Convention de Vienne, même si vous avez répondu en disant que vous condamniez le principe des violations des ambassades, mais les deux gouvernements qui ont franchi cette ligne rouge de la Convention de Vienne n’ont pas été condamnés explicitement par la France, ce qui est assez incompréhensible. Est-ce que vous pouvez commenter ça ?
R - Je vous répète que sur l’Équateur, nous avons condamné toute violation de la Convention de Vienne, convention de 1961 qui régit les relations diplomatiques entre les pays et nous avons appelé au respect de celles-ci. La Convention de Vienne prévoit notamment l’inviolabilité, la protection et l’intégrité des emprises diplomatiques ainsi que de leur personnel, et que ce sont des principes fondamentaux des relations entre États. Donc je vous rappelle cette condamnation. Dans le cas de l’Iran, la situation c’est qu’il y a eu effectivement cette frappe, mais nous sommes dans une situation où il ne faut pas inverser les rôles. C’est quand même l’Iran qui a frappé Israël d’une manière inédite, et je rappelle dans ce cas notre condamnation de ces frappes.
Q - Mais en premier, ça a été Israël. Le premier à attaquer, ça a été Israël…
R - C’est difficile de rentrer dans cette logique-là. Encore une fois, il y a eu des frappes que nous avons condamné le 13 avril.