Q&R - Point de presse live (06 mars 2025)

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Q - Je voulais savoir si vous auriez une réaction sur les propos de la Russie après le discours du Président ? La Russie dit qu’elle ne voit aucun compromis possible sur le déploiement de troupes européennes en Ukraine et que la France veut que la guerre continue. Des commentaires ?

R - Écoutez, sur la deuxième partie, c’est quand même une déclaration un peu étrange de la part de ceux qui sont à l’origine du déclenchement des hostilités. Il faut reprendre les faits et remettre les choses à l’endroit. C’est la Russie, en février 2022, qui est entrée sur le territoire ukrainien. C’est la Russie qui a lancé son armée contre la population ukrainienne. C’est la Russie qui a lancé cette guerre. Depuis le début, la France a été porteuse d’un message de paix. Les dernières déclarations du Président de la République en attestent : nous voulons une paix stable et durable en Ukraine. Donc c’est quand même un petit peu étrange de retourner la situation de cette manière. Encore une fois, il y a une volonté très claire de la part des autorités françaises, un : de ne jamais avoir voulu cette guerre, puisque nous l’avons condamnée depuis le début. Deux : nous avons, par différents moyens, appelé la Russie à stopper cette agression, ce qu’elle n’a jamais fait. Donc la conclusion de cela, c’est que ceux qui veulent la guerre aujourd’hui, c’est la Russie. Dire que la France veut la continuation de la guerre, ça me semble assez étrange.
Sur la première partie, je ne ferai pas plus de commentaires sur les déclarations venant de Moscou.

Q - Je voulais savoir, qu’est-ce que vous pensez sur le fait qu’Israël suspend l’aide humanitaire à Gaza, notamment lors de ce mois de Ramadan qui est important pour les Palestiniens également ? Envisagez-vous, à l’échelle européenne ou à l’échelle de la France, de prendre des sanctions contre Israël, qui a volé, violé à plusieurs reprises le droit international, en empêchant d’acheminer l’aide humanitaire à Gaza ?

R - Sur la question spécifique de la suspension qui a eu lieu cette semaine, annoncée par les autorités israéliennes de l’aide humanitaire à Gaza, il y a une déclaration que nous avons faite condamnant cette suspension. C’est une déclaration que nous avons faite conjointement avec les Britanniques et les Allemands, c’est ce qu’on appelle une déclaration en format E3. Nous condamnons fermement cette suspension. Cette déclaration demande instamment au gouvernement israélien de respecter ses obligations internationales et d’assumer la responsabilité qui lui incombe de fournir de l’aide humanitaire aux Palestiniens. C’est une position qui est constante de notre part. Nous avons toujours appelé, et ce depuis le début des opérations, à ce que l’aide humanitaire puisse entrer dans la bande de Gaza. C’est une nécessité absolument impérieuse, eu égard à la situation désastreuse que connaît la population gazaouie. C’est une obligation qui repose sur Israël au titre du droit international. C’est une obligation sur laquelle nous avons toujours été extrêmement clairs.

Q - À propos de la proposition arabe, la déclaration que vous venez de faire sur ça, d’abord est-ce que vous voyez un rôle pour la France et pour l’Europe dans cette proposition, si jamais elle est acceptée ?

Et deuxièmement, vous avez évoqué la nécessité que Hamas soit désarmé. Est-ce que vous pensez, est-ce que la France pense que Hamas va accepter d’être désarmé de façon volontaire ? Et sinon, comment vous voyez les choses ? Est-ce que vous pensez vraiment que les forces palestiniennes ou arabes sur place vont combattre Hamas ? Est-ce que vous allez soutenir ce genre d’actions ?

R - Sur le premier point, nous avons effectivement salué le plan qui a été présenté par les États-membres de la Ligue arabe réunis au Caire cette semaine et qui correspond complètement aux objectifs et à la position de la France connue de longue date, à savoir une solution à deux États permettant d’avoir des garanties de sécurité de part et d’autre afin que les deux populations puissent vivre en paix et en sécurité côte à côte. L’implication de l’Europe est une chose qui devra être vue ultérieurement.

Q - (inaudible)

R - Le plan arabe prévoit différents éléments. Il y a des éléments qui concernent la gouvernance, il y a des éléments qui concernent la sécurité, il y a des éléments qui concernent la reconstruction. L’Europe, d’une manière générale, et l’Union européenne, est déjà très impliquée dans le financement, aux activités dans la bande de Gaza. Nous travaillons de longue date avec tous les partenaires régionaux et internationaux pour pousser, justement, cette feuille de route vers une solution à deux États. Cette proposition qui a été formulée par les États arabes est bienvenue et nous la soutenons, et nous serons tout à fait disposés à participer à sa mise en œuvre le moment venu, si elle devait recueillir un accord.
Dans cette perspective, et ça fait le lien avec votre deuxième question, nous travaillerons effectivement dans le cadre de la conférence qui devrait être organisée en juin 2025, qui est la suite d’un vote à l’Assemblée générale cet automne, qui est une conférence sur la Palestine que nous co-présiderons avec l’Arabie saoudite. Il y a évidemment dans cet accord des éléments qui concernent la gouvernance de la bande de Gaza, et la raison pour laquelle on indique dans la déclaration que le Hamas doit être désarmé, c’est que nous devons revenir à un système avec une gouvernance politique civile, dans lequel il faudra revoir effectivement les formats, mais cela doit avant tout reposer sur l’Autorité palestinienne, par une revitalisation de l’Autorité palestinienne. Dans ces conditions, il nous semble que le Hamas, effectivement, a vocation à être désarmé si on s’inscrit dans une logique de pacification de la bande de Gaza et de retour à une situation plus civile que militaire.

Q - J’ai juste une question sur la déclaration conjointe d’hier, sur l’aide humanitaire. Vous utilisez un langage, je ne sais pas comment dire, atténué, mais vous dites que cela peut constituer une violation du droit international, alors que c’est clairement une violation. Donc pourquoi ce langage dans cette déclaration ? Quand on voit des déclarations sur la Russie, par exemple, le langage est très direct, alors qu’on a l’impression que vous faites attention, un peu…

R - Sur la Russie, on ne parle pas d’aide humanitaire, mais je vous renvoie aux multiples déclarations qui ont été faites sur, justement, l’acheminement de l’aide humanitaire à Gaza, où nous avons toujours dit que c’était une obligation qui reposait sur Israël au titre du droit international.

Q - OK. Et juste pour le plan, les Américains et les Israéliens ont refusé le plan. Donc juste pour faire un suivi pour ce que ma collègue a demandé, est-ce que l’Union européenne va prendre des mesures, peut-être pour arrêter ce plan de déportation des Gazaouis ? Est-ce qu’il y a un rôle aujourd’hui pour la France alors que les États-Unis prennent toutes ces décisions unilatérales ? Est-ce que les pays arabes seuls vont pouvoir progresser avec ce plan, si les Américains et les Israéliens refusent ?

R - Le plan qui a été présenté par les États arabes qui se sont réunis est une bonne base de discussion. Il pose des principes qui sont conformes avec la position qu’on a toujours exprimée, qui est une position d’une solution à deux États. La suite des discussions, je ne peux pas vous la raconter, puisqu’elle n’a pas encore eu lieu. Évidemment, il y aura des discussions qui vont s’ouvrir avec tous les partenaires concernés : Israël d’abord, les partenaires régionaux, les Européens, les Américains, effectivement, qui ont un rôle important dans la région. Mais il m’est difficile de vous dire ce que donneront ces discussions. Les Européens prendront pleinement leur part dans les discussions. Ils ont toujours été très actifs sur ce sujet, tout particulièrement les Français. Je peux vous rappeler tous les déplacements du ministre dans la région. Les échanges, comme je vous le disais dans les éléments d’agenda, vont continuer. Il y a un G7 des ministres des affaires étrangères qui se tient la semaine prochaine au Canada, ce sera à l’ordre du jour et ce sera un sujet de discussion. Encore une fois, il y a cette conférence qui a lieu en juin, coprésidée par la France et l’Arabie saoudite. Donc oui, les Européens prendront pleinement leur part. Je vous rappelle qu’à ce jour, l’Union européenne est très impliquée financièrement dans l’aide aux territoires palestiniens, puisque l’Union européenne est le premier bailleur de fonds de l’Autorité palestinienne. L’implication européenne est forte, elle est présente et elle continuera. Les discussions vont commencer avec des positions qui devront être discutées, mais en tout cas, la position française est claire.

Q - Juste une petite question de clarification, parce que vous insistez sur cette conférence franco-saoudienne et vous dites que la discussion va commencer. Est-ce que vous pouvez dire aujourd’hui qu’Israël sera invité ?

R - C’est une conférence qui aura lieu en juin. Je reviendrai vers vous avec les invités. C’est une conférence dont on sait qu’elle est coprésidée par la France et par l’Arabie saoudite. C’est une conférence qui est issue de discussions qu’il y a eu à l’Assemblée générale des Nations unies. Je vous confirmerai très précisément qui sera impliqué, quels sont les États qui seront impliqués dans la conférence.

Q - Je rappelle jusqu’en 2016, pour les deux conférences de Paris, Israël n’était pas invité.

R - Oui, mais là, justement, je vous dis que je reviendrai vers vous.