Innovation ouverte : Renforcement de la coopération des entreprises japonaises avec les universités pour la recherche à long terme

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Japon | Politiques de recherche, technologiques et universitaires | Sciences de l’ingénieur : aéronautique, mécanique, électronique, génie civil
28 octobre 2016

De grandes entreprises électroniques japonaises sont en train de changer de cap dans leur stratégie de recherche fondamentale. Elles favorisent désormais la coopération avec des organismes extérieurs, notamment avec les universités, alors qu’elles étaient jusqu’à présent très attachées à conduire leurs propres recherches à long terme en interne sans faire appel à l’extérieur.

Hitachi a mis en place trois laboratoires conjoints avec, respectivement, l’Université de Tokyo, l’Université de Kyoto et l’Université de Hokkaido en juin 2016. Ces laboratoires sont situés au sein de chaque université. Un tiers du personnel du Centre de recherche fondamentale de Hitachi a été affecté de façon permanente à ces trois laboratoires. Jusqu’ici, la coopération de recherche de Hitachi avec les universités était limitée à des projets de recherche conjoints sur certains thèmes. Dans les trois nouveaux laboratoires, les chercheurs industriels et universitaires décideront ensemble des thèmes de leur recherche en vue de résoudre des problèmes de société et de réaliser une « société super-intelligente », que le gouvernement japonais appelle « Société 5.0 », concept qui se situe au cœur de sa stratégie scientifique et technologique pour l’avenir.

NEC envisage de doubler d’ici 2018 les financements qu’il a engagés en 2015 dans les projets conjoints avec les universités et les instituts de recherche, en vue de contribuer à renforcer la compétitivité du Japon. Dans le domaine de l’intelligence artificielle (AI), l’entreprise a mis en place un laboratoire au sein d’une part de l’Université d’Osaka et d’autre part de l’AIST. Par ailleurs, NEC a conclu un accord de partenariat avec l’Université de Tokyo qui va de la recherche fondamentale jusqu’aux applications des résultats de recherche dans la société en passant par la formation de ressources humaines dans ce domaine. Dans ce cadre, quelques candidats seront retenus chaque année pour faire des recherches doctorales sur l’AI à l’université en touchant une bourse de 200 000 yens par mois pendant trois ans (voir l’annonce en anglais). Plusieurs doctorants de l’université seront accueillis à long terme chez NEC comme stagiaires. La société affectera plusieurs de ses meilleurs chercheurs à ces trois organismes.

Mitsubishi Electric augmentera de moitié par rapport à l’année 2016, le nombre de projets de recherche avec les universités, y compris les universités étrangères. Ces projets sont notamment dans le domaine de l’AI et de l’IoT.

Fujitsu a mis en place en avril 2016 deux nouveaux centres de recherche, l’un sur l’AI et l’autre sur la sécurité, en regroupant ses différents centres de recherche qui étaient dispersés jusqu’ici. Deux professeurs experts dans ces domaines, le Professeur Setsuo ARIKAWA, ex-président de l’Université de Kyushu et le Professeur Hidehiko TANAKA de l’Institute of Information Security, ont été invités dans ces nouveaux centres de recherche comme fellows. C’est la première fois depuis des dizaines d’années que des professeurs d’université sont invités à faire des recherches dans des laboratoires de Fujitsu.

Panasonic accueillera, à partir de 2017, des chercheurs spécialisés dans le domaine de l’AI et de la robotique venant des universités, des instituts de recherche ou des entreprises innovantes comme chercheurs invités. La sélection est en cours. La durée d’accueil, leur salaire et d’autres conditions seront définis au cas par cas.

Les entreprises japonaises avaient tendance à mener leurs projets de recherche fondamentale en interne sans faire appel à d’autres organismes, notamment sur des thèmes prometteurs pour réaliser un business dans l’avenir. Avec les changements de la société, l’augmentation de la complexité des problèmes sociétaux, l’avènement de nouvelles technologies comme l’IoT et la rapidité du développement de nouveaux produits, les entreprises sont obligées de changer la direction de leur stratégie vers l’innovation ouverte.

Par ailleurs, la coopération avec les universités pourrait permettre aux entreprises de diversifier leurs ressources humaines dans le domaine de la recherche. Les nouveaux thèmes de recherche, dont l’AI qui est très liée aux aspects humains, demandent la participation de chercheurs spécialisés dans différents domaines, non seulement en science et en technologie mais aussi en mathématiques et en sciences humaines et sociales.

La « Stratégie de revitalisation du Japon 2016 » publiée le 2 juin 2016 cite l’objectif de tripler les investissements venant des entreprises japonaises dans les universités et les instituts de recherche japonais d’ici 2025. La nouvelle tendance des entreprises japonaises répond à ce souhait du gouvernement.

Sources :

Rédacteur
Kumiko UEHARA – interprete.sst [at]ambafrance-jp.org