Le marché des insectes à l’étude en Thaïlande
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Thaïlande
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Agronomie et alimentation
25 juillet 2018
La production d’insectes pour le marché alimentaire est un secteur prometteur pour la Thaïlande et les enjeux de la recherche et des connaissances scientifiques dans ce domaine sont importants.
Les insectes comestibles font partie de l’alimentation humaine depuis des milliers d’années et constituent actuellement jusqu’à 20 % des protéines quotidiennes dans certaines communautés d’Amérique latine et d’Afrique. Ils sont également communs dans les régions rurales d’Asie, y compris en Thaïlande. Ils représentent également une source très intéressante pour l’alimentation animale.
Fin juin 2018, s’est tenu à Bangkok l’atelier “From Farm to Table- Capturing the Insects’ Value” organisé par l’université Kasetsart en collaboration avec l’Asian Food and Feed Insect Association (AFFIA).
A cette occasion ont notamment été mis en avant les enjeux de la recherche sur les propriétés nutritives des différentes espèces d’insectes (protéines, nutriments, …), les effets positifs sur la santé animale (exemple de l’augmentation des phagocytes chez les volailles) ou encore sur la fabrication de biofertilisants à partir des déjections d’insectes.
Une meilleure connaissance scientifique pourrait par la suite permettre une autorisation des produits issus des insectes sur le marché européen et plus de recherches dans ce domaine pourraient permettre également d’identifier des réductions de coûts.
La réglementation européenne évolue vers une autorisation de plus en plus élargie sur l’utilisation d’insectes dans l’industrie agroalimentaire. C’est le cas pour l’alimentation des poissons qui est autorisée depuis le 1er juillet 2017 sur le marché européen. Un des enjeux majeur étant de remplacer les 6 millions de tonnes de farine de poissons consommés chaque année dans le monde.
Cette évolution peut être une première étape vers une autorisation des insectes dans les aliments pour porcins et volailles. Les protéines animales restant interdites dans l’alimentation des animaux d’élevage (sauf en aquaculture) depuis l’épidémie d’encéphalite spongiforme bovine.
Pour les producteurs thaïlandais, un des obstacles à la production industrielle et à l’export sur le marché européen est que, pour l’instant, les insectes élevés pour la production d’aliments pour animaux sont considérés comme des animaux d’élevage, les substrats destinés à ces insectes doivent donc être conformes à la législation européenne sur la sécurité des aliments pour animaux. À ce stade, seuls les déchets de fruits et légumes et quelques produits d’origine animale peuvent être utilisés comme aliments pour les insectes. Plusieurs fabricants d’aliments pour animaux souhaiteraient également que des substrats alternatifs pour l’alimentation des insectes puissent être utilisés à l’avenir, notamment des déchets issus de la restauration voire des effluents d’élevage.
Il y a près de 20 000 fermes de criquets en Thaïlande, situées dans 53 des 76 provinces, selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture.
Les criquets naissent et sont abattus dans le même bâtiment, un processus qui dure environ 30 jours. Les criquets matures sont soumis à un processus en plusieurs étapes qui comprend la congélation avant d’être pasteurisés et broyés. La farine de criquets est ensuite utilisée dans un assortiment d’aliments du quotidien tels que le pain, les pâtes et les barres protéinées.
Le marché de la viande éclipse celui des insectes comestibles. Le marché mondial de la viande de vache dépasse les 2 000 milliards de dollars américains, tandis que le marché des insectes comestibles devrait atteindre 250 millions de dollars en 2018.
Le produit demeure un marché de niche et est tabou dans la plupart des communautés nord-américaines et européennes. Mais l’introduction de la poudre de criquets dans les aliments comme le pain ou les pâtes pourrait être une porte d’entrée vers une alimentation plus riche en insectes.
L’objectif est de réduire suffisamment les coûts pour rendre le produit attrayant pour les grandes entreprises. Mais il faudra peut-être des années avant que les producteurs de Thaïlande n’atteignent ce point. Beaucoup de producteurs actuels n’ayant pas encore mis en place une capacité de production suffisante et adapter aux standards internationaux.
Actuellement, la plupart des produits de criquets restent dans des magasins spécifiques ou des salles de sport, où ils sont plébiscités notamment parmi les végétariens pour qui il y a une différence entre tuer une vache et tuer un grillon.
De plus, les criquets nécessitent 12 fois moins de nourriture, 2 000 fois moins d’eau et beaucoup moins d’espace que les sources de viande traditionnelles. L’élevage est également moins exigeant en main-d’œuvre que pour les bovins ou les volailles.
Rédacteur : vincent.drapeau[at]diplomatie.gouv.fr
Sources : https://m.bangkokpost.com/business/news/1505534/putting-out-feelers-in-the-cricket-market
http://www.actalia.eu/proteines-animales%E2%80%89-sept-insectes-autorises-aquaculture/