Transfert de cellules cancéreuses de la mère à l’enfant au cours de l’accouchement : deux cas cliniques rarissimes identifiés par des oncologues japonais

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Japon

Brève
Japon | Biologie : médecine, santé, pharmacie, biotechnologie
15 janvier 2021

Une équipe de chercheurs japonais dont fait partie le Dr Arakawa – lauréat du Séjour Scientifique de Haut Niveau cofinancé par l’Ambassade de France au Japon – a mis en évidence la transmission au nouveau-né de cancers par inhalation de cellules tumorales appartenant à la mère au cours de l’accouchement.

Une équipe d’oncologues japonais du National Cancer Center Research Institute s’est penchée sur deux cas cliniques rarissimes de transmission de cancers de la mère à l’enfant. Le risque d’une telle transmission est estimé à 1 cas pour 500 000 mères atteintes d’un cancer. L’étude publiée dans la revue The New England Journal of Medicine a identifié une nouvelle voie de transmission de cancer résultant de la contamination de l’enfant par la mère atteinte d’un cancer du col de l’utérus, lors d’un accouchement par voie basse.

L’étude porte sur les cas de deux garçons âgés de 23 mois et 6 ans diagnostiqués avec un cancer du poumon. Le séquençage d’ADN de nouvelle génération effectué en routine sur les ensembles de tumeurs a orienté les oncologues vers l’hypothèse de la transmission mère-enfant. En effet, l’analyse comparative des tumeurs a montré (i) l’absence de chromosome Y dans les prélèvements tumoraux chez les jeunes garçons – chromosome pourtant caractéristique du sexe masculin ; (ii) la présence de nombreuses mutations communes entre les cellules cancéreuses de la mère et celles de l’enfant, mutations n’ayant pourtant pas été génétiquement héritées.

Jusqu’à présent les rares cas identifiés de transmission ne concernaient que des contaminations par voie sanguine entrainant la dissémination des cellules tumorales au sein de plusieurs organes chez l’enfant. Ici, les cellules cancéreuses n’ont été localisées que dans les poumons, faisant dire aux chercheurs que la transmission s’était faite lors de l’accouchement par voie basse, par inhalation de liquide amniotique contenant des cellules cancéreuses utérines.

Les chercheurs estiment que la méthode utilisée, à savoir le séquençage d’ADN de nouvelle génération, pourrait servir le diagnostic de ces rares cas de cancers transmis de la mère à l’enfant et ainsi permettre de mieux comprendre la prévalence de cette transmission. Ils recommandent donc la pratique de la césarienne pour les femmes enceintes atteintes d’un cancer du col de l’utérus.

Ces recherches effectuées par des chercheurs du National Cancer Center Research Institute japonais ont été menées, entre autres, par le Dr Arakawa. Ce dernier a récemment été désigné lauréat du Séjour Scientifique de Haut Niveau cofinancé par le Service pour la Science et la Technologie de l’Ambassade de France au Japon et la Fondation pour la lutte contre le cancer Kiyoko Goto et Paul Bourdarie. Cette bourse de mobilité qui vise à renforcer les échanges scientifiques franco-japonais en matière de recherche médicale contre le cancer, lui permettra d’effectuer un séjour de plusieurs mois au sein d’un institut de recherche français d’excellence.

Sources :

[1] Vaginal Transmission of Cancer from Mothers with Cervical Cancer to Infants, Ayumu Arakawa et al., January 7, 2021, N Engl J Med 2021 ; 384:42-50, DOI : 10.1056/NEJMoa2030391

[2] Japan Confirms Mom-to-Baby Transmission of Cervical Cancer, Jiji Press, https://jen.jiji.com/jc/eng?g=eco&k=2021010700515

[3] Quand une mère transmet le cancer à son bébé lors de l’accouchement, Le Monde, https://www.lemonde.fr/blog/realitesbiomedicales/

[4] Fondation pour la lutte contre le cancer Kiyoko Goto et Paul Bourdarie, https://www.kiyoko-foundation.or.jp/fr/fr_index.html

Rédactrice : Hélène Le Brun, chargée de mission du pôle Santé, Environnement et Vie au sein du Service pour la Science et la Technologie de l’Ambassade de France au Japon.
helene.le-brun -at- diplomatie.gouv.fr