Q&R - Point de presse live (12 octobre 2023)

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Q - Le 14 septembre dernier, la Ministre a rendu visite au Président Al-Sissi, réaffirmé le partenariat stratégique avec l’Égypte. Cinq jours plus tard, mon domicile était perquisitionné par la DGSI, j’étais placée en garde à vue pour avoir révélé les dérives de ce partenariat, et notamment l’opération Sirli, qui a aidé l’Égypte à tuer des civils. Est-ce que le partenariat stratégique implique également de coopérer avec l’Égypte dans la traque des journalistes et des sources qui révèlent ces dérives ? Et une deuxième petite question : votre ministère est-il au courant des informations révélées par Mediapart, selon lesquelles des Français ont vendu un logiciel espion à des régimes autoritaires, dont le Vietnam, qui a lancé des attaques contre un député du parti Renaissance et des parlementaires européens, ainsi que des journalistes ?

R - S’agissant du partenariat avec l’Égypte, nous avons en effet fait des déclarations, que je vous invite à consulter. Au sujet de la mission de renseignement, il ne m’appartient pas de commenter de tels éléments, et je vous renvoie au ministère des Armées. S’agissant du logiciel espion, quel est le logiciel que vous évoquez ?

Q - Predator.

R - À ce sujet, nous avons pris connaissance en effet des éléments rapportés dans la série d’articles de Mediapart. Toute tentative d’espionnage à l’encontre de parlementaires, comme de journalistes, est tout à fait inacceptable. Vous savez que les autorisations d’exportation de biens à double usage sont le fruit d’un processus interministériel strict, qui vise notamment à s’assurer du respect des engagements internationaux et européens de la France, notamment en matière de respect du droit international et des droits de l’Homme. Il en est rendu compte chaque année devant la représentation nationale, et ce processus a évidemment été suivi. Les actions de surveillance passive peuvent jouer un rôle dans la lutte contre la criminalité et le terrorisme, mais elles ne peuvent être utilisées que dans un cadre légitime et respectueux de l’État de droit. Toute action dérogeant à ce cadre ne peut être tolérée et est passible de sanctions.

Q - Quelles actions, du coup, doit prendre le ministère ?

R - Je n’ai pas d’éléments supplémentaires à cet égard. Mais voilà la position qui est la nôtre aujourd’hui, sur la suite de cette affaire.

Q - Bonjour. J’ai trois questions, s’il vous plaît. D’abord, sur l’agenda de Mme Colonna. On a vu que le ministre des Affaires étrangères tchèque, le ministre des Affaires étrangères britannique et maintenant l’américain se sont tous rendus en Israël. Je crois qu’il y a plus de ressortissants français en Israël que tchèques ou britanniques. Comment cela se fait que Mme Colonna ne se soit pas encore rendue là-bas ? Est-ce qu’elle prévoit d’y aller ? Ça, c’est ma première question. Ma deuxième question porte sur la rencontre ce matin, par Zoom, à l’OTAN à Bruxelles, le briefing qui était fait par le ministre de la défense israélienne aux ministres de l’OTAN. Je comprends que le ministre français n’était pas dans la salle. Est-ce qu’il y avait l’ambassadeur ? Donc ça, c’est de votre ressort, je pense, est-ce que l’ambassadeur était là pour le représenter ? Est-ce que vous pouvez nous confirmer que le ministre n’était pas là-bas ? Et quelque chose que je n’ai pas tout à fait compris sur la question des vols, parce que vous parlez des gens qui sont vulnérables qui ont la priorité. On parle bien de vols Paris-Tel Aviv, n’est-ce pas ? Mais dans ce cas, ça a l’air peut-être bête, mais pourquoi ils ont la priorité ? Parce que sur tous les vols qu’Israël organise de Paris à Tel Aviv, ce ne sont pas eux qui sont prioritaires, mais plutôt les jeunes qui veulent se mobiliser. Donc ça a l’air un peu bizarre, mais pourquoi vous privilégiez ces gens-là, qui ne peuvent pas participer aux combats et à la sécurité d’Israël ?

R - S’agissant de l’agenda de la Ministre, nous reviendrons vers vous. Mais vous savez quelle a été la mobilisation des autorités françaises - le Président de la République, la Ministre, évidemment, tout le réseau diplomatique. Le Président de la République a eu le Président Herzog et le Premier ministre Benjamin Netanyahou, et la Ministre son homologue Eli Cohen, dans les premières heures après les terribles attentats terroristes commis contre Israël. Cela a été l’occasion pour elle d’exprimer sa solidarité. Elle a eu par la suite toute une série de contacts, comme le Président de la République. Ces contacts se poursuivent, pour faire suite à ces attentats terroristes et travailler ensemble à exprimer clairement notre condamnation, à marquer notre soutien au droit d’Israël à se défendre dans le cadre du droit international, marquer aussi notre volonté de contribuer à éviter un embrasement régional suite à ces attentats terroristes. C’est le message passé par nos autorités dans le cadre de ces différents contacts qui se poursuivent. La Ministre a eu, comme vous le savez, ses homologues de la région, homologues palestinien, jordanien, émirien, qatarien, saoudien, européens - bien sûr, puisqu’un Conseil Affaires étrangères exceptionnel a pu se tenir - également américain et d’autres encore. Et ces contacts se poursuivent et marquent notre mobilisation totale dans ce cadre. Elle sera par ailleurs, comme je l’indiquais, ce soir à l’accueil de nos ressortissants.
S’agissant de la rencontre OTAN, je n’ai pas d’information sur cette réunion, donc je peux revenir vers vous à ce sujet. Je suis certaine que notre ambassade était mobilisée et je pourrai vous faire part de notre représentation en la matière.
S’agissant des vols Tel Aviv-Paris, il s’agit en effet d’apporter un soutien à nos ressortissants qui expriment le souhait - et qui n’ont pas pu le faire par des voies commerciales - de rentrer en France. Nous pouvons leur apporter ce soutien par le biais de ces vols commerciaux qui sont mis en place, donc le premier aujourd’hui…-
Il y en aura un autre demain et un autre samedi. Nous travaillons à une reprise de la desserte avec Air France. C’est un travail qui est en cours. Vous savez que la Ministre a évoqué les contacts avec la compagnie aérienne pour permettre une reprise de ces vols, dans le contexte où l’aéroport Ben Gourion est ouvert et où un certain nombre de vols commerciaux continuent d’opérer depuis l’aéroport Ben Gourion.

Q - L’aéroport n’a jamais fermé. Pardonnez-moi, mais je ne comprends pas le sens. L’aéroport n’a jamais été fermé.

R - C’est ce que nous indiquons. C’est pour ça que nous travaillons avec Air France à des modalités pour une reprise de la desserte par la compagnie aérienne. Mais par ailleurs, d’autres vols continuent d’opérer entre Paris et Ben Gourion.

Q - J’ai plusieurs questions. La première : est-ce que vous envisagez de demander aux familles de vos diplomates en Israël de revenir en France ? Vu tous les contacts que vous avez eus, quel message est-ce que la France a passé au Hezbollah ? Et quelle est votre estimation du rôle de l’Iran dans tout ça ? Il y a eu des déclarations américaines, mais quelle est la perspective française ? Et juste pour revenir sur le déplacement - ou pas de déplacement - de la Ministre, c’est une question d’agenda, c’est une question… ? Ça va se passer, ou vous pensez que ce n’est pas nécessaire à ce stade ?

R - Je viens de vous répondre sur l’agenda de la Ministre, donc je ne vais pas en dire davantage ; je n’ai pas d’annonce à faire. Mais nous pourrons revenir vers vous. S’agissant des familles de diplomates, nos diplomates sont aujourd’hui à l’oeuvre sur le terrain, ils sont pleinement mobilisés, et travaillent pleinement pour faire en sorte d’assister tout d’abord notre communauté, comme je l’indiquais, puisque nous avons mis en place une cellule de crise, dès après l’annonce et malheureusement l’irruption de ces attentats terroristes en Israël, une cellule de crise qui se tient à la fois simultanément à Jérusalem et à Tel Aviv, dans nos deux consulats généraux, avec la mobilisation de notre ambassade à Tel Aviv. Nous avons par la suite ouvert, dès dimanche, une cellule de crise, ici, à Paris, au centre de crise et de soutien, qui vient accompagner ces efforts de soutien à nos communautés.
L’autre travail qui est accompli, c’est le travail diplomatique. Vous avez évoqué tous les contacts qui sont les nôtres. Ce travail est effectué étroitement en contact avec nos ambassades sur le terrain, qui sont toutes mobilisées, notamment dans la région, pour passer les messages que je vous indiquais, et qu’ont martelés nos autorités depuis le 7 octobre, messages de condamnation ferme de ces attentats terroristes odieux contre Israël, messages pour réitérer le droit d’Israël à se défendre dans le cadre du droit international, et messages pour éviter l’embrasement régional qui pourrait résulter de ces premières vagues d’attentats terroristes contre Israël.
Sur l’Iran, le Président de la République a déjà eu l’occasion de s’exprimer à cet égard. Le Quint s’est également exprimé sur le fait qu’aucun acteur hostile à Israël ne doit chercher à tirer avantage de ces attaques. C’est le message très clair qui a été passé au niveau des chefs d’État et de gouvernement du Quint, lundi. C’est le message qui reste le nôtre et que nous transmettons. S’agissant d’une implication de l’Iran, il n’y a pas à ce stade, comme l’indiquait le président de la République, de trace formelle d’implication directe. Le Président de la République a néanmoins jugé vraisemblable qu’il y ait eu soutien au Hamas avec qui l’Iran entretient des liens bien connus. En tout état de cause, les propos tenus par l’Iran sont inacceptables et ne correspondent pas à nos valeurs. Le Président de la République l’a encore rappelé à Hambourg.

Q - Est-ce que vous avez fait passer des messages à Hezbollah en passant par Mikati par exemple ou par le ministère des Affaires étrangères ?

R - Comme je l’indiquais, la diplomatie française est active pour que la situation ne s’aggrave pas par un embrasement régional, et comme le précisait la Ministre, cela inclut le fait que la situation ne s’aggrave pas à la frontière avec le Liban, comme à la frontière avec la Syrie. Le Président de la République et la Ministre ont multiplié les contacts depuis samedi, à cet égard. Et comme le rappelait notre ambassadeur, hier, à Tel Aviv, le Hezbollah sait très bien quels sont les messages que nous lui passons sur les risques, nous continuons à le lui répéter, et comme je l’indiquais à l’instant, le message est clair, c’est celui passé par le Quint., Nous insistons sur le fait qu’aucun acteur hostile à Israël ne doive chercher à tirer avantage de ces attaques.

Q - J’ai plusieurs questions, j’en ai déjà trois sur Israël : Joe Biden demandait hier à Israël de respecter le droit de la guerre, est-ce que la France s’associe à cette demande ? La France va -telle aider Israël sur le plan militaire et civil, de quelle sorte ? Et la troisième question : est-ce qu’il y a des négociations au sujet des présumés otages ? On comprend bien que certains ressortissants français sont sans doute détenus.
J’ai deux autres questions, une sur l’Afrique, concernant les demandes de visa, ces derniers jours des visas ont été accordés à des étudiants burkinabés, est-ce que cela présage d’une évolution su cette question des visas au Burkina Faso et plus généralement au Sahel ? Et pour compléter la question de ma collègue, Ariane Lavrilleux, Mediapart et quinze autres médias ont révélé qu’un groupe français avait vendu un logiciel de piratage à des gouvernements autoritaires, mais visiblement aussi du matériel de surveillance a également été vendu au maréchal Haftar, en violation de l’embargo sur les armes, comment est-ce que vous réagissez à toutes ces révélations et notamment à cette dernière révélation ?

R - Concernant votre rappel des propos du président Biden, il ne m’appartient pas de les commenter, mais je voudrais vous rappeler ce qu’ont dit très clairement la Première ministre et la Ministre dans leurs expressions récentes, y compris devant la représentation nationale. La première Ministre, comme la Ministre, ont insisté sur le droit d’Israël à se défendre, à se défendre contre une offensive terroriste majeure, sans précédent, sur son sol. Ces opérations pour se défendre doivent bien entendu respecter le droit international et protéger les populations civiles, c’est ce qu’ont indiqué clairement la Première ministre et la ministre de l’Europe et des affaires étrangères.
S’agissant des otages, ces prises d’otages sont absolument odieuses. Nous avons eu, là aussi, l’occasion de nous exprimer par la voix de nos autorités au plus haut niveau. Elles doivent immédiatement cesser. La France appelle à une libération immédiate et sans condition de tous les otages. Bien sûr, nous avons une pensée toute particulière pour les disparus français puisque, comme l’indiquaient nos autorités, il est probable que nous ayons des otages parmi ceux retenus par le Hamas, et notamment, des enfants. Dans ce cadre, il ne me revient pas de commenter les discussions à cet égard, je vous renverrais juste aux propos tenus par le Président de la République en la matière. Nous avons une coordination très étroite avec les autorités israéliennes. Nous serons amenés, en lien avec les autorités israéliennes et l’ensemble des pays qui sont dans notre situation, à consolider une position commune. C’était la déclaration faite par le Président de la République à Hambourg, il y a quelques jours.
S’agissant de votre question sur les visas, vous avez entendu le Président de la République à ce sujet : les artistes, les chercheurs, étudiants, les intellectuels, tous ceux qui cherchent à exprimer une position libre, sont évidemment les bienvenus en France. Nous avions dû suspendre, pour des raisons sécuritaires, notre délivrance de visas dans certains nombre de pays du fait des menaces qui pèsent sur nos emprises diplomatiques. Vous savez que dans un certain nombre de ces pays, nos emprises diplomatiques ont été prises pour cibles. C’est le cas du Burkina Faso, puisque notre Institut français à Ouagadougou avait été attaqué - et donc dans ce cadre-là, nous faisons notre maximum pour permettre aux étudiants de venir en France, malgré ces conditions sécuritaires très dégradées.
Sur la dernière question, ayant répondu à la première question, je n’ai pas d’élément supplémentaire sur le point que vous mentionnez.

Q - Selon les données de l’ONU, lors des attaques aériennes israéliennes, plus de 338.000 personnes ont été déplacées en 24h, le premier ministre israélien Netanyahou a dit aux Gazaouis de quitter ce lieu. Que vont faire les personnes qui souhaitent partir de cette zone assiégée, qui abrite la population la plus dense du monde ? Avez-vous entrepris des efforts pour ouvrir un corridor humanitaire ?

R - La Ministre a eu l’occasion de s’exprimer très clairement hier sur France Info, donc je vous renvoie aux propos qu’elle a tenus, nous suivons évidemment cette situation avec la plus grande attention. Elle a pu rappeler à cet égard que dans la conduite des opérations israéliennes, le droit international doit être pleinement respecté, comme tout État doit le faire lorsqu’il mène une opération militaire. Cela implique, en effet, que les accès humanitaires puissent être assurés en conformité avec le droit international, permettant notamment d’assurer les besoins élémentaires des populations, l’accès à l’eau et l’accès à la nourriture. Je vous renvoie là aussi aux propos de la Ministre qui a rappelé cette position hier.

Q - J’ai une question sur le Sahel : il y a des informations de presse qui circulent sur le fait que le Quai d’Orsay aurait suspendu des projets de l’agence Canal France International, donc des projets médias, au Burkina, au Mali et au Niger ; je voulais savoir si vous pouviez confirmer cette information. Et je voulais savoir si la position restait inchangée de la France concernant le soutien au Président Bazoum, qui est toujours retenu au Niger.

R - Je vais commencer par le dernier point de votre question : oui, notre position diplomatique reste inchangée, le Président Bazoum est le seul dirigeant démocratiquement élu du Niger que reconnaît la communauté internationale. Nous continuons de soutenir les efforts de la CEDEAO pour parvenir à une restauration de l’ordre constitutionnel et à la libération du Président Bazoum, dont je rappelle qu’il est toujours pris en otage par les putschistes au Niger, ainsi que sa famille, dans des conditions qui sont absolument indignes et inacceptables. C’est le message qu’ont passé, non seulement, nos autorités mais aussi nos partenaires internationaux.
S’agissant de l’activité de Canal France international, je n’ai pas davantage de précision sur l’activité précise de cet opérateur dans la région. Quoi qu’il en soit, vous savez quelle a été notre annonce s’agissant de notre aide au Sahel. Nous souhaitons poursuivre notre aide aux populations de ces trois pays, notamment par le biais de notre aide humanitaire qui est maintenue, sauf au Mali, où, vous le savez, les autorités maliennes ont refusé que des États étrangers - y compris le nôtre - puissent participer à aider des populations sur le terrain. Nous ne pouvons donc pas continuer à porter cette aide humanitaire.
S’agissant de CFI, nous pourrons revenir vers vous pour savoir dans quelle mesure ces activités ont été ou non suspendues. En tout état de cause, comme je l’indiquais dans ma réponse à la question précédente, notre souhait est de pouvoir continuer à accueillir, comme je l’indiquais, les étudiants, les artistes, les intellectuels et évidemment les journalistes qui luttent aujourd’hui pour l’accès à une information fiable et pour la liberté de presse dans cette région.

Q - Sur la question des otages, on comprend, à partir des déclarations de la Ministre, que vous excluez complètement tout contact avec le Hamas. Cela veut dire que vous excluez aussi tout contact par intermédiaire, par exemple par le Qatar ou par l’Égypte ?

R - S’agissant des otages, vous le savez très bien, nous ne précisons jamais la manière dont nous travaillons sur ces questions. C’est une question de principe et de sécurité pour les personnes intéressées. Je vous renvoie à ce qu’a dit la Ministre, hier, au sujet de l’absence de contact avec le Hamas, et aux propos tenus par le Président de la République qui soulignait les contacts étroits que nous avions avec les autorités israéliennes en la matière et la pleine confiance que nous leur accordions pour avancer avec elles sur ce sujet très sensible.

Q - Je voulais poser la question sur les otages, mais bon, mon confrère l’a posé avant moi. Je veux revenir sur les corridors humanitaires dont on parle. Est-ce que la France, elle est prête… sur des envois humanitaires vers Gaza ? Vous êtes en négociation avec l’Égypte pour ouvrir ces corridors humanitaires, sachant qu’ils vont ouvrir l’aéroport El-Arich pour une facilité de transferts. D’autre part, on voit un certain renfort américain, militaire, dans la Méditerranée. On a [le USS] Gerald Ford, il y a [le USS] Eisenhower qui arrivent. Est-ce que la France a été consultée, si elle peut aider, s’il y aura un certain mouvement militaire qui s’oppose à l’axe qui est dans la Méditerranée ? Ou bien est-ce que Paris va agir là-dessus ?

R - Notre action, aujourd’hui, passe notamment par tous ces contacts diplomatiques que je vous indiquais, à la fois pour passer les messages, dont celui, comme vous le souligniez, de l’accès humanitaire. La France appelle au respect du droit international, et ce respect du droit international inclut l’accès humanitaire, notamment le fait de pouvoir fournir et répondre aux besoins élémentaires des populations, notamment s’agissant de l’eau, de l’alimentation, de l’électricité et de la santé.
À ce stade, je n’ai pas d’éléments sur une aide humanitaire supplémentaire qui pourrait être apportée par la France. Vous savez quelle est notre aide aux Palestiniens et à la population palestinienne. Nous avons eu l’occasion de le redire : donc l’aide française s’élève à 95 millions d’euros par an, et elle a pour objet de soutenir la possibilité d’un État palestinien viable, et principalement d’apporter des aides en matière de subsistance à la population palestinienne, à travers une aide humanitaire qui vise, précisément, à soutenir les réfugiés, à apporter une aide alimentaire et une assistance aux familles vulnérables en matière d’eau potable et de santé. Nous sommes en train d’examiner tous ces aspects.
Sur la poursuite de cette aide, le Président de la République a été très clair sur le fait que nous ne suspendrons pas cette aide. Il revient maintenant de l’examiner, comme nous l’avons indiqué, notamment dans un cadre européen.

Q - Juste une petite précision sur les chiffres que vous avez donnés, tout à l’heure, des 17 personnes qui sont « missing »…

R - Non localisées, donc ce sont des cas que nous considérons comme très inquiétants.

Q - Oui. Ma question est…

R - 17 personnes, en effet.

Q - Oui, non, ça, j’ai compris que c’est 17. Mais le ministère de la Défense israélien a déjà informé les familles de 97 personnes que leurs proches sont en captivité. Donc quand vous dites qu’il y en a 17, ça veut dire que c’est 17, dont vous ne savez pas du tout s’ils sont à Gaza ou pas, on est d’accord ?

R - Non localisées en effet. Ce sont 17 personnes, dont nous cherchons aujourd’hui, en lien avec les autorités israéliennes, à clarifier la situation et que nous recherchons. Nous estimons qu’il est probable que, parmi ces 17, il y ait des otages du Hamas.

Q - J’aimerais revenir sur les vols que vous organisez entre Tel-Aviv et Paris. Est-ce que ce sont tous des vols Air France ? Est-ce que ce sont des vols Air France, tous ? Et vous avez parlé de priorité, donc ça veut dire qu’il y a une forte possibilité qu’il n’y aura pas assez de places pour tout le monde qui souhaite rentrer en France ? Et puis ma troisième question, est-ce que c’est réservé pour les gens avec la nationalité française ? Vous envisagez, éventuellement, d’accueillir des non-Français dans ces vols ?

R - Nous nous efforçons, depuis le 7 octobre, de répondre à toutes les questions et toutes les préoccupations de nos ressortissants qui se trouvent en Israël ou dans les territoires palestiniens. La Ministre a évoqué un nombre de 150.000 Français, environ, présents dans cet espace-là, puisque nous avons à la fois 65.000 enregistrés auprès du consulat général à Tel Aviv et 25.000 enregistrés auprès du consulat général à Jérusalem, mais il faut également inclure un très grand nombre de Français de passage qui étaient en visite en Israël ou dans les territoires palestiniens.
Nous souhaitons, à travers ces vols spéciaux, apporter à ceux qui n’auraient pas pu prendre un vol commercial la possibilité, quand ils sont dans cette situation de vulnérabilité, de pouvoir rentrer en France. Et donc, à cet égard, nous travaillons avec la compagnie Air France, à la fois à ces vols spéciaux et à la possibilité d’une reprise de sa desserte vers l’aéroport Ben Gourion. Nous travaillons également avec d’autres compagnies pour faire en sorte de mettre des vols spéciaux à disposition, qui puissent répondre à la demande de nos ressortissants.
Les critères qui ont été choisis pour ces vols sont des critères de vulnérabilité, critères de vulnérabilité qui incluent les femmes enceintes, les enfants, les personnes en situation de handicap ou présentant des situations médicales qui nécessitent une urgence à rentrer en France. C’est ce besoin prioritaire qu’il s’agit aujourd’hui de couvrir ; besoin prioritaire de nos ressortissants, mais nous sommes en contact avec un grand nombre de partenaires internationaux, notamment européens, au sujet de ces retours et de l’organisation de ces vols spéciaux.

Q - J’ai une question au sujet des Français qui pourraient être à Gaza. Est-ce qu’on sait s’ils sont tous sortis ? Est-ce qu’il y a eu des destructions d’emprises françaises - écoles, Instituts français ou autre ? Et est-ce qu’il y aura, ou pourrait y avoir, un traitement spécial pour les employés de ces institutions françaises qui seraient sous contrat local, y compris dans l’enseignement ? Et dernier petit point, est-ce que nous savons, même si ce n’est pas tout à fait la France, si l’église Saint-Porphyre a été touchée par les bombardements, une des plus vieilles églises du Moyen-Orient ?

R - Je n’ai pas d’éléments sur ce dernier point. Je vous invite à trouver d’autres sources.
S’agissant des Français à Gaza, comme l’indiquait la Ministre, il y a en effet quelques dizaines de Français présents à Gaza, notamment des personnels humanitaires ou des personnels qui ont des liens familiaux à Gaza. Tous ne souhaitent pas sortir de la bande de Gaza. Nous sommes en contact étroit avec chacun d’entre eux pour nous assurer de leur situation. C’est le travail que conduit au quotidien notre consulat général à Jérusalem, qui est extrêmement mobilisé sur ce plan, et qui l’est aussi pour les employés des institutions françaises. Vous mentionnez les institutions françaises, je le rappelle à tous : la France est le seul pays européen à disposer d’un Institut français à Gaza ; c’est dans ce cadre que nous sommes en lien avec tous les personnels français et locaux de cet Institut.

Q - J’ai une question à propos de la visite du président mongol. Donc on s’attend à des avancements dans la coopération minière, sur l’uranium en particulier, notamment parce que la France veut diversifier et sécuriser ses approvisionnements. C’est bien, mais cela me semble un peu contradictoire, étant donné que la Mongolie est enclavée entre la Chine et la Russie ; donc la Russie, ça va être impossible pour exporter, mais sur le moyen et long terme, comment la France appréhende ce risque, en termes très logistiques, des futures exportations espérées de la Mongolie, sachant que c’est notamment pour se distancier de la Chine que la France fait de telles coopérations ?

R - Ce renforcement de nos relations avec la Mongolie s’inscrit dans deux cadres : dans la stratégie indopacifique, qui fait de la France un partenaire essentiel dans cette région ; mais aussi de l’Europe, puisque nous avons contribué à faire en sorte que l’Union européenne se dote d’une stratégie indopacifique. Elle s’inscrit également dans notre volonté, comme vous l’indiquez, de renforcer la souveraineté européenne, notamment s’agissant de l’importation de minerais rares et nécessaires au développement de nos industries et de notre indépendance stratégique. C’est dans ce cadre que se tiennent notamment les questions des relations avec la Mongolie. Ces relations sont en développement, à la suite de tous les contacts que j’ai évoqués, avec la signature d’un plan d’action, ce matin, par la Ministre, dont nous pourrons vous donner davantage de détails. Tous ces éléments de sécurisation sont inclus dans cette réflexion. Cette discussion porte en effet à la fois sur les minerais et sur un certain nombre d’autres aspects, notamment énergétiques.

Q - Est-ce que la France considère que c’est le moment pour essayer de relancer le processus politique entre les Israéliens et les Palestiniens, ou il faut attendre un temps, avec des initiatives qui sont particulières… ?

R - Vous avez entendu la Ministre évoquer en effet la nécessité de rouvrir une perspective politique dès que le moment le permettra, et le rappel qu’elle a fait très clairement, en soulignant que la solution à deux États était la seule solution pour rétablir une paix juste et durable, et faire en sorte qu’Israéliens et Palestiniens puissent vivre en sécurité et en paix, côte à côte. Cela fait partie des discussions que nous avons avec tous nos partenaires.