Vers une détection précoce de la maladie d’Alzheimer ?

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Suède

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Suède | Biologie : médecine, santé, pharmacie, biotechnologie
3 février 2016

Des modifications inflammatoires dans le cerveau peuvent être observées une vingtaine d’années avant les premiers symptômes de la maladie d’Alzheimer. Les chercheurs de l’Institut Karolinska, à Stockholm, suggèrent que l’activation des astrocytes (cellules gliales du système nerveux central) à un stade précoce aurait une grande influence sur le développement de la maladie. Les chercheurs espèrent que cette découverte permettra de développer de nouveaux traitements.

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Elena Rodriguez-Vieitez, PhD, Senior researcher, Center for Alzheimer Research, Karolinska Institutet. Credit : Joana B. Pereira.

Des chercheurs de l’Institut Karolinska montrent dans une étude récente que les astrocytes, un type de cellules gliales du cerveau, jouent probablement un rôle important dans le développement de la maladie d’Alzheimer. Ces modifications inflammatoires seraient observables des années avant l’apparition des premiers symptômes chez les patients.

La maladie d’Alzheimer est caractérisée par l’atrophie des neurones dans le cerveau, en particulier ceux impliqués dans la mémoire. La cause de la mort de ces cellules n’est pas connue, mais de nombreuses années avant que les premiers symptômes n’apparaissent, des changements pathologiques se produisent. Parmi eux, on note des dépôts de la protéine amyloïde sous forme de plaques amyloïdes, une accumulation de protéines tau et des changements inflammatoires qui vont dégrader les points de contact entre neurones. A quel moment et dans quel ordre ces changements ont lieu restent des questions sans réponse.

En étudiant des personnes de familles possédant les mutations connues susceptibles de déclencher la maladie d’Alzheimer et qui courent donc un risque accru de développer cette pathologie, les chercheurs ont pu examiner des changements apparaissant à un stade très précoce. Ces personnes venaient de familles présentant une des quatre mutations connues pour la maladie d’Alzheimer ainsi qu’un groupe de patients atteints de la maladie sans liens héréditaires (forme sporadique).

Les porteurs de mutation présentaient des plaques amyloïdes et des modifications inflammatoires presque vingt ans avant l’apparition estimée des problèmes de mémoire. Le nombre d’astrocytes atteint son maximum lorsque les plaques amyloïdes commencent à se former dans le cerveau. A l’inverse, aucun changement anormal n’a été observé dans le cerveau des individus non porteurs de ces mutations.

« Les modifications inflammatoires sous forme de niveaux élevés d’astrocytes dans le cerveau peuvent être considérées comme un indicateur très précoce de survenue de la maladie », explique Agneta Nordberg, chercheuse principale de l’Institut Karolinska. « L’activation des astrocytes culmine environ vingt ans avant les symptômes, pour diminuer par la suite, contrairement à l’accumulation des plaques amyloïdes, qui ne font qu’augmenter jusqu’à ce que les symptômes cliniques apparaissent. L’accumulation de plaques amyloïdes et l’augmentation du nombre d’astrocytes présentent des courbes opposées sur l’abscisse de temps ».

Ces études démontrent que les processus pathologiques qui conduisent à la maladie d’Alzheimer commencent de nombreuses années avant que les symptômes ne se déclarent. Il pourrait ainsi être possible de développer un prophylactique ou un traitement précoce qui permettrait d’influer sur le développement de la maladie. Selon les résultats de cette étude, les astrocytes pourraient être une éventuelle cible de nouveaux médicaments.

Sources

http://www.dn.se/nyheter/sverige/tecken-pa-alzheimer-kan-ses-mycket-tidigt/

http://news.cision.com/karolinska-institutet/r/inflammatory-changes-in-the-brain-twenty-years-before-alzheimer-onset,c9903037

Rédactrice

Nelly Guitard