Communiqué conjoint des Ministres du groupe restreint de la coalition contre Daech (30 mars 2021)

Partager

Les ministres des Affaires étrangères du groupe restreint de la Coalition internationale contre Daech se sont réunis aujourd’hui à distance, à l’invitation de la Vice-Première ministre et ministre des Affaires étrangères belge, Sophie Wilmès, et du secrétaire d’État américain, Antony J. Blinken, pour réaffirmer leur détermination commune à poursuivre la lutte contre Daech en Irak et en Syrie, et à créer les conditions d’une défaite pérenne du groupe terroriste, qui demeure l’objectif unique de la Coalition, grâce à des efforts globaux et multidimensionnels. Les ministres ont mis l’accent sur la protection des populations civiles et ont affirmé la nécessité de respecter en toutes circonstances le droit international, notamment le droit international humanitaire, le droit relatif à la protection des civils, en particulier des enfants, et le droit international des droits de l’Homme, ainsi que les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité des Nations Unies. À cet égard, ils ont souligné qu’il était nécessaire de faire cesser et d’empêcher les violences ainsi que les violations graves des droits des enfants, d’améliorer durablement la protection des enfants touchés par des conflits armés et de veiller au respect des droits fondamentaux des femmes. Les ministres, rappelant leur déclaration du 4 juin 2020, se sont engagés à renforcer leur coopération dans tous les domaines d’action de la Coalition pour faire en sorte que Daech et ceux qui lui sont affiliés ne puissent reconstituer d’enclave territoriale ni continuer à menacer nos nations, nos populations et nos intérêts. Les ministres sont unanimement indignés par les exactions commises par Daech et ils demeurent déterminés à éliminer cette menace mondiale.

Les ministres ont reconnu que la menace perdurait, bien que Daech ne contrôle plus de territoire et que près de huit millions de personnes aient été libérées de son emprise en Irak et en Syrie. Ils ont exprimé leurs condoléances et réaffirmé leur soutien aux autorités irakiennes face à la recrudescence des agissements de Daech en Irak et en Syrie au cours des derniers mois, notamment après le double attentat suicide perpétré à Bagdad le 21 janvier dernier, et ont appelé à la poursuite de leur action coordonnée. Cela passe notamment par l’octroi de moyens civils et militaires appropriés en soutien aux efforts déployés par les forces de la Coalition et de ses partenaires légitimes pour lutter contre Daech en Irak et en Syrie, en particulier en appui à la stabilisation des zones libérées, pour préserver la stabilité de ces deux pays ainsi que nos intérêts en matière de sécurité collective. Les ministres ont pris note du nouvel engagement 2021 pour la stabilisation, rappelant l’importance des efforts collectifs de stabilisation pour vaincre Daech dans la durée et éliminer les conditions favorables à sa montée en puissance.

Les ministres ont réaffirmé leur détermination inébranlable à poursuivre leur étroite coopération avec le gouvernement irakien et le soutien qu’ils lui apportent. Il demeure essentiel d’adopter des mesures appropriées visant à accroître l’efficacité opérationnelle et la coordination des efforts déployés collectivement pour maintenir la pression nécessaire sur Daech. La Coalition intervient en Irak à la demande du gouvernement irakien, dans le plein respect de la souveraineté irakienne et dans le but de renforcer la sécurité de ce pays. Les ministres ont rappelé que les attaques contre les forces de la Coalition et ses partenaires irakiens, comme celles commises à Erbil, Bagdad et Al Asad, étaient inacceptables et mettaient en péril les efforts collectifs, aux dépens de la population irakienne. Ils ont salué la décision prise lors de la réunion des ministres de la Défense de l’OTAN le 18 février dernier concernant l’augmentation progressive de la mission non combattante, de conseil et de formation de l’OTAN en Irak, avec le plein assentiment du gouvernement irakien et en complément des efforts déployés par la Coalition. Alors que la crise mondiale de la COVID-19 a des répercussions sur les activités et les opérations de la Coalition, les ministres ont salué le travail constant mené avec les forces partenaires pour atténuer les conséquences de la pandémie tout en apportant un soutien continu visant à poursuivre l’élimination de Daech. Ces avancées ont été favorisées par l’amélioration du partage d’informations en matière criminelle relatives au terrorisme par les autorités irakiennes via les canaux d’échange d’INTERPOL, dans le cadre des actions menées par la Coalition dans le domaine de la police et de la justice.

En Syrie, la Coalition se tient aux côtés du peuple syrien en faveur d’un règlement politique durable, conformément à la Résolution 2254 du Conseil de sécurité des Nations Unies. La Coalition doit continuer d’être vigilante face à la menace du terrorisme sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations, de consolider les progrès accomplis et d’agir conjointement face à toute menace qui remettrait ces progrès en cause afin d’éviter tout vide sécuritaire dont Daech pourrait profiter. Les ministres ont constaté que Daech avait repris ses activités dans les zones où la Coalition n’intervient pas, et qu’il était capable de reconstruire ses réseaux et ses capacités pour cibler les forces de sécurité et les civils.

Ils ont par ailleurs salué la tenue de la réunion de la Coalition le 10 novembre dernier sur la menace représentée par Daech en Afrique de l’Ouest, relevant avec inquiétude la menace grave croissante que font peser les groupes affiliés à Daech en Afrique de l’Ouest et dans le Sahel, ainsi que la menace émergente que représente Daech dans d’autres régions du continent africain, en particulier en Afrique de l’Est. La Coalition a réaffirmé sa volonté de continuer à examiner la façon dont elle pouvait contribuer aux efforts collectifs pour lutter contre la menace posée par Daech dans ces régions, de déployer ces efforts à la demande des pays concernés et avec leur accord préalable et en étroite coordination avec les partenaires africains et les initiatives existantes comme la Coalition internationale pour le Sahel, dans le plein respect du droit international. Les ministres ont noté que la collecte, la protection et le partage de preuves issues des théâtres d’opération grâce aux canaux bilatéraux et/ou multilatéraux d’INTERPOL, ainsi que la nécessité d’une sécurité globale aux frontières, étaient identifiés comme des domaines possibles d’engagement de la Coalition internationale dans la région.

Les ministres, reconnaissant les difficultés soulevées par les combattants terroristes étrangers détenus ainsi que par les membres de leur famille restés en Irak ou en Syrie, se sont engagés à recourir aux mécanismes de redevabilité efficaces existants, en étroite coordination avec les pays d’origine, y compris s’agissant des combattants ayant eu recours à la violence sexuelle comme instrument de terreur. Ils demeurent résolus à encourager les efforts pour faire en sorte que les terroristes présumés, y compris ceux de nationalité étrangère, soient traités de manière appropriée et jugés de manière conforme aux obligations du droit international, en garantissant en particulier leur droit à un procès équitable, et ils ont appelé les gardiens des combattants terroristes étrangers de Daech détenus à toujours les traiter avec humanité et dans le respect du droit international. Les ministres ont également reconnu que la situation des membres de Daech détenus et de leurs familles au nord-est de la Syrie était très préoccupante et ils ont souligné qu’il était important de trouver une solution globale à ce problème grave.

La Coalition a réaffirmé sa conviction qu’un effort général et collectif restait nécessaire pour parvenir à vaincre Daech de manière totale et durable partout dans le monde. La Coalition internationale contre Daech a montré qu’elle était une alliance solidaire, souple et efficace, qui continuera à soutenir cette entreprise importante par des actions dans les domaines politique, militaire, de la stabilisation, des communications, de la lutte contre le financement, de la police et de la justice. Les ministres ont également réaffirmé leur intention d’organiser la prochaine réunion ministérielle de la Coalition internationale en Italie, dès que la situation le permettra.