Journée de l’Europe : comprendre les positions françaises au sein de l’UE

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Il y a 75 ans, le 9 mai 1950, Robert Schuman, ministre français des Affaires étrangères, prononçait un discours au Salon de l’Horloge du MEAE, en faveur d’une mise en commun des ressources de charbon et d’acier. Cette déclaration est considérée comme l’acte fondateur de l’UE. À l’occasion de la journée de l’Europe, le 9 mai 2025, retour sur les positions majeures que porte aujourd’hui la France au sein des institutions européennes.

La France, pionnière dans la construction européenne

La France a été un moteur de l’intégration européenne. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la France attache une importance particulière à la construction européenne.
Le 9 mai 1950, Robert Schuman, ministre français des Affaires étrangères, propose aux pays européens de créer une structure commune pour gérer les ressources de charbon et d’acier. Cette déclaration est prononcée au Quai d’Orsay dans le salon de l’Horloge. Elle a une portée symbolique à plusieurs titres :

  • Elle propose de rassembler des pays qui étaient ennemis lors des deux Guerres mondiales, cinq années après l’arrêt des combats ;
  • Elle a pour ambition de créer une organisation ouverte aux autres pays européens qui le souhaiteraient.

Les priorités de la France au sein de l’UE aujourd’hui : souveraineté, protection, et État de droit

Aujourd’hui, l’UE est marquée par des crises multiples (Brexit, pandémie de COVID-19, retour de la guerre d’agression russe en Ukraine, potentielle guerre commerciale, cybersécurité, changement climatique) et des contestations du notre modèle démocratique européen. Dans ce cadre, la France porte des positions concrètes en faveur d’une Europe souveraine, protectrice, et démocratique.
Ces positions ont fait l’objet d’une expression publique du Président de la République, dite « discours de la Sorbonne », en 2017 et en 2024, et se déclinent sur plusieurs volets :

En matière de défense :

  • La France appelle à la création d’une « défense européenne crédible », indépendante mais complémentaire de l’OTAN ;
  • La France porte le concept d’« autonomie stratégique européenne », une expression qui désigne la capacité de l’UE à agir de manière indépendante pour défendre ses intérêts sans dépendre de puissances extérieures
  • La France soutient les annonces de la Présidente de la Commission dans le cadre du livre blanc pour la défense européenne et le plan « Réarmer l’Europe »

En matière de souveraineté :

  • Energétique : La France prône la construction d’une souveraineté énergétique européenne dont l’objectif est de donner les moyens à l’UE de s’approvisionner de façon autonome en énergie. Cet enjeu est devenu majeur depuis la guerre d’agression russe en Ukraine et ses conséquences sur le prix du gaz. Cette souveraineté énergétique tient également en compte les enjeux du développement durable.
  • Economique : Face aux défis de la mondialisation, la France défend une Europe compétitive, notamment sur le plan des technologies et de l’intelligence artificielle.

En matière de soutien à l’Ukraine :

  • La France soutient l’Ukraine dans la guerre d’agression russe ;
  • La France ne reconnaît pas et ne reconnaîtra jamais l’annexion par la Russie de territoires ukrainiens, ni les résultats des simulacres d’élections qui y sont organisées.
  • La France a soutenu les paquets de sanctions contre la Russie et la Biélorussie.

Comment la France porte ses priorités au sein de l’UE ?

Le Président de la République représente la France au Conseil européen. Le Conseil européen réunit les chefs d’État ou de Gouvernement des États membres, ainsi que le président du Conseil européen et le président de la Commission. Le haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité participe également à ces travaux.

Le Premier ministre joue un rôle central dans la coordination des questions européennes, notamment à travers la supervision du Secrétariat général des affaires européennes (SGAE). Le SGAE assure la coordination de l’action du gouvernement dans le domaine européen. Garant de la cohérence et de l’unité des positions françaises, le SGAE arrête celles-ci à l’issue de concertations interministérielles. Sa mission couvre l’ensemble des domaines définis par le Traité sur l’Union, à l’exception de la politique étrangère et de sécurité commune, pour laquelle la coordination est assurée par le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères.

Au sein du Gouvernement, le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères (Jean-Noël Barrot) et le ministre délégué auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, chargé des affaires européennes (Benjamin Haddad), expriment la position de la France sur les grands dossiers européens.

Le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères représente la France à la réunion du Conseil Affaires étrangères (CAE), qui réunit les ministres des affaires étrangères des États membres. Aux termes du traité, « le Conseil des affaires étrangères élabore l’action extérieure de l’Union selon les lignes stratégiques fixées par le Conseil européen et assure la cohérence de l’action de l’Union ».

Le ministre délégué chargé de l’Europe représente la France à la réunion du Conseil Affaires générales (CAG), qui réunit les ministres chargés des affaires européennes. Aux termes du traité, « le Conseil des affaires générales assure la cohérence des travaux des différentes formations du Conseil. Il prépare les réunions du Conseil européen et en assure le suivi en liaison avec le président du Conseil européen et la Commission ».

La Représentation permanente de la France auprès de l’Union européenne (RPUE), basée à Bruxelles, constituée de quelque 230 collaborateurs, assure la conduite des négociations au sein des instances du Conseil de l’Union européenne et les relations avec les autres institutions, en particulier le Parlement européen et la Commission européenne.

Enfin, les 81 députés européens, ainsi que les élus nationaux, régionaux et locaux peuvent être amenés à jouer un rôle de représentation de la France au sein de différentes institutions.