Q&R - Point de presse live (15 novembre 2024)
Q - Avez-vous des éléments sur l’entretien entre le Ministre, M. Barrot, et son homologue saoudien ? Et quels étaient les sujets qui ont été abordés pendant cet entretien ?
R - Il y avait effectivement ce matin une importante séquence du Ministre avec son homologue saoudien. Il s’agissait ce matin d’un comité mixte franco-saoudien, chargé du suivi de la coopération entre la France et l’Arabie saoudite sur le projet Al-‘Ula. Cette réunion est la deuxième réunion de ce comité dans ce format. Ce comité franco-saoudien a pour charge de suivre et de piloter la mise en œuvre de l’accord intergouvernemental de 2018 sur le projet d’Al-‘Ula. Il réunit, pour la France, le ministre de l’Europe et des affaires étrangères, le ministre de l’économie et la ministre de la culture et, pour l’Arabie saoudite, les ministres de la culture, des affaires étrangères et de l’investissement. C’est un format bilatéral interministériel, qui inclut par ailleurs le président de l’Agence française pour le développement d’Al-‘Ula et la présidente de la Commission royale saoudienne pour Al-‘Ula. Ce matin a été l’occasion pour ce comité de dresser le bilan du partenariat unique qui a été noué entre la France et l’Arabie saoudite sur ce projet et d’évoquer surtout les perspectives futures du projet. Ça a été l’occasion notamment de passer en revue les principaux projets qui sont menés dans le cadre de cette initiative globale, initiative qui mobilise pour beaucoup l’excellence et l’expertise française dans de nombreux domaines et qui aboutira à terme sur une coopération étroite en matière archéologique, avec le déploiement prévu de 120 archéologues et chercheurs français et dans le domaine culturel - avec notamment le projet d’une Villa Hegra -, mais aussi en matière d’hospitalité, de transports et d’infrastructures. Donc c’est un projet qui est global, assez transversal, qui a été évoqué ce matin dans le cadre de ce comité bilatéral, qui a pu faire le bilan de l’avancement de ce projet d’Al-‘Ula. Mais je pense que nous aurons l’occasion d’y revenir ultérieurement, lorsque ce projet aura cheminé.
Q - Est-ce qu’on peut en savoir un petit peu plus sur le fonds de dotation ? Il était question d’investissements saoudiens et d’alimenter un fonds de dotation. Est-ce qu’on a des éléments dessus, et notamment des éléments chiffrés ? À quelle hauteur les Saoudiens pourraient abonder ce fonds ?
Et j’ai une autre question concernant un ressortissant français, Victor Dupont, dont on avait appris la détention en Tunisie fin octobre, détenu depuis le 19 octobre : avez-vous des nouvelles de ce ressortissant ? A-t-on aussi les motifs de son arrestation ? Et où est-ce qu’on en est d’éventuelles discussions pour sa libération ?
R - Sur la question du fonds de dotation qui est attaché à ce projet, cela fait partie des discussions qui ont eu lieu ce matin, donc je ne peux pas vous donner de chiffres à l’heure actuelle. Mais je pense que d’ici peu nous pourrons communiquer des éléments chiffrés sur le fonds de dotation, puisque la réunion s’est terminée il y a peu.
Concernant Victor Dupont, il est sorti de prison le 12 novembre dernier et il a regagné la France aujourd’hui. Nous nous réjouissons qu’il ait pu retrouver ses proches ici, en France. Le ministère de l’Europe et des affaires étrangères, en lien avec le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche, ainsi que notre ambassade et notre consulat à Tunis, ont suivi avec beaucoup d’attention sa situation depuis son arrestation.
Q - Une petite question sur quelque chose que votre ministre a dit, mercredi je pense, lors de sa présentation devant la Commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale : il a parlé d’un possible projet avec l’UNESCO sur le Liban. Est-ce que vous pouvez donner des détails ?
R - C’est effectivement un point qui a été abordé par le Ministre lors de son audition par la Commission des Affaires étrangères à l’Assemblée nationale, mercredi dernier, sur le Liban et qui concerne les questions patrimoniales. Je n’ai pas encore de détails très précis à vous donner, d’exemples très concrets, mais cela fait entièrement partie de la mobilisation plus générale de la France en faveur du Liban, qui avait donné lieu notamment à l’organisation à Paris de cette Conférence, le 24 octobre dernier, de soutien à la population et à la souveraineté du Liban. Et je serais heureux, lorsque j’aurai des détails, de vous les communiquer. Mais effectivement, il y a un projet de soutien au patrimoine libanais, en lien avec l’UNESCO, puisque cela fait partie du mandat de cette agence des Nations unies.
Q - J’ai trois questions. La première, le Ministre a parlé à plusieurs reprises cette semaine d’éventuelles nouvelles sanctions contre les colons violents en Cisjordanie, au niveau européen. À quel stade sont ces négociations à Bruxelles ? Vu qu’il y a quand même des pays qui ne sont pas très chauds sur ce sujet…
Deuxième question, qu’attendez-vous de la visite de Rafael Grossi en Iran aujourd’hui ? Qu’est-ce que vous voudrez voir pour que les E3 ne déposent pas de projet de résolution au Conseil des gouverneurs, la semaine prochaine, à Vienne ?
Et troisième question, sur un tout autre sujet, sur l’Ukraine, quelle est la position de la France sur l’abaissement de l’âge de mobilisation en Ukraine ?
R - Sur la première question, sur la question des colons, je pense que la position de la France a été très claire et très constante depuis le début : nous avons toujours condamné les violences commises par les colons, et notamment les colons violents en Cisjordanie, en considérant que ces violences fragilisaient la solution à deux États et contribuait à saper toute perspective de paix. C’est la raison pour laquelle la France a pris un certain nombre de sanctions à l’encontre de colons israéliens extrémistes qui se sont rendus coupables de ces violences, à la fois à titre national et dans le cadre de l’Union européenne. Je vous rappelle que nous avons sanctionné, à titre national, 28 colons violents, qui sont visés par une interdiction administrative du territoire français. Les colons qui ont été ciblés sont des personnes qui se sont livrées à des actes de violence caractérisée à l’encontre des populations palestiniennes en Cisjordanie. Nous avons été à l’initiative de l’adoption de deux paquets de sanctions contre des individus et entités liés aux violences commises par des colons extrémistes en Cisjordanie au niveau européen : un premier paquet en avril 2024, qui visait quatre personnes et deux entités ; et un autre paquet en juillet dernier, visant cinq individus et trois entités. Dans ce contexte, nous restons déterminés à adopter de nouvelles sanctions, en lien avec nos partenaires, et nous continuons de mobiliser l’Union européenne en ce sens tant que les actes de violence de colons extrémistes ne cesseront pas. Nous sommes à l’initiative, actuellement, pour qu’un troisième train de sanctions puisse être adopté dans les meilleurs délais contre des entités et individus impliqués dans la colonisation violente. Voilà pour votre première question.
Sur la seconde question, sur la visite de Rafael Grossi en Iran, et plus largement sur le cadre de négociation du nucléaire iranien, nous sommes pleinement mobilisés avec nos partenaires en format E3 et les États-Unis pour ramener l’Iran à la mise en œuvre de ses obligations et engagements internationaux, ainsi qu’à une coopération de bonne foi avec l’agence. Ce message, nous le portons de manière très forte au sein du Conseil des gouverneurs. Cette mobilisation passe par différents moyens, et y compris des résolutions, comme nous l’avons fait au Conseil des gouverneurs de juin dernier. Nous attendons de la visite de Rafael Grossi que ces messages puissent être passés, et nous adapterons notre réaction au sein du Conseil des gouverneurs de l’AIEA. Mais encore une fois, notre mobilisation sur ce point est totale.
Et sur votre dernière question, sur l’abaissement de l’âge de mobilisation en Ukraine, je ne ferai pas de commentaire sur une décision qui relève des autorités ukrainiennes.
Q - Monsieur le porte-parole, quelle est l’évaluation de la France du dispositif prévu, espéré, au Sud-Liban, dans le cadre de l’accord proposé en ce moment pour surveiller, avec l’armée libanaise et la FINUL, la zone située entre la ligne de démarcation franco-libanaise et le Litani ? Est-ce que la France croit - et est-ce qu’elle est intéressée - à l’efficacité de ce système, de ce dispositif ?
R - La France a été mobilisée et est mobilisée depuis le début pour obtenir une désescalade au Liban, c’est ce que nous avons dit et que nous répétons de manière constante. Dans ce cadre, nous avons rappelé à plusieurs reprises que, le cadre opportun et le cadre utile était la résolution 1701 du Conseil des Nations unies, qui devait être appliqué pleinement et dans tous ses éléments. Il est absolument fondamental que le calme revienne dans cette région, et nous appuierons toute initiative en ce sens ; et notamment, toute initiative qui impliquerait la mise en œuvre de cette résolution du Conseil de sécurité des Nations unies, qui est pour nous la pierre angulaire du règlement. C’est en ce sens que l’ensemble des messages ont été portés, notamment par le ministre de l’Europe et des affaires étrangères, qui s’est déplacé à plusieurs reprises dans la région. C’est le message qu’il a porté aux différentes autorités qu’il a eu l’occasion de rencontrer. Et c’était l’esprit dans lequel avait été déposé, au mois de septembre, une proposition franco-américaine aux Israéliens et aux Libanais pour obtenir un cessez-le-feu, dans un premier temps, qui doit mener au règlement d’une solution diplomatique.
Pour nous, il est essentiel que la désescalade ait lieu et qu’il y ait une solution diplomatique qui soit trouvée, encore une fois sur la base de cette résolution des Nations unies.
Q - Je voulais revenir sur la visite du prince Faisal ben Farhan Al Saoud à Paris, la visite saoudienne, juste pour demander s’il y avait eu d’autres discussions en marge ? Des discussions sur Afalula ? Est-ce qu’ils ont parlé de Gaza, du Liban, en vue particulièrement du sommet qui a eu lieu à Riyad récemment, où on a remarqué un durcissement du ton contre Israël des pays arabes ? Je me demandais si c’est un sujet qui a été évoqué, aujourd’hui à Paris ?
Aussi, j’ai une question sur Georges Abdallah. Le parquet national antiterroriste a fait appel pour empêcher sa libération, qui a été annoncée pour le 6 décembre. Avez-vous un commentaire sur le sujet ? Je demande parce que c’est quand même une décision qui est vue comme étant politique dans deux nombreux articles de presse, dont le Monde récemment, qui cite des « pression américaines ».
R - Sur votre première question, comme je le disais au début, le cœur de la rencontre franco-saoudienne qui a eu lieu ce matin, c’était vraiment le comité de suivi du projet Al-‘Ula C’était un format qui réunissait plusieurs ministres et le ministre des affaires étrangères, de l’économie ainsi que de la culture. Comme je vous le disais, l’essentiel des discussions ont été consacrées aux questions culturelles, aux questions économiques, aux questions d’innovation. J’entends très bien le point que vous soulevez, mais je ne suis pas en mesure de vous confirmer qu’il y ait eu des discussions sur d’autres points et dans d’autres formats, notamment parce que je pense que les points que vous soulevez sont des sujets qui peuvent être abordés de manière bilatérale entre les ministres des Affaires étrangères, mais je ne suis pas en mesure de vous confirmer que cela a eu lieu ce matin. Encore une fois, la matinée était entièrement consacrée à ce comité de suivi.
Sur votre deuxième question, sur Georges Abdallah, il s’agit d’une décision de justice, et donc, à ce titre, je ne la commenterai pas.
Q - J’ai une question sur la télévision nigérienne hier. La télévision publique a fait état d’une arrestation d’un Français, présenté comme un agent de la DGSE. Je voudrais savoir si vous avez des éléments à communiquer sur l’arrestation d’un Français sur ce pays, et son lien éventuel avec les services de renseignement ?
R - Non malheureusement je n’ai pas plus de renseignements à vous communiquer à ce stade.
Q - Je voulais juste revenir sur le Liban. Apparemment les Etats-Unis ont déposé un nouveau projet de cessez-le-feu, aujourd’hui, à Nabih Berri. Est-ce que la France était tenue au courant de ce projet ? Et est-ce que vous avez des éléments sur ce qu’il y aurait, dans ce projet ?
R - Encore une fois, c’est une situation sur laquelle le Ministre est extrêmement impliqué, comme l’indique l’ensemble de ses déplacements et l’ensemble des efforts qu’il déploie pour dégager une solution au Liban. Nous avons, avec nos partenaires américains, fait une première proposition au mois de septembre, et nous travaillons en étroite collaboration avec nos partenaires sur la question, que ce soit nos partenaires régionaux ou nos partenaires américains.
Q - Mais est-ce qu’ils ont coordonné sur ce projet de résolution, ou est-ce qu’ils ont déposé ça sans vous prévenir ?
R - Encore une fois, il y a une coordination qui est étroite et qui continue sur le sujet libanais.