Forum Asean Science, Technologie et Innovation 2016 organisé par la Thaïlande. Le futur de l’innovation en Asean
Actualité
Thaïlande
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Politiques de recherche, technologiques et universitaires
12 octobre 2016
Organisé par le ministère pour la science et la technologie thaïlandais, le forum Asean STI Forum 2016 avait pour objectif de définir le futur de l’innovation en Asean. Il s’appuyait sur le nouveau plan d’action pour la science et la technologie et l’innovation pour l’Asean (APASTI - 2016-2025) coordonné par la division Science et Technologie du secrétariat de l’Asean. Ce plan identifie quatre axes stratégiques : 1) la collaboration public-privé, 2) la mobilité des talents, la connectivité entre personnes et leur inclusion au sein d’un réseau, 3) le soutien aux entreprises, 4) la sensibilisation du public et la création d’une culture de la science, de la technologie et de l’innovation comme élément moteur pour accroître la compétitivité et faire face aux défis de l’Asean.
Le forum a convié l’ensemble des responsables science et technologie de la région pour relancer la coopération inter-Asean en Science, Technologie et Innovation. Il a abordé les thématiques du rôle des STI pour la croissance régionale, le financement de l’innovation, la création d’entreprises en Asean, le développement de l’écosystème des sciences, technologies, ingénierie et mathématiques (STEM) ainsi que la mobilité des talents au sein de l’Asean. Une session sur la diplomatie scientifique a convié 4 pays - Japon (conseiller scientifique du ministre des affaires étrangères), Royaume-Uni, Etats-Unis et France.
- Forum Asean Science, Technologie et Innovation (STI) 2016 - Session sur la diplomatie scientifique et la coopération STI au sein de l’Asean
Il ressort des débats et des discussions les points suivants :
I/ Paysage des STEM : constats, difficultés et solutions
L’enseignement des sciences, technologie, l’ingénierie et les mathématiques (STEM) connait plusieurs difficultés en Asean dont :
• La faible sensibilisation aux STEM,
• Les difficultés perçues des sujets scientifiques,
• Les curricula très chargés, de qualités inégales et sans cohérence de l’enseignement et de l’apprentissage,
• Les infrastructures limitées et obsolètes,
• Le faible niveau d’information et de prise de conscience sur les opportunités d’innovation et de carrière dans les STEM,
• Le manque d’encouragement de la pensée critique et créative au sein de l’Asean,
• Le manque de mise en œuvre des diverses politiques de STEM dans la région ASEAN
Quatre grands paradoxes ont été soulevés : la production de diplômés non prêts, peu (ou pas) adaptés au monde du travail ; le manque de techniciens qualifiés ; le phénomène du "Brain Drain" important en Asean (Cambodge, Myanmar, Laos et Vietnam vers Thaïlande, Asean vers Singapour) ; et l’inexploitation de certains viviers de talents (problématique du genre dans les sciences et de l’accès à l’éducation).
Plusieurs pistes ont été évoquées afin de pallier aux difficultés et de tendre vers un écosystème STEM idéal. Celui-ci serait composé de politiques gouvernementales qui encourageraient l’innovation dans les STEM et la croissance des emplois, une culture STEM grandissante et inspirante et un système d’éducation fort, basé sur les expériences et aligné sur les besoins du marché du travail. Les solutions pourraient être les suivantes : accroître l’enrôlement des étudiants en sciences et technologie (sensibilisation, genre, employabilité), inclure davantage les matières scientifiques dans les cursus et accélérer le développement des capacités de S&T pour être plus compétitifs et accélérer la transformation socio-économique et le développement inclusif (les 17 objectifs de développement durable ont été évoqués plusieurs fois).
II/ La mobilité des talents
• L’objectif est de favoriser la mobilité des talents et de les faire revenir ensuite dans leur pays pour qu’ils contribuent à son développement scientifique, technologique et économique. En effet, la tendance générale est à une fuite très marquée des cerveaux ("brain drain").
• La Thaïlande a lancé son programme « Talent mobility » en février 2015 pour favoriser la mobilité des chercheurs, issus majoritairement du secteur public, vers le secteur privé (ND-2015-943504). L’objectif est d’assister le secteur privé dans le développement de nouvelles technologies et/ou de services en lien avec les sciences, la technologie et l’innovation.
• Développer une stratégie d’attractivité des talents étrangers au sein de l’ASEAN.
• Le problème de l’adéquation des formations avec les besoins réels du marché a été soulevé à plusieurs reprises. Il a été suggéré comme solution de repenser les curricula, en partenariat avec les industriels, pour produire une force de travail adaptée aux besoins du marché (partenariat public-privé) et améliorer l’employabilité des diplômés, deux points clés pour le futur des STEM en Thaïlande et en Asean.
• Les enjeux de l’enseignement virtuel (MOOC, E-learning) et de l’intégration plus importante des femmes dans les carrières scientifiques sont clés pour rendre le système des STEM plus accessible et innovant.
III/ Le partenariat des milieux académiques, industriels et des gouvernements
Ce partenariat permet de valoriser la recherche par des transferts technologiques et la création de produits innovants, afin de créer de la valeur ajoutée pour l’économie du pays qui développe ces produits.
Actuellement, la Thaïlande dépense 0.42% de son PIB en R&D avec un financement au deux tiers par le secteur public. D’ici 2021, le pays souhaiterait consacrer 1% de son PIB à la R&D avec un ratio de deux tiers provenant du secteur privé et un tiers du secteur public.
Ce n’est qu’en 2016 que le gouvernement a pris conscience que l’écosystème des startups est un élément clé pour une approche descendante qui amènera les académiques à contribuer davantage à l’économie du pays et au transfert technologique de la recherche.
La Thaïlande a ainsi déployé le programme Thaïlande 4.0. Ce programme vise à faire de l’industrie thaïlandaise une industrie de haute technologie et innovante pour créer des produits à plus forte valeur ajoutée. Les industries soutenues par le gouvernement sont l’agroalimentaire, l’agriculture et les biotechnologies, la santé, le bien-être et le biomédical, les appareils intelligents, la robotique et les secteurs digitaux. Pour passer de la Thaïlande 3.0, de l’industrie lourde, à la Thaïlande 4.0, et sortir du piège des pays à revenus intermédiaires, l’innovation et le management (réforme du secteur de R&D, de la Science & Technologie) sont des éléments clés.
Plusieurs actions ont déjà été mises en place et les incubateurs et clusters se développent en Thaïlande. Le premier parc scientifique du pays, Thailand Science Park (TSP), a mis en place plusieurs plateformes technologiques pour attirer des industriels intéressés par des activités de R&D.
IV/ Axes de coopération adoptés à l’issue de la rencontre
A l’issue des trois journées d’échanges, trois axes de coopération ont été dégagés et seront mis en œuvre dès cette année :
1. Créer un fond de développement pour la science, la technologie et l’innovation pour l’Asean. Il sera initialement financé par la Thaïlande à hauteur d’un million de dollars (34.5 millions THB). La Thaïlande va investir pour établir un fond de développement pour la science la technologie et l’innovation pour l’Asean. Annoncé par le Dr. Pichet Durongkaveroj, Ministre de la Science et la technologie, le fonds Newton, géré par le département britannique du commerce, de l’énergie et de la stratégie industrielle, soutiendra l’établissement de ce fonds. La Thaïlande et la Grande-Bretagne se sont mis d’accord pour signer un accord (MoU) pour soutenir la science et l’innovation.
2. La Thaïlande soutiendra le développement en ressources humaines de l’Asean en fournissant des bourses pour poursuivre des études en Master et Doctorat
3. Le secteur public assistera le secteur privé pour son travail de recherche et d’innovation dans la région, notamment avec le programme pour la mobilité des talents (« talent mobility program »).
Pour en savoir plus : http://aseanstiforum.net/ (présentations téléchargeables)
Sources : Ambassade de France en Thaïlande et
http://www.nationmultimedia.com/bus...
Rédactrice : Alexandra Barnoux, alexandra.barnoux[at]diplomatie.gouv.fr