Trois chercheurs portugais reçoivent 6,35 millions d’euros de financements européens

Partager
Portugal

Actualité
Portugal | Biologie : médecine, santé, pharmacie, biotechnologie
17 décembre 2018

L’histoire, les nanotechnologies et les neurosciences sont les domaines financés au Portugal. Le chercheur portugais Pedro Carvalho, de l’université d’Oxford (Royaume-Uni), reçoit également deux millions d’euros.

Jeudi 29 novembre 2018, une nouvelle vague des « consolidator grants », financements du Conseil Européen de la Recherche (ERC dans son sigle en anglais) a été annoncée avec notamment environ 6,35 millions d’euros accordés à des chercheurs du Portugal. Un chercheur portugais de l’Université d’Oxford (Royaume-Uni) s’est également vu attribuer un financement d’environ deux millions d’euros.

Au total, 291 chercheurs (sur 2389 candidatures) en milieu de carrière en Europe ont reçu un financement. Les 573 millions d’euros de financements sont répartis sur 21 pays et 40 nationalités. En tête de liste se trouvent le Royaume-Uni (qui reçoit 55 bourses), suivi de l’Allemagne (38) et de la France (32).

Marta Moita, qui dirige le laboratoire de neurosciences comportementales de la Fondation Champalimaud (à Lisbonne), reçoit deux millions d’euros pour approfondir ses travaux sur les bases neurales du comportement défensif. Il y a cinq ans, la chercheuse avait reçu un financement « starting grant » de l’ERC. À ce moment-là, comme l’indique une déclaration de la Fondation Champalimaud, "on en savait peu sur les variables et les mécanismes cérébraux qui conduisent les individus à opter pour une stratégie de défense spécifique dans un cas donné".

Son approche a été de comprendre, à travers la mouche des fruits, comment le cerveau fait pour choisir entre plusieurs comportements défensifs - fuir, se battre ou s’immobiliser - face à une menace. Par exemple, dans une étude publiée cette année dans la revue Nature Communications, Marta Moita et son équipe ont montré que le choix entre fuir ou se figer pouvait dépendre de notre position au moment où le danger se présente. Dans ce même travail, ils ont identifié deux neurones jouant un rôle déterminant dans l’exécution de la meilleure stratégie défensive à adopter.

Avec ce nouveau financement, la chercheuse et son équipe vont tenter d’évaluer le rôle que joue l’environnement social et spatial dans le choix de la stratégie défensive, et identifier les circuits cérébraux qui traitent les informations pertinentes et exécutent les décisions.

Ce projet fournira une compréhension complète du mécanisme d’immobilisation et de sa modulation par l’environnement, de l’échelle du neurone à celle du comportement. L’équipe espère trouver des principes d’organisation pouvant être généralisés à d’autres espèces, comme cela a été le cas avec les systèmes olfactif et visuel d’insectes et de mammifères, comme le souligne la chercheuse Marta Moita. La chercheuse a déclaré qu’elle utiliserait ce financement pour recruter des collaborateurs et acheter du matériel pour des expériences comportementales supplémentaires, ainsi que des outils permettant de mesurer l’activité des neurones de la mouche des fruits.

L’italien Antonio Ambrosio, qui a obtenu la deuxième bourse, viendra de l’Université Harvard (États-Unis) pour faire ses recherches au Laboratoire International de Nanotechnologie Ibérique (LNI) à Braga. Le scientifique disposera de 2,75 millions d’euros pour créer une méta-surface polymère dotée d’une combinaison unique de qualités. Les utilisations possibles vont de l’imagerie médicale à la sécurité augmentée en passant par le contrôle de la qualité.

Le matériau peut se reconfigurer pour compenser la distorsion de la lumière sur des surfaces telles que la peau humaine. Plus important encore, ce matériau peut fournir des images chimiquement sélectionnées dans la largeur de bande située dans la région de radiation infrarouge. Ainsi, Antonio Ambrosio alliera trois axes de recherche : la conception de méta-surfaces, la structuration de surfaces en polymères et la nano-image optique.

Toujours au Portugal, l’historienne Maria de Lurdes Rosa (de l’Université Nouvelle de Lisbonne) dispose de 1,6 millions d’euros pour étudier l’histoire du majorat (Morgadio au Portugal) dans le pays entre le XIVe et le XVIIe siècle.
Au Royaume-Uni, un scientifique portugais recevra l’un de ces financements pour un montant d’environ deux millions d’euros. Dans son laboratoire de l’Université d’Oxford, Pedro Carvalho et son équipe souhaitent comprendre les mécanismes de la compartimentation cellulaire.

« Contrairement aux bactéries, nos cellules (eucaryotes) comprennent plusieurs compartiments membranaires (ou organites), tels que le noyau et les mitochondries », déclarait le chercheur, ajoutant que chaque organite contient un ensemble de protéines spécifiques lui permettant d’accomplir des tâches particulières. Les recherches de l’équipe portent sur la compréhension de l’interaction entre les divers organites, ainsi que leurs échanges de molécules tout en préservant leur identité et leur spécialisation, avec une attention particulière sur la manière dont ces processus sont régulés par la dégradation des protéines.

Le financement de l’ERC permettra à Pedro Carvalho d’étudier le rôle de la dégradation des protéines dans la régulation de l’enveloppe nucléaire (une structure qui délimite le noyau et joue un rôle central dans l’organisation cellulaire). Cette bourse a été obtenue après le travail développé sur la levure et permettra d’étendre les recherches aux cellules humaines. Pour le chercheur, ce financement est très important, compte tenu de cette période de grande incertitude quant au financement de la science au Royaume-Uni en raison du « Brexit ».

Sources :

Rédacteur : Amaury HOCQUET, Chargé de coopération scientifique à l’Institut Français du Portugal amaury.hocquet[at]ifp-lisboa.com