De cellules pluripotentes à l’obtention d’ovocytes mâtures : l’ovogenèse intégrale in vitro.

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Japon

Brève
Japon | Biologie : médecine, santé, pharmacie, biotechnologie
24 octobre 2016

Des chercheurs japonais viennent de développer une méthode permettant de générer des ovocytes mâtures, c’est-à-dire prêts à être fécondés, en reproduisant les étapes de l’ovogenèse intégralement in vitro. Devant être encore optimisée, car générant très peu de souriceaux en comparaison des ovocytes d’une souris normale, la méthode reste encore inenvisageable sur des cellules humaines mais intéresse de nombreux chercheurs souhaitant éclaircir les connaissances sur le développement embryonnaire et proposer de nouveaux traitements contre l’infertilité.

En 2012, le Prof. Katsuhiko Hayashi et ses collègues de l’université de Kyushu parvenaient à générer des gamètes femelles fécondables à partir de deux types cellulaires différents, soit des cellules souches embryonnaires, soit des cellules pluripotentes induites (cellules IPS) provenant de fibroblastes. L’étape ultime du développement ovocytaire nécessitait cependant d’implanter ces cellules au sein de souris vivantes.

Quatre années plus tard, les travaux du Prof. Hayashi et de chercheurs de l’université de Kyoto ont permis de reproduire l’ensemble des étapes du cycle complexe de l’ovogenèse in vitro, de la production des précurseurs ovocytaires à l’obtention d’ovocytes bloqués en métaphase II, c’est-à-dire prêts à être fécondés par un spermatozoïde.

C’est un cultivant les précurseurs ovocytaires en présence de groupes de cellules provenant d’ovaires de souris pendant un mois, que les chercheurs sont parvenus à repousser les limites de la technique. Chaque ovaire généré a ensuite produit environ 50 ovocytes mâtures. Cependant, bien que 75% des ovocytes possédaient le bon nombre de chromosomes, le taux d’anomalies chromosomiques était supérieur au taux observé dans les ovocytes in vivo.

C’est seulement après avoir été fécondées que les cellules reproductrices femelles intégralement générées in vitro ont ensuite été introduites au sein de souris « porteuses », donnant naissance à quelques 300 embryons dont seulement 3% réussirent à franchir toutes les étapes du développement embryonnaire. Les scientifiques ne parviennent pas encore à déterminer quel paramètre pourrait expliquer que si peu de souriceaux soient nés, sachant qu’in vivo le pourcentage de naissances viables atteint 62%.

Ces dernières découvertes ne manqueront pas de relancer le débat sur la génération de cellules reproductrices humaines de manière artificielle et de soulever de nombreuses questions éthiques.
Pour autant, de nombreux chercheurs s’enthousiasment d’utiliser cette technique pour étudier en détail les gènes clés du développement embryonnaire et pour résoudre certains problèmes d’infertilité.

Source : Hikabe O., Hayashi K., et al. Reconstitution in vitro of the entire cycle of the mouse female germ line. Nature, 2016. http://www.nature.com/nature/journal/vaop/ncurrent/full/nature20104.html

Rédacteur : Thibaut Dutruel, ch.mission.sdv chez ambafrance-jp.org