Taïwan étudie avec succès le recyclage des déchets agricoles en Asie du Sud-Est

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6 février 2018

Afin de réduire la pollution des déchets agricoles en Asie du Sud-Est, une équipe internationale de chercheurs taïwanais, australiens, indiens et bangladais, vient de mettre au point une méthode de transformation de la biomasse agricole en produits alimentaires, développant ainsi un intérêt commercial pour les entreprises alimentaires et pharmaceutiques.

L’équipe internationale, composée de chercheurs de l’Université Nationale de Taiwan (NTU), a récemment réussi à produire des éléments chimiques à partir de produits agricoles non utilisés dans le secteur alimentaire. L’équipe de chercheurs a en effet mis au point une méthode de transformation de la biomasse nettement moins chère, plus respectueuse de l’environnement, et plus efficace que les précédentes. En effet, les matériaux catalytiques utilisés sont recyclables et le procédé génère un rendement élevé de produits chimiques. Ce processus encourage également la réduction des déchets agricoles en Asie du Sud-Est, ainsi que la production d’ingrédients alimentaires de meilleure qualité.

La biomasse représente l’ensemble de la matière organique, qu’elle soit d’origine végétale ou animale. Elle peut être issue de forêts, milieux marins et aquatiques, haies, parcs et jardins, déchets organiques ou effluents d’élevage. La biomasse agricole se définit quant à elle comme l’ensemble des matières organiques produites et issues des systèmes agricoles : viande, lait, cultures, herbes, résidus de culture, effluents d’élevage, etc. Dans un contexte de demande croissante de produits agricoles à des fins alimentaires et de diminution des surfaces agricoles, la tension sur la biomasse agricole risque d’engendrer des conflits d’usage. La biomasse est une ressource renouvelable mais limitée, pour laquelle les priorités d’usage doivent être déterminées aux différents stades de production. L’enjeu étant de combiner performance technique et respect de l’environnement.

Dans le cadre de cette étude, les chercheurs transforment ainsi de la biomasse brute, comme la bagasse (résidu fibreux de la canne à sucre), les grains de riz, la paille de blé, le coton, les épis de maïs, le jute et d’autres sous-produits des cultures vivrières provenant de différentes régions d’Inde et du Bangladesh, en produits chimiques commerciaux telle que la xylose et l’arabinose, le furfural et l’HMF [hydroxymethylfurfural]. Ces ingrédients sont jugés plus sains que le sucre traditionnel.

D’après Wu chia-wen, professeur émérite de génie chimique à l’Université Nationale de Taïwan et principal collaborateur du projet, les sucres à cinq carbones et le furfural sont des produits aujourd’hui très prisés et largement utilisés dans les secteurs alimentaires et pharmaceutiques. « Le xylose et l’arabinose peuvent jouer un rôle important dans la gestion de la glycémie et des niveaux d’insuline liés à l’ingestion de saccharose, lorsqu’ils sont utilisés dans les produits alimentaires », indique t’il.
Par ailleurs, le furfural et ses dérivés ont été largement utilisés comme fongicides, pesticides, médicaments et bio-plastiques. Et il y a un regain d’intérêt concernant son utilisation potentielle dans la production de biocarburants, tels que le bioéthanol et le biodiesel.

Aujourd’hui, compte tenu de l’importance vitale de l’agriculture pour le développement économique et la santé humaine, le monde a besoin d’une plateforme interdisciplinaire à but non-lucratif, permettant aux experts et aux universitaires de partager leurs connaissances et de travailler ensemble pour résoudre ces problèmes. Telle est la vision et la mission de l’Association Internationale pour l’Agriculture Durable (« International Association for Agriculture Sustainability »), qui rassemble des chercheurs du monde entier afin de se concentrer sur les questions liées aux technologies agricoles, à l’efficacité économique, à la protection des ressources naturelles et à d’autres questions soulevant la problématique de durabilité. Elle est composée de chercheurs et d’experts taïwanais, américains, finlandais, néo-zélandais, chinois, indiens, thaïlandais et singapouriens.
D’après l’un des membres, Lee Tzong-ru de l’Université Nationale Chung Hsing de Taïwan, une telle plateforme favoriserait les échanges en recherche, universités, politique, et connaissances sectorielles sur le développement durable, pouvant mener à des innovations dans les technologies agricoles et l’énergie durable. La plateforme aiderait également les efforts dans le domaine de l’agriculture soutenable dans les pays en voie de développement.

Sources :

Pour en savoir plus :

Rédactrice :
Morgane Schuhmann, morgane.schuhmann[at]diplomatie.gouv.fr
https://www.france-taipei.org/