Le port du masque ne freine pas ce nouveau système de reconnaissance faciale

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Japon

Brève
Japon | Sciences et technologies de l’information et de la communication : TIC, télécoms, micro-nanotechnologies, informatique
25 janvier 2021

La société japonaise NEC, géant industriel japonais de l’informatique et de la télécommunication, a développé un système de reconnaissance faciale capable d’identifier les personnes même lorsque leur visage est partiellement caché par un masque chirurgical.

Au cours de la dernière décennie, l’utilisation de la technologie de reconnaissance faciale s’est rapidement développée notamment grâce aux progrès de l’intelligence artificielle et de l’apprentissage profond. Cette technologie est désormais utilisée dans un large éventail d’applications à travers le monde. Dans de nombreux magasins en Chine, il est par exemple possible de payer simplement en présentant son visage à un écran. En outre, de plus en plus d’aéroports dans le monde déploient des outils de reconnaissance faciale pour accélérer la circulation aux frontières, les passagers pouvant alors monter à bord des avions sans autre contrôle que ce système de reconnaissance. Cette technologie est également utilisée à des fins de sûreté et de sécurité, principalement par les services de police de certains pays (parmi lesquels les États-Unis, la France, le Japon ou l’Allemagne). Depuis plus récemment, la reconnaissance faciale est employée dans la lutte contre la Covid-19, en combinaison avec une prise de température corporelle, afin d’identifier les individus potentiellement infectés.

Exemple de système de reconnaissance faciale à la gare de Beijing, en Chine.

NEC a une longue expérience dans le développement de ce type de technologies.
En 2019, la technologie NEC était déjà classée n°1 au test de reconnaissance faciale (sans masque) réalisé par l’institut américain NIST (National Institute of Standards and Technology), avec un taux d’erreur de 0,5%.

Au Japon, de nombreuses personnes portent fréquemment un masque (notamment à cause des allergies), c’est pourquoi l’entreprise avait déjà travaillé sur des algorithmes adaptés permettant de reconnaître les personnes portant un masque chirurgical. Toutefois, du fait de la présence de ces masques, le taux d’erreur des algorithmes avait considérablement augmenté (entre 20 et 50%, contre 0,5% sans masque). La pandémie Covid-19 a incité l’entreprise à accélérer leur développement.

Les algorithmes habituels fonctionnent en détectant des points caractéristiques, tels que la position, la forme et la taille des yeux, du nez et de la bouche d’une personne, puis en comparant ces caractéristiques avec une base de données. Le nouvel algorithme développé par NEC se concentre sur les zones entourant les yeux d’un individu, qui ne sont pas couvertes par le masque, pour extraire et analyser les caractéristiques.
Lorsque l’application détecte la présence d’un masque sur l’image d’un visage, l’algorithme de reconnaissance faciale le plus approprié est utilisé pour extraire et vérifier les caractéristiques de l’individu concerné. Cela permet une authentification de haute précision, même lorsqu’un groupe comprend des personnes portant un masque et d’autres non. L’algorithme est compatible avec des masques de couleurs et avec des motifs divers.
Selon NEC, la vérification prend moins d’une seconde, avec un taux de réussite de plus de 99,9%.

Ce nouveau système a été mis en vente en octobre. Lufthansa et Swiss International Airlines figurent parmi les clients selon M. Takashima, directeur adjoint de la division des plates-formes numériques de NEC.

À l’avenir, NEC se dit vouloir contribuer à la relance des activités économiques en fournissant des solutions qui utilisent une meilleure reconnaissance des visages et aident à promouvoir la santé publique, notamment des systèmes pour les entreprises, les établissements d’enseignement, les installations publiques, ou les parcs à thèmes.

Mais si le développement de la reconnaissance faciale peut avoir un impact positif, son utilisation croissante par les entreprises et les gouvernements suscite également des inquiétudes légitimes. Certains considèrent que son utilisation peut constituer une menace pour les droits de l’homme, en particulier concernant la vie privée et les libertés publiques.
Au pays de Galles notamment, l’utilisation de ces systèmes par les forces de police a été jugée finalement illégale en Cour d’Appel en août 2020 dans une affaire portée par un militant des droits civiques.

Sources :
https://www.nec.com/en/press/202009/global_20200924_01.html
https://www.bbc.com/news/technology-55573802
https://www.reuters.com/article/health-coronavirus-japan-facial-recognit/masks-no-obstacle-for-new-nec-facial-recognition-system-idUSL4N2JH1U7
https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0969476520300837
https://www.bbc.com/news/uk-wales-53734716


Rédactrice :
Laetitia Zaleski, Chargée de mission, pôle « Numérique, Matériaux et Science de l’Ingénieur », Service pour la science et la Technologie, Ambassade de France au Japon, laetitia.zaleski -at- diplomatie.gouv.fr