D’anciennes créations humaines découvertes par des archéologues polonais dans le Sahara
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Pologne
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Sciences Humaines et sociales
8 juin 2021
Des archéologues de l’Université de Wrocław ont expertisé des signes de vie humaine datant de plusieurs milliers d’années dans une ancienne mine d’or du Sahara oriental.
En effectuant des fouilles dans une ancienne mine d’or du Sahara oriental, 70 kilomètres à l’est de la ville d’Atbara au Soudan, des chercheurs de l’Université de Wrocław ont fait une découverte majeure. Ils ont mis la main sur une quantité impressionnante d’outils ayant appartenu à Homo Erectus, l’ancêtre d’Homo Sapiens, plus communément nommé Homme. Parmi la centaine d’artefacts retrouvés figurent des fendoirs massifs de plusieurs kilogrammes.
Le chef du projet de recherche, le professeur Mirosław Masojć, de l’Institut d’Archéologie de l’Université de Wrocław raconte : “Dans la partie orientale du Soudan, dans le désert oriental, comme dans de nombreux endroits du Sahara, une ruée vers l’or a éclaté. Les gens recherchaient ce précieux minerai dans des mines improvisées à ciel ouvert. En exposant les couches suivantes, les mineurs ont découvert des outils vieux de plusieurs centaines de milliers d’années."
Grâce à la luminescence optiquement stimulée (OSL), les chercheurs ont analysé et daté les minéraux présents dans le sol et le sable autour des objets révélant ainsi l’âge des outils. Le professeur Mirosław Masojć, de l’Institut d’Archéologie de l’Université de Wrocław, a déclaré : "Il s’est avéré qu’ils étaient âgés d’environ 390 000 ans. Cela signifie que les couches situées en dessous sont certainement plus anciennes. Sur la base de la fabrication, je pense que les outils peuvent avoir plus de 700 000 ans, peut-être même un million d’années, comme leurs homologues découverts plus loin dans le sud de l’Afrique."
- En examinant les couches de terre et de sable situées au-dessus des objets à l’aide d’une méthode appelée luminescence stimulée optiquement (OSL), les archéologues ont pu déterminer l’âge des outils. Crédits : Mirosław Masojć
Auparavant, les chercheurs avaient trouvé des haches et autres outils mais c’est la première fois que l’équipe de scientifiques découvre des outils aussi anciens et aussi proches techniquement de ceux de l’Afrique équatoriale. La datation précise des outils contribue également au caractère exceptionnel de cette découverte, comme le souligne le professeur Mirosław Masojć : "On trouve des outils anciens dans les déserts, mais jamais auparavant ils ne provenaient de couches qui permettraient de déterminer leur âge en toute sécurité." Les chercheurs ont également émis l’hypothèse que le site des fouilles était jadis un atelier de fabrication d’outils.
Le professeur Masojć a déclaré que la présence d’artefacts encore plus anciens dans les parties plus profondes des mines n’était pas exclue, avant d’ajouter à propos de leur accès difficile : “La dernière saison de recherche a eu lieu à la fin de 2019, alors que la situation politique était très tendue, et finalement il y a eu un coup d’État au Soudan et le régime en place depuis longtemps a été renversé. Le travail était très difficile en termes de logistique : il y avait des pénuries de carburant, nous devions éviter les manifestations, les gens mouraient."
Des chercheurs d’Arabie saoudite, de Corée du Sud, d’Allemagne et des États-Unis contribuent également à ce projet scientifique financé par le Centre national des sciences en Pologne. Une publication scientifique vient de paraître dans la prestigieuse revue Plos One. Le projet est détaillé en profondeur sur son site dédié.
Pour en savoir plus
Science in Poland, “Earliest traces of man found buried in abandoned Saharan gold mine”, par Szymon Zdziebłowski, 25.04.2021
The First News, “Earliest signs of human life found in Saharan gold mine include massive, almond-shaped cleavers resembling fists", 27.04.2021
Publication scientifique complète :
Mirosław Masojć, Ju Yong Kim, Joanna Krupa-Kurzynowska, Young Kwan Sohn, Maciej Ehlert, Grzegorz Michalec, Marzena Cendrowska, Eric Andrieux, Simon J. Armitage, Marcin Szmit, Ewa Dreczko, Jin Cheul Kim, Ji Sung Kim, Gwang-Soo Lee, Piotr Moska & Modather Abdalla Jadain (2021) The oldest Homo erectus buried lithic horizon from the Eastern Saharan Africa. EDAR 7 - an Acheulean assemblage with Kombewa method from the Eastern Desert, Sudan, Plos One, DOI : https://doi.org/10.1371/journal.pone.0248279
Rédactrice
Elisa Pospieszny, Chargée de Coopération Scientifique et Universitaire à l’Ambassade de France en Pologne
elisa.pospieszny[at]diplomatie.gouv.fr