Union européenne - Déclaration de Jean-Noël Barrot, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, à son arrivée au Conseil Affaires étrangères (Bruxelles, 18 novembre 2024)
En Ukraine, rappelons-nous que le combat des Ukrainiens, c’est aussi le nôtre. Et, de ces mille jours, il ressort d’abord l’échec de la Russie à atteindre ses buts de guerre. Il ressort également la résilience et le courage des Ukrainiens, qui ont payé un tribut colossal à la défense de leur territoire, mais aussi à la défense du continent européen. Plus de 10.000 morts parmi les civils, plus de 20.000 blessés, des enfants ukrainiens arrachés à leur famille, déportés vers la Russie, ce qui vaut d’ailleurs à Vladimir Poutine un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale pour crimes de guerre. Dans ce contexte, la responsabilité des amis, des alliés de l’Ukraine, c’est évidemment de lui permettre, le moment venu, dans les conditions qu’elle jugera pertinentes, d’entrer dans des négociations de paix, en position de force. Et pour cela, nous avons des leviers qu’il nous faut activer : le levier de l’aide financière, le levier de la formation et de l’équipement et le levier des sanctions.
Sur le plan de l’aide financière, il faut que les 50 milliards d’euros tirés des actifs russes gelés, agréés au niveau du G7, puissent parvenir le plus rapidement possible aux Ukrainiens.
Sur le plan de la formation, les 2.300 soldats ukrainiens de la brigade Anne de Kyiv, qui viennent d’être formés en France et équipés en France vont, dans quelques jours, regagner l’Ukraine pour pouvoir se déployer sur le front. Il faut continuer avec ces initiatives qui sont soutenues par l’Europe au travers de l’opération EUMAM.
Sur le plan des sanctions, nous allons décider aujourd’hui d’un nouveau train de sanctions ciblant des entités, des individus qui soutiennent l’effort de guerre russe. Les sanctions doivent nous permettre d’assécher les ressources que la Russie engloutit dans cette guerre, depuis deux ans et demi maintenant.
Un mot du Proche et du Moyen-Orient où la situation est catastrophique. Au Liban d’abord, je veux avoir un mot pour la militaire française du contingent français de la FINUL, qui est tombée dans l’exercice de sa mission. Une pensée pour elle, pour ses proches et sa famille, et puis pour ses camarades de ce contingent français en saluant leur courage et leur professionnalisme. La situation au Liban est connue, la violence et la guerre créent des tensions extrêmement fortes qui menacent de précipiter le pays dans le chaos. Dans ce contexte, notre responsabilité, celle des Amis du Liban, au premier rang desquels la France, c’est bien évidemment de soutenir les institutions du Liban et en particulier les forces armées libanaises. C’est ce que nous avons fait le 24 octobre dernier à Paris. Nous avons réuni une conférence internationale qui a permis de lever 1 milliard de dollars, dont 200 millions de dollars au profit des forces armées libanaises. Et puis, à Gaza et en Cisjordanie, la situation est catastrophique. Les canons doivent se taire, le feu doit cesser, les otages doivent être libérés et l’aide humanitaire doit pouvoir être acheminée massivement dans l’enclave à Gaza. La colonisation agressive des territoires de Cisjordanie doit cesser également. La seule perspective durable pour une paix juste dans la région, c’est celle qui repose sur deux États, l’État d’Israël et de Palestine, vivant en paix et en sécurité côte à côte avec des reconnaissances mutuelles et des garanties de sécurité. C’est ce que je vais plaider aujourd’hui et c’est la position que l’Union européenne doit tenir.
Un mot sur le Mercosur qui, comme l’a exprimé le président de la République hier, comme le Premier ministre l’a exprimé à la Présidente de la Commission européenne, Mme Ursula von der Leyen jeudi dernier, qui est inacceptable en l’état. Pour des raisons démocratiques, nous voulons que le mandat du Conseil, celui d’un accord d’association soumis à l’approbation des États membres, soumis à la ratification des parlements nationaux, soit respecté. Pour des raisons de cohérence, nous devons faire en sorte que nos politiques commerciales et nos politiques environnementales soient cohérentes. Il est impensable qu’alors que nous imposons à nos producteurs, qu’ils soient agricoles ou industriels, en Europe des contraintes, des exigences particulièrement fortes, que nous ne demandions pas à nos partenaires commerciaux de respecter ces mêmes exigences, que ce soit le respect de l’accord de Paris ou un certain nombre de règles environnementales et sanitaires.
Q - Vous dites que la situation à Gaza est une catastrophe. Il y a des catastrophes de plus d’un an maintenant, mais les Européens ne trouvent pas une vraie solution. Est-ce que les sanctions, c’est une solution maintenant contre l’Israël ?
R - Je vous rappelle que c’est à Paris, un mois après le 7 octobre 2023, et ce massacre antisémite qui est le plus terrible de notre histoire depuis la Shoah, c’est à Paris qu’a été organisée la première conférence internationale de soutien à Gaza qui a permis de lever un milliard d’euros. Je voudrais également rappeler que c’est la France, c’est aussi l’Union Européenne, qui soutiennent aujourd’hui l’autorité palestinienne financièrement. Et je veux saluer les progrès récents pour que cette nouvelle tranche de financement européen puisse parvenir rapidement à l’autorité palestinienne. Je veux aussi rappeler que, s’agissant de la colonisation, mais ça concerne d’abord la Cisjordanie avant Gaza, l’Union Européenne a, à deux reprises, pris des mesures de sanction à l’encontre d’entités ou d’individus s’étant rendus coupables ou complices de faits de colonisation violente. Nous travaillons actuellement un troisième paquet de sanctions. Je crois qu’il faut que nous puissions avancer. D’autres pays l’ont fait avant nous, y compris les États-Unis, dont le soutien à Israël ne fait aucun doute. Il appartient à l’Union Européenne, tout en restant attaché, bien évidemment, à la sécurité d’Israël pour aujourd’hui et pour demain, de pouvoir envoyer un signal fort que dans l’intérêt d’Israël, la colonisation agressive en Cisjordanie doit cesser.
Q - Minister, will France follow President Biden’s decision in authorizing Ukraine to use long-range missiles to strike deep into Russia ?
R - Well, you have heard President Macron on May 25th, in Meseberg, earlier this year, we openly said that this was an option that we would consider if it was to allow to strike targets from where Russian are currently aggressing Ukrainian territory. So, nothing new on this.
Q - Minister, just one question concerning the situation in the MIDDLE EAST. Mr. Borrell just said now that he is proposing to review the political relationship with Israel because of the evaluation of human rights. What do you think of this review and this relationship ?
R - Well, you know, we’ll have this discussion today. As I just mentioned, there is ongoing work at the European level about sanctions that could target destabilizing actors in the Middle East, maybe Hamas by the way, or violence settlers that are threatening the security of Israel. This is why France, the Netherlands, but also other countries are pushing to assert the support of the EU the security of Israel, while sanctioning those that threaten that very security./.