Des huiles essentielles pour protéger le patrimoine culturel

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Slovaquie

Actualité
Slovaquie | Biologie : médecine, santé, pharmacie, biotechnologie
25 août 2016

L’équipe de recherche en microbiologie environnementale du docteur Pangallo étudie les moyens de préservation du patrimoine culturel contre les microbes et l’usure du temps. Après avoir travaillé sur la conservation des momies et la restauration d’anciennes photographies, ces chercheurs portent désormais leur attention sur l’utilisation d’huiles essentielles de thym et d’origan pour lutter contre les moisissures qui attaquent les œuvres d’art.

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Restauratrice d’oeuvres d’art. Crédits : Laura SWALUE.
Laura SWALUE

• Activités du laboratoire

L’équipe de recherche du Laboratoire de Microbiologie Alimentaire et Environnementale de l’Institut de Biologie Moléculaire de l’Académie Slovaque des Sciences étudie les moyens de préservation du patrimoine culturel. Dirigée par le docteur Domenico Pangallo, elle est composée de six chercheurs dont deux doctorants. Les scientifiques cherchent à savoir comment protéger au mieux le patrimoine culturel des risques de détérioration induits par les microbes ou l’usure du temps Les chercheurs de ce laboratoire mènent des travaux pluridisciplinaires en lien étroit avec une diversité d’acteurs des métiers du patrimoine culturel et historique. Ils étudient la biodétérioration de divers supports culturels comme les peintures murales, les objets en bois, les papiers, les photographies, les textiles ou encore les momies. Ils contribuent également à l’amélioration des méthodes de restauration des œuvres d’art en travaillant étroitement avec les restaurateurs.

• Restauration de photographies anciennes

L’équipe slovaque a récemment travaillé sur la restauration de photographies anciennes. Comme de nombreux supports artistiques, les photographies se détériorent avec l’action du temps et de micro-organismes tels que les champignons.

Dans une étude publiée en 2016 dans Scientific Reports, les chercheurs ont analysé la composition de la microflore présente sur d’anciens tirages photographiques réalisés sur du papier albuminé, principal procédé photographique utilisé au cours de la deuxième moitié du XIXème siècle. En évaluant la nature des contaminants microbiens et du support photographique, il est ainsi possible de déterminer le procédé de conservation le plus adapté pour lutter contre ces microbes spécifiques, ceci sans détériorer la photographie à restaurer.

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Lady Amberley. Crédits : Camille Silvy.
Camille Silvy

Jusqu’à présent, la plupart des études scientifiques similaires s’étaient avant tout concentrées sur les moyens de préservation des photographies à base de gélatine. L’étude présentée ici permet donc de couvrir un champ plus large de types de tirages photographiques d’importance culturelle ou historique à préserver.

• Utilisation d’huiles essentielles

L’équipe du docteur Domenico Pangallo étudie aujourd’hui l’efficacité de diverses huiles essentielles pour lutter contre les moisissures qui attaquent les œuvres d’art, notamment les livres anciens. Un panel d’huiles essentielles est étudié à des concentrations différentes. Les chercheurs testent à la fois leur pouvoir de destruction des champignons et le fait qu’elles ne dégradent pas les supports de par leurs propriétés chimiques.

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Huiles essentielles
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D’après les premiers tests, il semblerait que les huiles essentielles de thym et d’origan aient un potentiel intéressant pour agir sur les moisissures étudiées sans endommager les livres. Même si ces résultats sont prometteurs, les huiles essentielles ne fonctionnent pas sur tous les types de surfaces, ni sur tous les microbes. Il existe de très nombreuses espèces de moisissures différentes et il est nécessaire de réaliser des études au cas par cas pour déterminer les meilleures méthodes de sauvegarde.

• Collaboration régionale et livres anciens

En collaboration avec leurs collègues de l’Université Technologique de Lodz et de l’Université de Chimie et Technologie de Prague, les scientifiques slovaques analysent le degré de dégradation de collections littéraires sélectionnées dans des bibliothèques d’importance historique et culturelle en Pologne, République Tchèque et Slovaquie. Leur projet, intitulé « Modern approach for biodeterioration assessment and disinfection of historical book collections » est soutenu et financé par le Fond Visegrad.

Ils souhaitent dans un premier temps identifier les œuvres présentant des signes majeures de dégradation et les micro-organismes qui les causent, puis mettre en place un protocole de désinfection efficace en définissant les traitements adéquats. Ils se pencheront ensuite sur l’évaluation de l’efficacité de ces méthodes sur les livres et réfléchiront enfin au mode d’application dans les bibliothèques ou les archives. Une nouvelle série de tests basée sur l’utilisation d’huiles essentielles est prévue dans ce cadre.

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Livres anciens
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Toute l’équipe de recherche a récemment été saluée et récompensée par le président de l’Académie Slovaque des Sciences Paul Šajgalík le 23 juin 2016. Il leur a remis à cette occasion le Prix pour la Science et la Technologie de l’Académie Slovaque des Sciences.


Sources :

Rédactrice

Marie-Flore Michel, Chargée de mission pour la Coopération Scientifique, Ambassade de France en Slovaquie.
Contact : marie-flore.michel [a] diplomatie.gouv.fr