Au Portugal, les prix Pfizer 2020 distinguent des travaux sur le paludisme, la mémoire et la santé intestinale

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Portugal | Biologie : médecine, santé, pharmacie, biotechnologie
15 décembre 2020

Les Prix Pfizer, les plus anciennes récompenses de la recherche biomédicale au Portugal, ont distingué cette année les travaux sur un éventuel vaccin contre le paludisme, le rôle du cerveau dans la santé intestinale et celui des cellules immunitaires dans la mémoire, a annoncé l’organisation.

Lors de l’édition 2020, qui s’est tenue le 11 novembre, trois projets ont été récompensés : un projet de recherche clinique, dirigé par le scientifique Miguel Prudêncio de l’Institut de médecine moléculaire (IMM) João Lobo Antunes, de l’Université de Lisbonne, et deux projets de recherche fondamentale, l’un coordonné par Henrique Veiga-Fernandes du Centre Champalimaud, et l’autre par la française Julie Ribot de l’IMM. 

L’équipe dirigée par Henrique Veiga-Fernandes, immunologiste au Centre Champalimaud, a conclu que les personnes qui travaillent la nuit ou qui changent fréquemment de fuseau horaire sont plus susceptibles de développer une inflammation intestinale, car certaines cellules du système immunitaire qui contribuent à la santé intestinale ne reçoivent plus d’informations vitales du cerveau. Ces cellules sont celles qui, dans l’intestin par exemple, combattent les infections et sont particulièrement sensibles aux troubles de leurs "gènes horloge" (qui indiquent l’heure du jour aux cellules). Ces "petites horloges" sont synchronisées par la "grande horloge" dans le cerveau (qui donne, par exemple, des informations sur le jour et la nuit) qui, si elle n’est pas régulée, perturbe la "machinerie" moléculaire de l’ILC3, augmentant ainsi les infections intestinales.

La chercheuse Julie Ribot de l’IMM a découvert, en utilisant des souris comme modèles, que les cellules T delta gamma - un sous-groupe de cellules immunitaires qui produit une molécule, l’IL-17, et réside dans les méninges cérébrales - contrôlent la mémoire à court terme.

Récompensés dans la catégorie recherche clinique, les travaux d’une équipe internationale dirigée par Miguel Prudêncio, également chercheur à l’IMM, ont permis de tester un nouveau vaccin potentiel contre le paludisme sur 24 volontaires sains, qui a réduit de 95 % la charge du parasite "Plasmodium" sur le foie, l’organe où l’infection commence sans provoquer de symptômes. Afin d’assurer une protection contre le paludisme, ce vaccin éventuel doit "bloquer complètement" l’infection dans le foie, où le parasite se multiplie avant d’infecter les cellules sanguines, déclenchant ainsi les symptômes de la maladie.

Miguel Prudêncio a déclaré à Lusa, l’agence de presse portugaise, en faisant le point sur les travaux, que l’efficacité du vaccin potentiel devra être testée avec des doses plus élevées, administrées par injection. En outre, d’autres protéines du parasite du paludisme humaine devront être ajoutées aux parasites de rongeurs génétiquement modifiés, un processus déjà en cours d’étude en laboratoire.

Créés en 1956, les prix Pfizer, financés par l’entreprise éponyme, distinguent les travaux de recherche fondamentale et clinique effectués en tout ou en partie dans des institutions portugaises par des scientifiques portugais ou étrangers.

Source : “Prémios Pfizer 2020 distinguem trabalhos sobre malária, memória e saúde intestinal”, RTP [en ligne], 11 novembre 2020.

https://www.rtp.pt/noticias/mundo/premios-pfizer-2020-distinguem-trabalhos-sobre-malaria-memoria-e-saude-intestinal_n1274426

Rédacteur : Etienne RAISON, Chargé de Coopération Scientifique et Universitaire à l’Institut Français du Portugal

etienne.raison[at]ifp-lisboa.com