Un été qui en dit long

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Israël | Science de la terre, de l’univers et de l’environnement : énergie, transports, espace, environnement
21 septembre 2018

L’été de l’est-méditerranéen est chaud, sec mais aussi très … long, puisqu’il dure prêt de 4 mois. Or un groupe de chercheurs vient de prédire qu’il passerait à 5 puis 6 mois d’ici fin 2100. Le coupable : le changement climatique. Intéressé(e) par les prédictions météo pour le siècle à venir ? Mettez votre crème solaire et suivez-nous !

Une étude par des chercheurs en climatologie de l’Université de Tel Aviv tire la sonnette d’alarme sur les effets régionaux que pourrait avoir le réchauffement climatique global, car ce dernier terme ne signifie pas que chaque région sera impactée de la même façon.
L’étude publiée dans le journal « International Journal of Climatology » a été réalisée par Rana Samuels, Assaf Hochman, Yizhak Yosef, Hadas Saaroni, Baruch Ziv, Tzvika Harpaz et Pinhas Alpert de l’Université de Tel Aviv (Geosciences School et Porter School of Environmental Studies), ainsi qu’Amir Givati et Anat Baharad du Service Météorologique d’Israël et Yoav Levi du Service Hydrologique d’Israël. Ensemble, ils ont cherché à prédire quel serait le climat de demain dans la zone est-méditerranéenne et le croissant fertile. Ils se sont concentrés sur l’état des précipitations et la récurrence de précipitations extrêmes.

Pour cela, ils ont comparé différents modèles climatiques déjà existants avec les données disponibles pour cette région, afin de déterminer quelles seraient les prédictions pour différentes périodes notamment 2006-2036, 2046-2065 puis 2081-2100, selon 4 scénarios dit RCP (Representative Concentration Scenario) proposés par le GIEC (Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat) : RCP2.6, RCP4.5, RCP6 et RCP8.5. Chacun de ces scénarios fait le lien entre les activités anthropogéniques, les émissions de gaz à effet de serre et leur conséquences sur le climat, selon que ces émissions atteignent un pic entre 2010 et 2020 (RCP2.6), 2040 (RCP4.5), 2080 (RCP6) ou 2100 (RCP8.5), puis régressent (i.e. : grâce à la réduction des émissions).
Selon les deux scénarios les plus probables (RCP6 et RCP8.5), les chercheurs ont découvert que, si l’on s’en tient aux précipitations, il y aura des changements très importants sur la région est-méditerranéenne. Notamment, la période de l’année où il pleut (hiver) va se raccourcir au profit de la période sèche avec peu de précipitations (l’été). Cela veut dire qu’il pleuvra moins et que la saison d’été sera plus longue. Les chercheurs ont aussi prédit que les évènements de précipitations extrêmes seront bien plus nombreux et plus intenses. Ainsi, selon le scénario le plus « pessimiste », l’été passerait de 4 à 5 mois d’ici 2065 (soit +25% en durée), puis 6 mois en 2100 (près de 50% d’augmentation).

Les chercheurs espèrent ainsi alerter les autorités et le public sur les graves conséquences d’un tel changement dans les précipitations. En effet, une prolongation de la durée de l’été pourrait certes être bénéfique pour l’industrie des panneaux solaires, mais aurait de graves conséquences sur la gestion des ressources en eau dans une région où les problématiques liées à cette ressource sont déjà omniprésentes. De plus, cela aurait un impact profond sur l’agriculture et les écosystèmes locaux, qui sont aujourd’hui acclimatés à une période de sécheresse de 4 mois et qui devront s’adapter sous peine de disparaître. Sans compter les effets collatéraux tels que les feux de brousse, les effets sur la santé de la poussière due à la sécheresse et l’aggravation de la pollution atmosphérique, qui s’intensifieront. Une autre problématique soulevée par les scientifiques de l’étude est la recrudescence de phénomènes météorologiques extrêmes, tels que les inondations éclaires et des orages de plus en plus violents, avec des conséquences en termes de pertes humaines et de dégâts matériels.
Les chercheurs craignent que, si rien n’est fait, les conséquences du dérèglement climatique sur cette région ne feront qu’accentuer l’instabilité qui y règne déjà. Néanmoins, comme les effets concernent toute cette région, il est aussi possible de travailler ensemble sur des solutions communes aux problèmes à venir.

Sources :
• Lien vers l’article du site de l’Université de Tel Aviv : https://english.tau.ac.il/news/summer_longer
• Lien vers l’article scientifique sur le site de l’International Journal of Climatology : https://rmets.onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1002/joc.5334

En savoir plus :
• Lien vers le site du Prof. Alpert : http://www.tau.ac.il/~pinhas/
• Lien vers le site du GIEC : http://www.ipcc.ch/home_languages_main_french.shtml
• Lien vers la page Wikipédia des scénarios RCP : https://fr.wikipedia.org/wiki/Scénario_RCP

Rédacteur : Arthur Robin, doctorant à l’Université de Tel Aviv