Un début de réponse à l’insuffisance cardiaque chronique ?

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Israël | Biologie : médecine, santé, pharmacie, biotechnologie
12 février 2021

Les résultats d’une étude menée par le laboratoire du Professeur Eldar Tzahor au sein de l’Institut Weizmann, publiée dans Nature Cell Biology, démontrent la possibilité de régénérer le cœur en activant les cellules saines le composant.

L’insuffisance cardiaque, ainsi que les maladies cardiaques chroniques, touchent 10% des adultes de plus de 65 ans. Ces maladies entrainent un remplacement du tissu sain par du tissu cicatriciel limitant la capacité du cœur à faire circuler le sang. A ce jour aucun traitement n’existe pour retrouver un tissu sain.

Tout au long de notre vie nous conservons les mêmes cardiomyocytes (cellules cardiaques), ces cellules ne se divisant presque jamais et ne se régénérant pas lorsqu’elles sont endommagées.
En 2015, le laboratoire du Professeur Tzahor a montré que des souriceaux sont capables de régénérer leur cœur en activant un récepteur du cardiomyocyte, appelé ERBB2, essentiel au développement embryonnaire du cœur. Lorsque ce même récepteur est stimulé chez une souris adulte immédiatement après un arrêt cardiaque, le cœur est alors capable de réparer les dommages.

Depuis cette dernière étude, les chercheurs ont étudié la possibilité d’activer le récepteur ERBB2 lorsque le cœur a déjà cicatrisé. Pour ce faire, ils ont utilisé une souris transgénique capable de surproduire le récepteur ERBB2 dans les cardiomyocytes. Des modifications génétiques supplémentaires ont été ajoutées afin de pouvoir contrôler l’activation du récepteur.

En activant le récepteur ERBB2 après un arrêt cardiaque et une fois le cœur cicatrisé, les chercheurs ont observé que les cardiomyocytes se multipliaient et formaient un nouveau tissu cardiaque sain. Une analyse plus approfondie a montré que les cardiomyocytes activés par ERBB2 se comportaient comme une forme « juvénile ». Ces cellules sont alors moins attachées à leurs voisines et sont capables de se déplacer, caractéristiques d’un phénomène observé lors du développement embryonnaire mais aussi lors de cancers métastasiques.

Ainsi, après quelques semaines d’activation de ERBB2 les souris ont retrouvé un cœur sain. La capacité des chercheurs à activer et désactiver ERBB2 était cruciale pour promouvoir la réparation du cœur, tout en évitant la formation d’un cancer.

Cette étude, bien qu’uniquement réalisée sur des souris, suggère pour la première fois que l’insuffisance cardiaque ne serait pas irréversible.

Auteur : Lukas Krauss, Doctorant à l’Institut Weizmann des Sciences.

Sources

  • Aharonov, A., Shakked, A., Umansky, K.B. et al. ERBB2 drives YAP activation and EMT-like processes during cardiac regeneration. Nat Cell Biol 22, 1346–1356 (2020).
  • D’Uva, G., Aharonov, A., Lauriola, M. et al. ERBB2 triggers mammalian heart regeneration by promoting cardiomyocyte dedifferentiation and proliferation.
    Nat Cell Biol 17, 627–638 (2015).
  • https://wis-wander.weizmann.ac.il/science-education/heart-cells-regenerated-mice