Série de réformes universitaires du Japon et ses deux nouveaux programmes : « Universités nationales désignées » et « Ecoles doctorales éminentes »

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Japon

Brève
Japon | Politiques de recherche, technologiques et universitaires
17 novembre 2017

Le Japon compte actuellement 86 universités nationales, qui font partie du système universitaire du pays, dont 91 universités locales et 600 universités privées. En vue d’améliorer la qualité et de renforcer les activités des universités, notamment celles des universités nationales, une série de réformes est en cours depuis une quinzaine d’années et encore deux nouveaux programmes ont été mis en place.

En 2004, le Ministère de l’Education, de la Culture, des Sports, de la Science et de la Technologie (MEXT) a accordé aux universités nationales un nouveau statut de Independent Administrative Institution (IAI). Ce statut a été également proposé, à l’époque, à beaucoup d’autres organismes publics dans le cadre d’une grande réforme administrative pour la rationalisation et la transparence de leur gestion. Pour les universités nationales, l’objectif était de leur donner plus d’autonomie et de leur faire intégrer les notions de concurrence et de productivité. Depuis lors, les universités nationales sont obligées de déposer au MEXT des projets et des objectifs à court terme (un an) et à moyen terme (six ans) visant à améliorer la qualité de leur formation, de leur recherche et de leur situation financière. L’évaluation est effectuée chaque année selon les projets et les objectifs des universités.

Avec le nouveau statut, les universités nationales ont vu diminuer leur subvention annuelle venant du MEXT. En effet, la subvention a diminué de 12% au cours de 12 ans, de 2004 à 2016. Cette situation a obligé les universités à trouver d’autres sources de financements, dont des appels d’offre lancés par des ministères pour les projets de recherche et des projets conjoints avec des entreprises. Malgré leurs efforts, la situation des universités nationales ne s’est pas suffisamment améliorée et elles ont dû diminuer leurs effectifs, recruter de nouveaux enseignants ou chercheurs en CDD ou ne pas remplacer des personnels qui partent à la retraite.

En 2015, le MEXT a demandé à chaque université nationale de choisir l’une des trois catégories suivantes selon la stratégie qu’elle souhaiterait adopter :

  • catégorie 1 : université supportant le développement de sa région (choisie par 55 universités)
  • catégorie 2 : université spécialisée dans un domaine spécifique (15 universités)
  • catégorie 3 : université capable de produire une formation et une recherche d’un niveau comparable aux meilleures universités mondiales (16 universités)

Depuis cette catégorisation, le montant de la subvention du MEXT destinée à chaque université est déterminé suite à l’évaluation annuelle de ses résultats par rapport aux objectifs qu’elle s’était fixés.

Malgré différentes mesures prises par le MEXT, les universités japonaises, qui étaient autrefois à un niveau élevé dans les classements mondiaux pour le nombre de publications, reculent face à la concurrence de leurs rivaux étrangers.

Selon une étude effectuée par le National Institute of Science and Technology Policy (NISTEP) dépendant du MEXT, le Japon maintient un niveau correct de production scientifique globale au cours de trois périodes de référence (2ème en 1992-1994, 2ème en 2002-2004 et 3ème en 2012-2014), mais il est clairement devancé lorsque l’on considère les articles scientifiques à fort impact (Top 10% : 3ème en 1992-1994, 4ème 2002-2004 et 7ème en 2012-2014) et à très fort impact (Top 1% : 4ème en 1992-1994, 4ème en 2002-2004 et 9ème en 2012-2014).

Dans ce contexte, de plus en plus de voix s’élèvent dans le gouvernement, le secteur industriel et la communauté scientifique, pour demander davantage de réformes.

La « Stratégie de revitalisation du Japon, version modifiée 2015 » prévoit la mise en place des « Universités nationales désignées », consistant à donner à certaines universités nationales le droit de gérer leurs biens en vue de leur permettre de trouver d’autres sources financières. Cette stratégie prévoit également la création des « Ecoles doctorales éminentes » destinées à renforcer la compétitivité du 3e cycle de l’enseignement supérieur du Japon au niveau international. Elle considérait le rôle des universités comme majeur pour améliorer la capacité de la science et de la technologie du pays et pour former les ressources humaines du futur. Leur rôle est perçu comme d’autant plus important que la forte concurrence internationale de l’industrie a épuisé la capacité des entreprises japonaises à faire de la recherche fondamentale à moyen et long terme.

Détails des deux programmes (PDF, 345Ko)

Sources

Rédacteur
Kumiko UEHARA – interprete.sst [at]ambafrance-jp.org