Nations Unies - Déclaration à la presse de M. Jean-Noël Barrot, ministre de l’Europe et des affaires étrangères, à la suite de la réunion privée du Conseil de sécurité des Nations unies sur la non-prolifération (28 avril 2025)
Nous venons d’échanger au Conseil de sécurité des Nations unies avec Rafael Grossi, Directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique, que je remercie d’être à mes côtés. Je le remercie d’avoir informé le Conseil sur le risque de prolifération, c’est-à-dire le risque de diffusion et de dissémination des armes nucléaires.
C’est la première fois depuis plus de 15 ans que le Conseil de sécurité se réunit dans ce format. Si j’ai convoqué cette réunion aujourd’hui, c’est parce que la situation est grave car le risque de prolifération nucléaire n’a jamais été aussi élevé. Et comme l’a dit le Directeur général, « la prolifération nucléaire est comme un départ de feu dans une forêt de bois sec, c’est l’incendie assuré ». Et notre responsabilité, celle des membres du Conseil, c’est justement de prévenir l’incendie.
Si la communauté internationale a réussi à prévenir jusqu’à présent l’incendie, si le monde a été épargné par les crises et les conflits nucléaires, c’est parce que notre sécurité collective est assurée depuis 55 ans par le Traité de non-prolifération (TNP).
Aux cinq nations dotées de l’arme nucléaire, dont la France fait partie, ce Traité interdit de transférer des technologies nucléaires militaires à des États non dotés et impose de ne pas restreindre la coopération en matière de nucléaire civil. À tous les autres pays, il interdit la détention de l’arme nucléaire.
Ce Traité est aujourd’hui contesté dans ses principes. En conséquence, je le redis, le risque de prolifération nucléaire n’a jamais été aussi élevé.
D’abord, parce que l’Iran est en passe d’acquérir l’arme nucléaire. Il y a 10 ans, l’Iran s’est engagé auprès de la communauté internationale à contenir ses activités nucléaires. Aujourd’hui, l’Iran a franchi tous les seuils qu’il s’était engagé à respecter.
D’après les rapports de l’AIEA, l’Iran dispose de 6.000 kg d’uranium enrichi, soit 30 fois plus que la limite fixée par l’accord il y a 10 ans. De même, là où le temps nécessaire à la constitution d’une bombe pour enrichir l’uranium était fixé dans cet accord à une année, il est désormais de quelques jours seulement. S’ajoute à tout cela le développement de capacités balistiques de longue portée et le soutien aux acteurs non étatiques qui ne finissent plus de déstabiliser le Proche et le Moyen-Orient.
Alors que faire ? Il n’y a pas de solution militaire au problème du nucléaire iranien. Il existe une voie diplomatique pour y parvenir mais c’est un chemin de crète. Avec mes collègues britannique et allemand, nous sommes en contact étroit avec Marco Rubio, le Secrétaire d’État américain. Nous saluons, soutenons et encourageons le dialogue engagé par les États-Unis avec l’Iran. Nous souhaitons qu’il réussisse.
Mais il va de soi qu’à l’expiration de l’accord sur le nucléaire iranien dans quelques semaines, si les intérêts de sécurité européens n’étaient pas garantis, nous n’hésiterions pas une seule seconde à réappliquer toutes les sanctions qui ont été levées il y a 10 ans. Ces sanctions fermeraient alors durablement l’accès iranien aux technologies, aux investissements et au marché européen, avec des effets dévastateurs sur l’économie du pays. Ce n’est pas ce que nous souhaitons et c’est pourquoi j’appelle solennellement l’Iran à prendre aujourd’hui les décisions qui s’imposent pour éviter le pire.
Face à ce péril, je salue le rôle clé que joue l’AIEA et son Directeur général, Rafael Grossi, qui rendra prochainement son rapport sur le programme nucléaire iranien. Son intervention aujourd’hui à huis clos devant le Conseil de sécurité nous a invités à agir de manière urgente et de manière décisive.
Nous n’avons pas le droit à l’échec car nous connaissons le coût de l’échec.
La Corée du Nord poursuit son programme nucléaire de façon effrénée, totalement désinhibée, en violation absolue de toutes les résolutions et injections du Conseil de sécurité. Cette course à la bombe qui menace la sécurité de l’Asie toute entière doit être lourdement sanctionnée.
La Russie, quant à elle, ferme les yeux, sur le programme nucléaire nord-coréen en échange d’un soutien militaire nord-coréen à sa guerre d’agression contre l’Ukraine. C’est indigne d’un membre permanent du Conseil de sécurité, indigne d’une puissance dotée, signataire et gardienne du Traité de non-prolifération, indigne et irresponsable.
Avec ce Traité, le multilatéralisme aujourd’hui contesté a fait toutes ses preuves en matière de maitrise de risques de prolifération nucléaire.
Alors que nous préparons son réexamen l’année prochaine, j’appelle chacun à faire preuve de responsabilité.
Q - What is the view of France of having a bilateral Iran agreement instead of a multilateral one, does it serve the European Union ?
R - What serves the interest of Europe is for Iran never to have a bomb. That’s why we support and encourage the ongoing discussion between the US and Iran. We are coordinating closely with Marco Rubio and Steve Witkoff, because as you know, we are getting closer and closer, every week to the expiration of the JCPoA. Europeans that remain within the framework of the JCPoA will have an important decision to make by the summer, the decision to re-apply the sanctions that were lifted 10 years ago, and this of course, will depend on the commitments that Iran is willing to make. What we are sensing is willingness on both parts to reach an agreement that would lead to a concrete, tangible and verifiable rollback of Iran’s nuclear programme. We also call upon Iran to stop its regional destabilisation actions. And we hope that the ongoing discussion will be fruitful and will lead to concrete decisions.
Since you mentionned the Zaporizhzhia nuclear power plant, I also want to command the IAEA for the outstanding work they have been doing to secure what is the largest nuclear power plant in Europe and that has been the target of Russian strikes in recent months and that will need to be, sort of, currated in order for it to start back because this will be a key component of Ukraine sovereignty going forward.