Conférence de presse conjointe de Catherine Colonna, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, et de Rafael Grossi, directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (New York, 21 septembre 2022)

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Mme Colonna

Monsieur le Directeur général, voulez-vous, avec moi, rendre compte, s’il vous plait, de cette réunion que nous venons d’avoir. Je m’exprimerai très brièvement et laisserai le soin au Directeur général de compléter puisque c’est lui qui est en charge d’une importante mission qui vise à réduire les risques d’incidents nucléaires à la centrale de Zaporijjia.

La situation est en effet à la fois inédite et grave, puisque une centrale nucléaire civile se trouve occupée par les forces armées russes, et de plus elle se trouve sur la ligne de front, ce qui fait peser un risque réel d’accident, risque que nous devons absolument éviter. Et c’était donc l’objet de la réunion de haut niveau qui vient de se terminer, qui a été réunie ici par le Président de la République en présence du Premier ministre ukrainien, puis nous avons continué avec nos collègues ministres, et qui visait à nous permettre de réfléchir ensemble à la façon de réduire ce risque d’incident ou d’accident nucléaire, mais aussi à la façon de progresser ensemble concrètement vers l’objectif qui est le nôtre : qui est une démilitarisation de la centrale, dans le respect de la souveraineté de l’Ukraine et de son intégrité territoriale, et selon les lignes que propose l’Agence et que le Directeur général va vous rappeler. J’ajoute évidemment que le contexte du jour rend cette réunion particulièrement pertinente.

Nos échanges ont permis - je crois, je le dis au nom de mes collègues - de souligner notre soutien aux efforts, à la mission, au courage et aux initiatives de l’Agence et de son Directeur général. Soutien bien sûr aux 7 principes classiques de sûreté et de sécurité nucléaire ; soutien à la pérennisation de la présence de l’Agence sur place à Zaporijjia ; et soutien au principe de l’établissement d’une zone de protection, dans le respect de la souveraineté ukrainienne et avec les lignes que le Directeur général pourra nous préciser.

Voilà, permettez-moi d’insister simplement pour conclure sur l’importance, dans le contexte comme en soit, de notre réunion d’aujourd’hui. Nous avons voulu marquer notre plein appui au travail de l’Agence, et manifester à nouveau notre unité et notre solidarité pour que l’Ukraine recouvre sa souveraineté, son intégrité territoriale et son indépendance. Ça reste notre priorité, c’était aussi le but de la réunion d’aujourd’hui. Monsieur le Directeur général.

M. Grossi

Merci, merci chère Catherine, merci madame la Ministre. Si on est ici, à la mission française auprès des Nations unies, c’est aussi une marque d’engagement politique, personnelle aussi, du Président de la République. Emmanuel Macron, depuis le début de cette crise a été très présent et très actif dans la protection des installations nucléaires en Ukraine. Maintenant, aujourd’hui, la réunion qui a été convoquée par lui et par Madame la Ministre a été essentielle, autour aussi des autorités ukrainiennes et d’autres pays amis pour faire, en sorte qu’on puisse faire un pas en avant vers la protection d’une installation nucléaire, qui est sous le feu.

J’ai dit, il y a quelque jours au Conseil de sécurité, qu’on était en train de jouer avec le feu et ça continue. La situation se dégrade encore et on ne peut pas se permettre le luxe d’attendre que quelque chose de regrettable, de catastrophique arrive. Nous avons les moyens de l’éviter. Et donc on va mobiliser politiquement et techniquement, et de là mon rôle, le rôle de l’Agence nucléaire de Vienne, de proposer des paramètres techniques visant à donner la protection nécessaire à cette installation.

Après notre rencontre d’aujourd’hui, je vais continuer avec le ministre des Affaires étrangères ukrainien Dmytro Kuleba en parlant sur les détails, les paramètres techniques dont je viens de me référer. J’ai aussi eu l’occasion déjà de rencontrer le ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, Monsieur Lavrov, avec lequel on a aussi commencé ces discussions. Maintenant le processus est lancé, il faut qu’on réussisse et cet appui de la France, des pays amis et de la communauté internationale est indispensable pour éviter l’impensable, une catastrophe nucléaire en Ukraine. Merci.

Q - Monsieur Grossi, est-ce qu’il y a aujourd’hui toujours un vrai risque d’accident nucléaire à Zaporijjia ?

M. Grossi - Évidemment, tant qu’il y aura des bombardements sur une installation nucléaire, les risques sont énormes.

Q - Et donc qu’est-ce qu’on fait ?

M. Grossi - Il faut la protéger. On sait comment faire et on va proposer aux autorités ukrainiennes des paramètres techniques pour le faire.

Q - Démilitariser c’est possible vous pensez ?

M. Grossi - Démilitariser, c’est un but évidemment, atteignable, mais pour l’instant l’ordre du jour c’est protéger. Parce qu’on est sous le feu.

Q - Mr Grossi, how do you continue these safe talks when the President of Russia is talking about a general partial mobilization, referendum in the area where the nuclear power plant is, it seems that these talks will be blown away. And secondly if you do manage to get these talks on the road, I mean who’s supposed to inforce this? It’s not gonna be your two inspectors so how do you to stop this from actually happening?

M. Grossi - Well there are many affirmations in what you are saying. First of all, I would say, even in the worst of conditions, diplomacy should never stop. We cannot simply throw our hands and say “well look at what is being said, let’s go away” and hope that something will happen to solve this situation. It’s our responsibility to do it by proposing pragmatic, realistic, feasible proposals on the table. And this is what we are trying to do. Regarding the observance of the zone, we believe we are confident, that we are experts, we are working in a direction of enlarging our presence there. Of course, we are an international Agency, we do not have enforcing powers but we have one power is that we tell the truth and we report it to the world, and this in itself has enormous value.

Mme Colonna - It is work in progress so not every details can be given now. Maybe the Director should mention that he met Mr Lavrov this morning; so it is really work in progress. Thank you.