Bruxelles, le 15 mai 2025

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Bonjour à tous, un Conseil très important format Commerce aujourd’hui dans un contexte de commerce international évidemment toujours trouble.

Alors que la Commission européenne a entamé des discussions avec l’administration américaine, la position française qui est défendue demeure la même, d’abord aller vers la désescalade de cette guerre commerciale que nous n’avons jamais souhaitée et que nous considérons comme néfaste pour tout le monde, néfaste pour les exportations européennes bien sûr, mais aussi néfaste pour les Etats-Unis, et je crois que c’est cette discussion autour d’un agenda positif qui doit aujourd’hui présider.

Et puis la position de la France a toujours été très claire et nous le répéterons aujourd’hui, il nous faut aussi nous préparer à des contre-mesures, à des mesures de rétorsion si les négociations n’aboutissaient pas. Il faut aussi avoir conscience que la période de suspension de 90 jours qui a été proposée à la fois du côté américain et du côté européen reste fragile. Et à l’heure où on se parle, la situation reste inacceptable en termes de droits de douane additionnels imposés par les Etats-Unis, puisque les 25% de tarifs sur l’acier d’aluminium, sur l’automobile et puis les 10% de ce qui est donc appelé aujourd’hui comme des droits de douane réciproques, reste une situation qui n’est pas tolérable et acceptable.

Donc il nous faut une discussion qui nous permette une sortie par le haut, faute de quoi nous devons continuer à travailler à des mesures possibles de réponse et de riposte européenne parce que l’Europe est une puissance commerciale, c’est un marché unique de 450 millions de consommateurs qui doit donc faire savoir ses droits dans cette situation internationale qui à nouveau crée des risques nouveaux. Et nous devrons aussi parler des conséquences que cette nouvelle situation commerciale, notamment sur les sujets des surcapacités asiatiques vers le marché européen.

Et puis enfin c’est un Conseil qui devra également être l’occasion de parler de l’avenir pour l’Europe et comment est-ce que nous devons diversifier nos débouchés commerciaux, comment est-ce que nous devons préparer de futurs accords commerciaux avec d’autres parties du monde, d’autres parties qui veulent elles aussi diversifier leurs partenariats stratégiques et commerciaux avec l’Europe et avec la France. Et donc c’est tout cela, un agenda chargé mais dans un contexte international qui l’impose, qui sera à l’ordre du jour.

Q - Monsieur le Ministre, peut-être sur les Etats-Unis, la liste qu’a proposée la Commission la semaine dernière. La Commission attend vos retours sur cette liste de produits. Est-ce qu’elle est suffisante pour vous ? Qu’est-ce sera votre message pour aujourd’hui ? Et est-ce que vous allez vouloir retirer le whisky bourbon de cette liste ?

R - À nouveau, nous sommes dans une discussion qui aujourd’hui est une préparation à mesure de rétorsion. Il faut faire les choses dans l’ordre. La situation de suspension, elle est fragile mais elle doit d’abord nous permettre de ne pas mettre en place ces mesures de rétorsion. Et donc nous faisons effectivement des allers-retours comme tous les Etats membres avec la Commission, à la fois pour regarder ce qui est le plus juste en termes de réponse sur les biens mais aussi, souvenez-vous, le 7 avril à Luxembourg on avait aussi évoqué tous les autres sujets qui pouvaient être mis sur la table, je pense notamment au sujet des services. Et cela doit aussi encore être travaillé. Et donc nous sommes en train de faire un travail avec les filières françaises parce qu’il ne faut pas que les mesures de réponse soient aussi des cibles dans le dos de certaines filières. Donc effectivement cela rejoint votre question, nous devrons être vigilants à l’ensemble des acteurs qui sont peut-être plus vulnérables que les autres parce que non délocalisables et parfois aussi très symboliques de nos territoires.

Q - Minister, excuse me, I will ask my question in English, if I may. You talked about diversification. Your Austrian colleague will suggest or is suggesting to invite Canada and Israel to join the economic area of Europe in order to deepen trade relations as well. Is this something worth discussing, especially talking about Israel ?

R - Well, first of all, deepening trade relationship means we can develop FTAs first. And there are countries such as Canada, we have the CETA, for example. Some countries such as France have to, of course, ratify it in our own Parliament. But what we can do today is accelerating new FTAs. And, you know, as all my counterparts, I’m traveling a lot in all parts of the world, Southeast Asia and other parts of the world that are willing to work and to develop trade relationship with Europe. So new FTA is a great answer. So before entering a common area, let’s prepare new FTAs with new parts.

Q - Est-ce que les mesures de rétorsion, est-ce qu’ils devraient comprendre aussi les GAFAM, les services ? Est-ce que vous allez mettre ce poids sur la balance ?

R - La position de la France a toujours été très claire là-dessus. Il ne faut rien s’interdire si une négociation est chaude. Donc, dans l’ordre, on fait tout pour sortir par le haut d’une situation que nous n’avons pas voulue. Deuxièmement, nous préparons tout ce qui peut être mis sur la table si l’issue ne veut pas être favorable du côté américain. Mais, permettez-moi d’être plus optimiste et de croire que la raison l’emportera sur la question commerciale parce qu’à la fin, ni l’économie européenne, ni l’économie américaine n’a intérêt à garder le niveau actuel que nous avons sur les droits de douane.

Q - Et qu’est-ce que vous pensez des accords que l’administration Trump a fait avec la Chine et la Grande-Bretagne ? Est-ce-que c’est une bonne piste pour nous en Europe ?

R - Je crois qu’il faut être vigilant sur le fait que s’arrêter à 10% de tarifs réciproques serait une bonne nouvelle. Je crois qu’il faut rester ferme, d’abord, sur le fait qu’imposer ces droits de douane, dits réciproques, je dis dits réciproques car considérer que la TVA, par exemple, est un droit de douane côté européen, est quelque chose qui, pour moi, ne peut pas être accepté et entendu. Et donc, rester sur le schéma actuel, même suspendu 90 jours, de 25% sur l’acier aluminium, 25% sur l’automobile, 10% sur presque tout le reste, en attendant peut-être de nouvelles mesures sur des secteurs comme la pharmacie, etc., ne peut pas être considéré comme tolérable et comme quelque chose d’acceptable. Donc je laisse évidemment chaque pays souverain dans sa négociation avec les Etats-Unis par définition, mais je crois qu’on aurait tort au sein de l’Union européenne et c’est ce dont nous allons discuter, de considérer que la période de suspension est quelque chose qui peut finir là-dessus. Il nous faut être très clair sur le fait que la situation actuelle, telle que suspendue, doit être une situation sur laquelle nous devons évidemment aboutir pour l’annuler et en aucun cas pour considérer qu’elle est acceptable.