Le génome des abeilles tueuses décrypté

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Suède

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Suède | Science de la terre, de l’univers et de l’environnement : énergie, transports, espace, environnement
15 mai 2017

Dans une nouvelle étude de l’université d’Uppsala des chercheurs ont séquencé le génome des abeilles africanisées, dites aussi abeilles tueuses, qui sont connues pour avoir envahi une large partie du globe. Les chercheurs ont trouvé une région particulière dans le génome de ces insectes qui pourrait expliquer leur comportement agressif, facteur principal de leur succès invasif.

Hybride artificiel entre espèces européennes et africaines d’abeilles, créé par la main de l’homme en 1956 au Brésil, l’abeille tueuse s’est depuis répandue un peu partout sur le continent américain. Leur capacité d’hybridation avec les espèces locales, et leur comportement agressif vis-à-vis de l’homme ou de tous prédateurs pose aujourd’hui un souci aux apiculteurs.

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Vue latérale d’une abeille africanisée, dite tueuse

(source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Abeille_tueuse)

Dans leur étude, les chercheurs suédois, en équipe avec des chercheurs brésiliens et anglais, se sont posé la question de la composition génétique qui mène ces abeilles à un tel succès. Pour cela, ils ont séquencé le génome de 32 individus et l’ont comparé avec celui d’abeilles collectées dans le reste du monde. De cette façon, les chercheurs ont pu reconstruire l’histoire évolutive des abeilles africanisées et identifier les gènes important pour leur adaptation et leur dispersion.
Une séquence génétique particulière a attiré leur attention. Bien que le génome des abeilles tueuses soit très proche de celui d’autres espèces d’Afrique, une portion de ce génome est similaire à celui des espèces européennes. Cela suggère que cette région génétique, d’origine européenne, donnerait à l’abeille tueuse un avantage sélectif. De plus, des études précédentes sur cette région particulière ont montré que les gènes qui y sont présents sont en lien avec la taille des ovaires et la stratégie de recherche de nourriture, qui sont des traits propres à ces hybrides.
Cette étude met en avant comment l’hybridation entre différentes populations peut être un important processus d’évolution. Ces nouvelles combinaisons génétiques, qui une fois soumises à la sélection naturelle, peuvent conduire à l’apparition d’hybrides qui sont dans ce cas précis des « tueurs » particulièrement efficaces.

Article intégral : Webster et al. (2017) Genome-wide analysis of admixture and adaptation in the Africanised honeybee, Molecular Ecology, DOI : 10.1111/mec.14122
Source : Revue de presse de Uppsala University
http://www.uu.se/en/news/news-document/?id=8536&typ=artikel&area=2&lang=en

Rédacteur : Clément Brousse, clement.brousse[at]diplomatie.gouv.fr