Point de presse live du porte-parole adjoint du MEAE

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Q&R - Point de presse live (14 mars 2024)

Q - J’ai quelques questions concernant Haïti. Des chercheurs disent que le fait que le Haïti a dû payer un grand montant d’argent à la France après son indépendance, ça contribue à la situation actuelle. Quelle est votre réaction à ça ? Est-ce que la France a prévu de rembourser cet argent ou une partie de (…)

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Q&R - Point de presse live (22 février 2024)

Q - Deux petites questions. Est-ce que vous confirmez la visite à Paris de William Burns de la CIA qui est attendu demain sur la poursuite de discussions, justement, sur un cessez le feu à Gaza.
Deuxièmement est-ce que vous confirmez aussi des informations, de source marocaine, qu’il y a sur la table un projet enfin une visite du ministre à Rabat ce dimanche ?

R - Pour le premier point vous êtes visiblement mieux informé que moi parce que je n’ai pas connaissance de la visite de monsieur Burns à Paris.
Sur le Maroc, effectivement, nous travaillons actuellement sur une visite du ministre dans les prochains jours.

Q - Quelques questions, s’il vous plaît. D’abord sur les colons qui étaient sanctionnés, les 28 colons que vous avez sanctionnés, il y a quelques jours : vous n’avez pas publié la liste de noms, quelle est la raison ? Est-ce que vous envisagez de publier à un moment cette liste ? Est-ce que vous envisagez d’autres sanctions dans les prochains jours ?
Une question aussi sur le Liban. Sur la proposition que le ministre a présentée il y a deux semaines aux autorités libanaises et aux Israéliens : est-ce que vous avez reçu des réponses d’une partie ou d’une autre ?
Une dernière question, sur la mer Rouge. L’Union européenne a décidé qu’il y aura une mission mais qu’est-ce que ça change en fait pour la France, parce que vous avez déjà une frégate sur place qui a agi en plus cette semaine ? Est-ce que de façon opérationnelle ça change quelque chose pour ce que vous faites déjà dans la région ?

R - Je vais prendre vos questions dans l’ordre, je vais commencer par vous répondre sur les colons. Comme le ministre l’a dit nous étudions la possibilité d’une publication de la liste nominative des colons. Elle n’est pas encore publique mais c’est un point que nous regardons. Je vous rappelle que les colons qui ont été ciblés, les 28 personnes qui ont été ciblées, sont des personnes qui se sont livrées à des actes de violence à l’encontre des populations palestiniennes en Cisjordanie. Il y a deux catégories : des colons qui ont été condamnés par la justice israélienne ou des colons qui sont notoirement connus pour des actes de violence aggravée à l’encontre des Palestiniens…

Q - pardon, je n’ai pas entendu la première catégorie.

R - Des condamnés par la justice israélienne, des colons qui sont notoirement connus pour des actes de violence aggravés à l’encontre des Palestiniens. Quant à savoir si la liste sera élargie nous continuons à lutter contre la colonisation. On considère que la colonisation n’est pas n’est pas un bon signe dans le cadre de des discussions qui doivent s’ouvrir à la création d’un État palestinien et nous continuerons à condamner les violences inacceptables auxquelles se livrent les colons à l’encontre des populations palestiniennes de de Cisjordanie.

Sur le Liban, le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, lors de sa tournée il y a une dizaine de jours a eu l’occasion de faire des propositions en vue d’une désescalade à la frontière entre Israël et le Liban. Ce sont des propositions qui étaient mises sur la table, qui ont été présentées à son homologue israélien mais aussi à son homologue libanais. Ce sont des propositions qui sont toujours en cours de discussion et nous reviendrons vers vous quand il y aura un aboutissement ou qu’il y aura des choses concrètes que nous pourrons annoncer.
Sur la question de la création d’une mission européenne en mer Rouge qui s’appelle ASPIDES, qui a été entérinée par le dernier conseil des Affaires étrangères de lundi dernier : le principe de la mission, c’est toujours le même fil directeur. C’est de considérer que les Houthis sont responsables de l’escalade en mer Rouge et qu’ils sont responsables des conséquences - et notamment sur les navires commerciaux-, de ce qui est fait en en mer Rouge, avec une entrave assez claire à la liberté de navigation, qui est pourtant un principe fondamental du droit international public.

Nous avons, depuis le début , déployé une frégate - la frégate Languedoc - qui est sur zone et qui participe aux actions contre les Houthis. Mais je vous rappelle, selon les termes du Président de la République, c’est une posture qui est défensive, à savoir que la frégate française ne fait que réagir aux attaques des Houthis sur des navires commerciaux. C’est aussi dans cet esprit qu’a été montée cette opération ASPIDES à laquelle la France a apporté son soutien et à laquelle la France participe. Nous étions déjà sur place mais il est important pour la France que nous agissions, en termes de sécurité maritime en mer Rouge, en européen avec tous nos partenaires européens. C’est une opération qui s’inscrit totalement dans la posture défensive qui a été la nôtre depuis le début et ce renforcement de la présence européenne en mer Rouge nous semblait nécessaire. Nous prendrons toute notre part comme nous l’avons fait depuis le début à assurer la sécurité de la mer Rouge et à assurer la sécurité des navires commerciaux qui transitent avec nos alliés européens. C’est une approche européenne qui nous semblait bienvenue et très complémentaire de l’action que nous avions portée à titre à titre national.

Q - Une réunion s’est tenue hier à l’ambassade de France à Beyrouth dans le cadre de la commission nationale, au niveau des ambassadeurs, et il a été encore question d’une aide à l’armée libanaise, question à laquelle, la semaine dernière, vous n’avez pas répondu. Est-ce que là, après cette réunion, la France compte participer à cette aide à l’armée libanaise pour la bonne concrétisation de la résolution 1701 ? Est-ce qu’il y a du nouveau à ce sujet ? D’autant qu’on nous annonce la venue en France du chef de l’armée libanaise dans les prochains jours, est-ce que vous avez quelque chose à dire aujourd’hui ?

R - Non malheureusement, je n’ai pas de chose nouvelle par rapport à ce que j’ai pu vous dire la semaine dernière effectivement la résolution 1701 est toujours notre base notre base de travail. Nous apportons un soutien, depuis longtemps, aux forces armées libanaises qui sont cruciales dans la stabilité de de la région. Nous poursuivons nos efforts avec l’ensemble des interlocuteurs concernés, en vue d’un apaisement, notamment, dans le sud du Liban à la frontière avec Israël, mais je n’ai pas, sur le point que vous soulevez, ce point précis d’aide aux forces armées libanaises, d’éléments plus concrets que la semaine dernière.

Q - Vous venez de dire que le Président de la République a déclaré qu’une attaque d’envergure constituera un point de rupture.
Alors, j’ai plusieurs questions concernant Gaza. Est-ce que ce point de rupture serait un point de rupture de la France avec Israël ?
Deuxième question, concernant les sanctions sur les colons que vous venez d’évoquer. Dans la logique de ce que vous venez de dire, est-ce qu’il est ce que la France n’envisage pas des sanctions contre, notamment, le ministre de la sécurité intérieure Itamar Ben-Gvir qui encourage et arme les colons ?

Toujours sur les la question des armes : dans son dernier rapport annuel au Parlement sur les exportations d’armes françaises publiées en juillet 2003, le ministre des Armées rapporte que la France a notamment autorisé la vente à Israël, en 2022, d’armes de type ML4 pour 9 millions d’euros. Sont classés dans cette catégorie, des armes telles que les bombes, torpilles, roquettes, missiles et charges explosives. Est-ce que des armes françaises sont susceptibles d’être employées par Israël dans sa guerre à Gaza où la Cour internationale de justice a ordonné de prévenir le risque de génocide ? Avez-vous envisagé de cesser la coopération militaire avec Israël comme l’ont demandé des parlementaires et le président d’Amnesty International dans un courrier avant hier au président Macron ?

Une dernière question, concernant la venue en France de ressortissants palestiniens ou franco-palestiniens via le point de passage de Rafah. La France aurait fait le choix de demander l’autorisation des autorités israéliennes pour laisser passer des Palestiniens via l’Égypte. Est-ce que vous confirmez cette information, et si oui, sur quelle base juridique ou légale cette décision se fonderait-elle ?

R - Je vais essayer de répondre à toutes vos questions. Je vais les prendre dans l’ordre.

Le premier point c’est le point de rupture et la reprise, effectivement, des propos du Président de la République.
D’une manière générale, on a toujours défendu une position équilibrée, à savoir qu’il y a effectivement après le 7 octobre, un droit d’Israël à se défendre, mais dans le cadre d’un strict respect du droit international humanitaire. Nous avons dénoncé, depuis le début de l’opération israélienne à Gaza, les frappes sur les infrastructures civiles, et notamment sur les infrastructures hospitalières. Je pense que quand le Président parle de point de rupture, il ne parle pas de rupture sur un plan diplomatique, donc il ne parle pas des relations franco-israéliennes. Il parle de point de rupture en termes de conflit, en termes d’opération sur le terrain, ça veut dire que dans l’esprit de la déclaration c’est le signe qu’effectivement, s’il devait y avoir une opération sur Rafah, ça changerait le cours des opérations, c’est un commentaire qui se place sur ce terrain-là.

Sur la question des sanctions, et notamment sur la question de l’extension des sanctions à d’autres personnes, je n’ai pas d’information de plus à vous donner. Pour le moment, nous avons sanctionné une liste de 28 personnes. C’est un point qui a été discuté au dernier conseil des Affaires étrangères de l’Union européenne, lundi dernier, avec nos partenaires européens ; c’est une discussion qui aura encore cours, j’imagine, et c’est ce que je donnais dans ma précédente réponse, mais pour le moment il n’y a pas de noms supplémentaires qui ont été mentionnés.

Votre troisième question était sur les ventes d’armes à Israël, et je vous en remercie parce que ça me donne l’occasion de de rappeler quand même un petit peu le contexte du processus qui est mis en place pour les ventes d’armes.
La France dispose d’un dispositif de contrôle des ventes d’armes qui est extrêmement strict, c’est un contrôle extrêmement abouti. Chaque demande d’exportation de matériel de guerre repose sur un examen précis et minutieux en interministériel – c’est-à-dire avec l’ensemble des ministères concernés, le ministère de la défense mais pas seulement, aussi le ministère des Affaires étrangères - et il est décidé, au cas par cas ,sur la base de critères très spécifiques - et notamment sur la base des critères qui sont définis par la législation internationale sur le commerce des armes et notamment sur le traité sur le commerce des armes - si une exportation d’armes peut avoir lieu ou pas. Dans cette configuration, il y a des critères qui rentrent en jeu, c’est notamment le respect des droits de l’homme et le respect du droit international humanitaire par le pays destinataire ainsi qu’en faisant une évaluation de ce que pourrait avoir comme conséquence cette livraison en termes de paix, de sécurité et de stabilité régionale. Donc, tout cela est pris en compte, c’est une discussion qui est longue, c’est une discussion qui est collégiale, et les exportations d’armes ne se font pas de manière rapide et inconsidérée.

S’agissant plus particulièrement d’Israël je pense que vous savez qu’en termes de ventes d’armes, la France est historiquement un partenaire marginal en matière d’équipements d’Israël. Pour l’année 2022, pour vous donner des chiffres, le montant de nos exportations en matière d’équipements de défense vers Israël représente 0,1% du montant total de nos exportations de matériel de guerre sur la même année. Encore une fois, c’est un dispositif qui est extrêmement précis extrêmement clair et surtout extrêmement exigeant que nous respectons - y compris s’agissant des exportations d’armes vers Israël - mais qui, encore une fois, représentent une toute petite partie de nos exportations d’armes.

Enfin, sur votre dernière question sur les sorties de Gaza, c’est aussi une question intéressante parce que c’est un processus extrêmement complexe. La France a organisé depuis le début du conflit plus de 200 sorties de personnes ayant la nationalité française, mais pas seulement, puisque ça a concerné aussi les agents de l’institut français de Gaza, leurs descendants, leurs ascendants et aussi d’autres catégories de personnes comme des personnes qui détenaient un titre de séjour français ou qui avaient reçu le droit d’asile en France. Nous avons été très heureux d’annoncer, la semaine dernière, 42 nouvelles sorties de la bande de Gaza, et nous suivons une liste de personnes que nous souhaitons pouvoir voir sortir de la bande de Gaza. Ces sorties, en fait, sont le résultat de démarches des autorités françaises qui sont menées à très haut niveau, vis-à-vis des autorités israéliennes et vis-à-vis des autorités égyptiennes et ça a été un point que le ministre a eu l’occasion de discuter avec son homologue israélien et son homologue égyptien lors de sa dernière visite. Évidemment, ces sorties ne peuvent pas être rendues possibles sans cette discussion avec les autorités israéliennes et sans une discussion avec les autorités égyptiennes…

Q - Pourquoi est-ce que les autorités israéliennes ont leur mot à dire, ce n’est pas un territoire qui est contrôlé par Israël ?

R - C’est un territoire où il y a une administration qui s’appelle le COGAT qui est une administration israélienne qui gère les territoires et c’est à cette administration…

Q - Coloniale, donc ?

R - Ça, je n’en sais rien, il y a des interlocuteurs israéliens qui doivent être sollicités pour pouvoir permettre la sortie de ces personnes. Notre objectif c’est que ces personnes puissent sortir, qu’elles puissent sortir saines et sauves et c’est tous les efforts que nous faisons vont dans ce sens-là et donc nous faisons toutes les démarches nécessaires pour atteindre cet objectif.

Q - Est-ce qu’il y aura demain ou dans les prochains jours des négociations sur les otages en France ? Et en tout cas - je ne sais pas si vous allez répondre oui ou non ou autre chose - est-ce que vous pouvez nous rappeler quelle est la position française sur ces négociations et les objectifs de de la France ?
Sur un autre sujet, vous avez bien dit qu’il y a en préparation une visite du ministre Séjourné à Rabat. Je ne sais pas si la date est fixée, est-ce qu’en tout cas vous pouvez nous dire quels sont les sujets qui seront traités par le ministre au Maroc ? Est-ce qu’il s’agit de la reconstruction de la relation avec le Maroc ? On se rappelle qu’il y avait dans le passé, il y a, je crois, un an, une visite du Président qui ne s’est pas faite, est-ce qu’il est en vue de préparer une visite de d’Emmanuel Macron ?

R - Alors, sur le premier point, sur les otages, je ne vais pas faire de commentaire ultérieur, parce que, ce sont des négociations qui sont, elles aussi, extrêmement complexes et qui nécessitent un haut degré de confidentialité pour pouvoir aboutir. Nous sommes évidemment en lien avec l’ensemble des pays concernés par ces négociations, les autorités israéliennes, les autorités égyptiennes mais aussi les autorités du Qatar, mais nous sommes très prudents. Encore une fois, notre priorité absolue, en l’espèce, c’est une libération immédiate et sans condition de de tous les otages.

Sur la question d’une visite du Ministre au Maroc. Comme je vous le disais, nous travaillons à une visite dans les prochains jours, je reviendrai vers vous avec des éléments beaucoup plus concrets, lorsque cette visite sera vraiment calée. Mais d’une manière générale, il y a un souhait très clair du ministre de s’investir personnellement dans la relation franco-marocaine et l’idée est d’écrire un nouveau chapitre de cette relation, de reprendre un nouvel agenda politique, de regagner en confiance et de remettre cette relation qui est une relation ancienne, qui est une relation d’amitié, de la remettre en mouvement dans une dynamique positive.

Q - Le président de la République a aussi très tôt mentionné la nécessité d’une solution politique en Israël et Palestine. Est-ce que, à part toutes les autres négociations, il y a une initiative, voire des préparations, ici au Quai d’Orsay, ou à l’Élysée, pour préparer le terrain pour une solution politique ?

R – C’est un point très important puisque, la situation actuelle dans la bande de Gaza impose de réfléchir à l’après crise. La France a toujours soutenu les aspirations légitimes du peuple palestinien à disposer d’un État et nous continuerons à œuvrer pour une solution à deux États vivant côte à côte en paix et en sécurité. C’est un point qui a été abordé par le ministre lors de son déplacement dans le Proche-Orient. Nous sommes évidemment, pour reprendre les mots du Président de la République, ouverts à la reconnaissance de l’État de Palestine, au moment où ce sera utile, mais cela doit résulter de négociations, dont la situation actuelle effectivement rappelle l’urgence. L’État palestinien qui doit être créé doit être viable et doit être basé sur un territoire contigu, avec une Autorité palestinienne qui doit être revitalisée. C’est dans cette perspective que nous avons fait beaucoup de déclarations condamnant la colonisation, la violence des colons à l’égard des populations palestiniennes en Cisjordanie. Parce que nous considérons que toutes ces choses sapent les perspectives de paix et surtout sapent toute possibilité et tout espoir d’avoir justement un État palestinien. C’est un point qui est discuté avec l’ensemble de nos partenaires européens, mais aussi l’ensemble des partenaires de la région, parce qu’ils sont concernés au premier chef. Et je serais heureux si je pouvais vous annoncer des résultats concrets sur ce point-là. Mais aujourd’hui, c’est encore une fois une discussion qui a lieu. C’est une discussion qui est complexe, mais qu’on tient à tenir et qu’on tient à faire avancer.

Q - Sur le suivi de cette question, est-ce que la France exerce une quelconque pression sur Tel Aviv pour empêcher une attaque imminente sur Rafah ? Sur le Sénégal, le maire de Dakar a évoqué un risque de coup d’État dans le contexte d’élections reportées ; percevez-vous ce risque que le Sénégal bascule dans ce qui est présenté comme le camp anti-français en Afrique ? Et enfin, dans le contexte de la guerre en Ukraine, est-ce que la France a fermé la porte au dialogue avec la Russie ?

R - Sur la première question, je pense que quand un Président de la République dit qu’il s’oppose fermement à une offensive sur Rafah, qu’il considère qu’une telle offensive serait un point de rupture et que cette offensive ferait basculer la guerre dans une autre dimension, je pense que c’est une forme de message extrêmement clair qui est envoyé aux autorités de Tel Aviv. Alors, est-ce que c’est de la pression ? Je ne sais pas. Mais en tout cas, ces mots, qu’il a exprimés publiquement et clairement, il les a dits aussi au Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou, quand il lui a parlé, il y a un peu plus d’une semaine. Et encore une fois, cette opération serait catastrophique en termes humanitaires, et c’est la raison première pour laquelle il faut absolument l’empêcher. Donc je pense que pour ce qui concerne le Président de la République et les autorités françaises, oui, il y a un message extrêmement clair qui est envoyé aux autorités israéliennes.

Sur le Sénégal notre position est connue. Nous avons appelé, depuis l’annonce par le président Sall du report de l’élection, toutes les autorités et tous les acteurs sénégalais à respecter les termes de la constitution et dernièrement la décision du Conseil constitutionnel dans son entièreté, qui exigeait une organisation des élections dans les meilleurs délais. Nous avons donc appelé à plusieurs reprises les autorités sénégalaises à organiser ces élections dans les meilleurs délais. Nous encourageons aussi l’ensemble des acteurs sénégalais à travailler à un apaisement du climat politique, conformément à la longue tradition démocratique de ce pays. Nous restons très vigilants sur la situation au Sénégal. Mais encore une fois, nous appelons à un respect des termes de la constitution, ce qui signifie l’organisation d’élections dans les meilleurs délais.

Sur la Russie, comment répondre à votre question ? En fait, c’est la Russie qui fait le choix de l’escalade. C’est la Russie qui fait le choix de l’escalade militaire. C’est la Russie qui fait le choix de l’escalade en matière de désinformation. Nous, nous ne faisons que réagir à cette agression. Notre ambassade à Moscou est toujours au travail. Vous avez dû voir l’ambassadeur de France déposer une gerbe de fleurs sur la Pierre de Solovki à la mémoire de d’Alexeï Navalny. Nos messages sont toujours passés aux autorités russes par le biais de l’ambassade. Donc la relation n’est pas rompue, mais encore une fois, c’est un choix de la Russie d’entrer dans une logique d’agression et d’escalade.

Q - Une question sur la Chine : la France et la Chine ont tenu un dialogue stratégique, il y a quelques jours à Versailles. La partie chinoise a fait une communication. Il semble que la partie française ne l’a pas encore fait. Pourriez-vous nous donner quelques informations s’il vous plaît ? Merci.

R - Merci pour cette question. Effectivement, il y a un dialogue stratégique qui s’est tenu au Château de Versailles, cette semaine. Il est d’usage, généralement, qu’on ne communique pas sur les dialogues stratégiques. Nous sommes avec la Chine dans une année qui est importante puisque nous sommes dans l’année du 60e anniversaire de l’établissement de nos relations diplomatiques. Nous sommes dans une année où nous allons constater une intensification des échanges entre nos deux pays, notamment dans différents secteurs, le secteur aéronautique, le secteur de l’agroalimentaire. Donc tout cela nécessite d’avoir un dialogue à haut niveau. C’est le but du dialogue stratégique, pour rappeler un peu nos exigences, notamment en termes d’accès au marché chinois.

Ce qui s’est passé à Versailles, cette semaine, est un épisode d’une longue série de réunions de dialogue stratégique qui constituent un dialogue constant et exigeant entre Pékin et Paris. Le Président de la République a aussi eu l’occasion de s’entretenir avec Wang Yi, le même jour, puisqu’il était présent à Paris. Et il a eu l’occasion de lui rappeler le rôle important que la Chine pouvait jouer, notamment dans le cadre de la résolution de la guerre d’agression russe en Ukraine.

Q - Juste une toute petite question de vérification. Vous avez utilisé le terme autorités de Tel Aviv. C’est qui, les autorités de Tel Aviv ? Est-ce que c’est maintenant le terme officiel que le Quai d’Orsay utilise ?

R - Je crois que ma langue a fourché. Je voulais parler des autorités israéliennes. Mais ma langue a fourché, j’en suis désolé.

Q - Si je peux me permettre, deux questions : une pour préciser, enfin pour rebondir sur votre réponse concernant les armes, la livraison d’armes à Israël, je veux préciser ma question sur les exportations d’armes. Les exportations d’armes françaises vers Israël type ML4, donc offensives ont-elles été utilisées à Gaza ? Et est-ce qu’il y a une réflexion en cours pour stopper la livraison d’armes à Israël dans le cadre de la prévention du génocide exigé par la CIJ ? Ça, c’est ma première question. Ma deuxième question, elle n’a rien à voir, elle porte sur Julian Assange, le journaliste australien qui est détenu en Grande-Bretagne et qui, hier, déposait son ultime demande d’appel en Grande-Bretagne pour lutter contre son extradition vers les États-Unis. Il n’a pas pu se rendre à l’audience, il était très malade, très faible, il n’a pas pu se rendre à l’audience. Est-ce que la France va faire quelque chose pour essayer de libérer ou au moins de mettre en liberté conditionnelle un journaliste qui a révélé des crimes de guerre des États-Unis, l’espionnage de trois présidents français par la CIA, etc., ou est-ce qu’on va le laisser ? Il risque fort de mourir en prison si ça continue comme ça. Est-ce que la France va faire quelque chose pour Julian Assange ou pas ?

R - Sur la première question, je vais reprendre d’abord ça sous l’angle un peu juridique, puisque vous citez la CIJ. Effectivement, et on a eu l’occasion de le dire plusieurs fois, la France est très attachée au rôle de la CIJ et au rôle qu’elle joue en termes de droit international. La CIJ a demandé à la fin du mois de janvier des mesures conservatoires, ce qui n’est pas le prononcé sur le fond de l’affaire. Nous avons pris bonne note des mesures conservatoires qui avaient été demandées par la CIJ. Nous appelons Israël à les mettre en œuvre. Parmi les obligations qui étaient présentes dans ces mesures conservatoires, il y avait l’exigence de libération des otages, à laquelle nous sommes très attachés et les demandes qui s’attachent aussi à Israël, par exemple « prévenir la commission d’actes entrant dans le champ d’application de la Convention, sanctionner les incitations à commettre des actes de génocide, etc. » Donc nous avons appelé les autorités israéliennes à appliquer ces mesures conservatoires, tout particulièrement, et c’est mon dernier point, parce que la Cour demande aussi à ce qu’Israël permette la fourniture des services de base et de l’aide humanitaire à la population de Gaza. Et comme vous le savez, la France est très impliquée dans la fourniture d’aide humanitaire. Alors, après, sur le détail des armements, je ne pourrai pas vous répondre aujourd’hui, je vous propose que nous en reparlions lors d’un prochain point de presse. Je n’ai pas ces détails sur les livraisons d’armes et sur quelles armes sont utilisées ou pas utilisées, et dans quel contexte. Mais je vous propose de revenir vers vous prochainement.

Sur la situation de Julian Assange, on suit avec attention la procédure judiciaire qui est en cours au Royaume-Uni. Il y a une décision de la Haute Cour de justice qui doit intervenir. C’est une décision de justice, nous ne commentons pas les décisions de justice.

Q - Je reviens au dossier libanais. Certains médias libanais parlent d’une réunion qui se tiendrait à Paris le 27 février et à laquelle participeront les pays concernés par le soutien à l’armée libanaise. Est-ce que vous confirmez ?

R - Je pense que ça rejoint peut-être la question de votre collègue. Non, je n’ai pas d’information à vous communiquer là-dessus à ce stade malheureusement.