Q&R - Point de presse live (10 avril 2025)

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Q - J’ai une question concernant l’Iran. Vous venez d’évoquer l’appel téléphonique entre M. Rubio et M. Barrot. Est-ce qu’on peut en savoir un petit peu plus sur la nature des discussions sur l’Iran ? Dans quelle mesure la France se coordonne avec les États-Unis sur ce point ? On sait qu’il y avait des discussions au niveau politique. Est-ce qu’une autre réunion, d’ailleurs, des directeurs politiques est prévue prochainement ? Est-ce que c’est toujours à Genève ? Et donc comment les discussions françaises en E3 avec les Européens se coordonnent avec les négociations qui vont démarrer côté américain ?

R - Pour rappel, nous avons une position extrêmement claire sur le sujet, à savoir que l’Iran ne peut pas et ne doit pas se doter de l’arme nucléaire, et que pour parvenir à un accord qui contraigne durablement l’Iran, la seule voie est la voie diplomatique. C’est le sens des efforts qui ont été menés en format E3, avec l’Allemagne et le Royaume-Uni, pour tenter de convaincre l’Iran de renoncer à ce programme. Comme je vous le disais, toute initiative diplomatique visant à amener l’Iran à l’abandon de son programme nucléaire est une bonne chose. Donc on a noté avec intérêt l’annonce d’une discussion entre les États-Unis et l’Iran dans les prochains jours. On note quand même qu’il y a une fenêtre d’opportunité qui est étroite. Nous n’avons que quelques mois avant l’expiration de l’accord sur le nucléaire iranien trouvé il y a dix ans. Mais ce n’est pas impossible et nous espérons que les discussions pourront amener l’Iran à un accord. Et bien évidemment, pour compléter ma réponse, je veux vous dire aussi que - et c’est ce que montre l’appel qu’a eu le Ministre hier avec son homologue américain - nous restons en contact étroit avec nos partenaires américains. Nous poursuivons les efforts que nous entreprenons en E3, en lien étroit avec nos partenaires américains. Donc nous verrons l’issue des discussions qui auront lieu dans les prochains jours, et nous continuerons à parler avec les Iraniens, mais aussi à nous coordonner avec nos partenaires américains.

Q - Je veux juste revenir sur ça, parce que vous dites que la coordination est étroite avec vos partenaires américains. Est-ce qu’ils vous ont prévenus qu’ils allaient tenir ces discussions samedi, en avance ? Et si elle est tellement étroite, est-ce que vous avez eu des conversations détaillées sur ce que l’E3 attend de ces négociations et de faire un point sur les discussions que vous avez déjà eues avec les Iraniens, avec les Américains, pour leur présenter ce que vous avez fait depuis septembre ?

R - Je pense que l’objectif de tous les acteurs est assez clair, et c’est ce qui ressort de l’appel qu’a eu le Ministre hier avec son homologue américain, à savoir, encore une fois, chercher une solution diplomatique au conflit. Je pense que ça a été effectivement l’occasion pour le Ministre d’exposer l’état d’avancement des discussions en E3. Il y a eu une discussion assez élargie sur le sujet.

Q - Est-ce que vous aviez été prévenus avant qu’ils allaient rencontrer les Iraniens samedi ?

R - C’est un sujet qui a été évoqué hier, oui, entre le Ministre et son homologue américain.

Q - Avant que Donald Trump l’annonce, est-ce que les E3 ont été prévenus ?

R - Encore une fois, ça a été l’objet de la discussion hier.

Q - Il y a une séquence après et avant. Avant que ça ait été annoncé, est-ce que vous avez été prévenus qu’il y aurait des discussions samedi ?

R - Quand le Ministre a parlé à son homologue américain, il en était informé, oui.

Q - Bien sûr, parce que c’est public. Mais avant que Donald Trump en ait parlé publiquement, est-ce que les E3 ont été prévenus qu’il y aurait ces discussions, samedi prochain, entre Américains et Iraniens ?

R - Je vous dis ce qui est public.

Q - Vous ne répondez pas à la question. La question est simple. Trump a annoncé ces discussions. Est-ce que, avant que Trump annonce ces discussions, avant que [Marco] Rubio et [Jean-Noël] Barrot se soient parlés hier, est-ce que vous étiez prévenus avant ?

R - Écoutez, il y a des discussions assez larges avec les Américains sur l’Iran, et une coordination qui se fait depuis très longtemps. Donc il y a eu des échanges.

Q - Le Président de la République disait hier que la France pourrait reconnaître l’existence d’un État palestinien pendant la conférence internationale qui sera organisée à New York avec l’Arabie saoudite au mois de juin. Pourriez-vous nous dire davantage sur les enjeux, la date précise de cette conférence et les pays participants ?

R - Les propos du Président de la République hier s’inscrivent dans une position qui a toujours été la sienne, et qui s’articule autour de plusieurs points. Le premier point, c’est que la solution à la crise actuelle doit passer inévitablement par une solution politique, une solution à deux États, une solution qui reconnaît l’existence de chacun et qui reconnaît les droits de chacun. Dans ce contexte, et le Président de la République le dit depuis février 2024, la reconnaissance d’un État palestinien n’est pas un tabou. Il a toujours dit que ce n’était pas un tabou, mais qu’il fallait que cette reconnaissance s’inscrive dans un processus qui soit utile. Nous travaillons effectivement, et c’était le sens de ces déclarations. Nous travaillons d’abord avec nos partenaires sur ces points, en vue de la conférence internationale pour la mise en œuvre de la solution à deux États que nous coprésiderons avec l’Arabie saoudite en juin prochain. C’est une conférence qui aura lieu à New York, conférence qui est issue d’un vote à l’Assemblée générale des Nations unies en novembre dernier. Il s’agit d’enclencher un processus vers la reconnaissance d’un État palestinien. Mais ce qu’a dit aussi le Président de la République et qui est tout aussi important, c’est que reconnaître l’existence de chacun et vouloir mettre en place une solution politique à deux États qui garantisse la sécurité et des Palestiniens et des Israéliens, ça nécessite un processus de reconnaissance réciproque d’Israël par un certain nombre de pays qui ne l’ont pas encore fait. C’est cette reconnaissance réciproque qui permettra de donner des garanties solides sur la sécurité d’Israël dans le cadre d’une solution à deux États. Comme l’a dit le Président de la République, cette reconnaissance doit s’inscrire dans une dynamique collective qui doit aller dans les deux sens que je viens de vous décrire. Nous continuerons, pour ce qui nous concerne, notre dialogue avec nos partenaires européens dans l’objectif de les engager dans ce processus, mais aussi avec nos partenaires du Proche et du Moyen-Orient, pour finaliser ce mouvement de reconnaissance réciproque. Le propos du Président de la République, c’est simplement d’indiquer qu’il faut une solution politique et que cette solution politique passera par un mouvement de reconnaissance réciproque de la Palestine d’un côté et d’Israël de l’autre. Nous avons la perspective de cette conférence de New York sur la solution à deux États, encore une fois, conférence qui a fait l’objet d’un vote à l’Assemblée générale des Nations unies. Cette conférence peut constituer une occasion d’engager l’ensemble des partenaires dans ce processus.

Q - Vous n’avez pas de date précise ?

R - Je n’ai pas de date sur la conférence, mais nous reviendrons vers vous.

Q - Sur la même question, est-ce que vous avez une liste de pays qui vont participer à la conférence ? Ou en tout cas, est-ce que vous avez une liste des pays qui devraient participer à cette reconnaissance pour que ça ait un sens, pour que ça change quelque chose et pour que la France le reconnaisse ? Est-ce que, par exemple, il faudrait que l’Iran reconnaisse Israël ? Est-ce que, de l’autre part, il faudrait qu’Israël reconnaisse l’État palestinien ? Ou ce n’est pas, disons, une condition pour ce délai ? C’est pour plus tard ? Comment est-ce que vous articulez cela ?

R - Il est trop tôt pour avoir la liste des États qui participeront à cette conférence. Mais sur le principe, l’idée, c’est bien celle-là : engager un processus de reconnaissance réciproque de l’État palestinien d’un côté. Un dialogue doit être ouvert, notamment avec nos partenaires européens. Certains pays européens ont reconnu l’État de Palestine, mais pas tous. L’intérêt du mouvement, c’est que ce soit quelque chose de collectif. D’un autre côté, il faut qu’il y ait par ailleurs une reconnaissance de l’État d’Israël par les États du Proche et du Moyen-Orient qui ne l’ont pas encore fait. C’est un paramètre qui permettra de réaliser les conditions pour mettre en place une solution politique à deux États. Dans le détail des discussions, je pense qu’on pourra voir ultérieurement, mais en tout cas, pour le moment, le principe de ce qu’a annoncé le Président de la République, c’est bien d’avoir un mouvement collectif qui aille dans ces deux directions.
Sur la conférence, je pense que comme c’est une conférence qui a été votée par une résolution de l’Assemblée générale des Nations unies, chaque pays pourra y être associé.

Q - Et par exemple, vous travaillez avec l’Iran pour essayer de leur faire reconnaître l’État d’Israël ?

R - Encore une fois, ça concerne tous les États du Proche et du Moyen-Orient qui n’ont pas reconnu Israël et l’Iran, mais pas que.

Q - Vous avez dit que le Ministre va rencontrer M. [Nasser] Bourita ou va parler, je ne sais pas si c’est au téléphone ou en personne. Vous pouvez nous en dire un peu plus sur le contenu de la réunion ? Est-ce qu’il y aura en particulier quelque chose sur le Sahara ? Est-ce que la position de la France manifestée l’été dernier par les Président, c’est déjà quelque chose qui n’a pas vocation à évoluer plus ?

R - C’est un entretien qui est prévu entre le Ministre et son homologue marocain. C’était un entretien qui était prévu de longue date pour faire le point sur la mise en œuvre du partenariat d’exception qui a été mis en place avec le Maroc, dans le cadre de la visite d’État du Président de la République en octobre dernier. Il s’agit d’un entretien qui va permettre de balayer l’ensemble des sujets d’intérêt commun, que ce soit des sujets bilatéraux, mais aussi des sujets internationaux d’intérêt commun. Il y aura de toute façon un communiqué de presse à l’issue de l’entretien et où on détaillera les sujets plus spécifiques qui ont été prévus. Mais c’est un entretien qui était prévu de longue date, et qui a vocation à balayer l’ensemble des sujets d’intérêt commun entre la France et le Maroc.

Q - Et le Sahara, c’est un des sujets d’intérêt commun de la France et du Maroc ?

R - Le Sahara, maintenant que la France soutient le plan d’autonomie sous souveraineté marocaine proposé par le Maroc, je ne suis pas sûr que ce soit un sujet dont on discute. On en a discuté l’année dernière, mais maintenant…

Q - C’est sur les relations avec l’Algérie. Suite à la visite du Ministre à Alger, il faut comprendre que toutes les mesures graduelles qui avaient été annoncées ou qui avaient été envisagées sont totalement suspendues.
Et puis, sur la coopération qui a été établie à partir de cette visite à Alger, est-ce qu’on a déjà un calendrier des rencontres thématiques, par exemple, notamment sur la question des retours des Algériens. Est-ce qu’il y a, par exemple, un agenda, s’il y aura une rencontre entre le ministre de l’Intérieur français et les autorités algériennes ? Ou ça ne sera pas le ministre de l’Intérieur français, mais le ministre des affaires étrangères qui va aborder cette question ?

R - Le déplacement du Ministre en Algérie dimanche dernier avait surtout pour objet de reprendre contact avec son homologue algérien et avec le président Tebboune, qui l’a aussi reçu. C’est une visite qui faisait suite à l’entretien téléphonique entre les deux présidents de la République quelques jours avant, appel téléphonique qui avait acté la reprise du dialogue et de la coopération entre les deux pays. Je vais reprendre les mots du président Tebboune, c’est-à-dire « le rideau se lève ». C’est un nouveau chapitre de la relation bilatérale et c’est une visite qui a débouché sur la réactivation d’un ensemble de mécanismes de coopération existants dans les domaines sécuritaire, judiciaire, migratoire, mémoriel, culturel et éducatif. Les entretiens ont été très larges, s’agissant des sujets abordés, puisque vous savez qu’on a une relation avec l’Algérie qui est très dense, et que cela concerne énormément de sujets.

Sur la question migratoire plus spécifiquement, il a été acté qu’il devait y avoir une reprise immédiate de la coopération migratoire. Il y a eu des mesures concrètes qui ont été annoncées. Notamment, et vous avez dû le voir, que nous préparons actuellement une réunion entre préfets et consuls algériens sur ce point spécifique. Cette réunion permettra de fluidifier le dialogue et la coopération consulaire.

Sur les visites qui sont prévues, et ça, je pense que ça a été annoncé par le Ministre aussi à l’issue de son déplacement à Alger, il y a déjà une reprise de contact au niveau des secrétaires généraux des ministères des Affaires étrangères qui est prévue, et un déplacement du garde des Sceaux qui est prévu lui aussi pour reprendre l’ensemble des questions de coopération judiciaire qui sont en suspens. L’idée, c’est quand même que c’est une relation qui reprend après des mois de blocage et des mois qui ont été difficiles. La coopération reprend, sur tous les domaines. Pour le moment, il n’y a pas de calendrier précis. Il s’agit donc de réactiver un dialogue qui permet ensuite d’avancer sur l’ensemble des sujets.

Q - (inaudible)

R - Non, mais c’est une discussion. Nous reprendrons l’ensemble des points qui ont constitué des points de crispation entre les deux capitales.