Super peptide ?

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Israël | Biologie : médecine, santé, pharmacie, biotechnologie
15 mai 2018

Et si un simple peptide (molécule contenant des acides aminés liés par une liaison spécifique) pouvait ouvrir la voie vers la guérison de la polyarthrite rhumatoïde, de la sclérose en plaque et de la maladie d’Alzheimer ?

Le Prof. David Naor et son équipe à l’Université hébraïque de Jérusalem ont passé dix années à étudier un peptide et sont persuadés qu’il pourrait contribuer à la guérison de nombreuses maladies. En effet, ils ont d’abord identifié une protéine impliquée dans les interactions cellulaires qui est altérée chez les personnes atteintes de polyarthrite rhumatoïde, puis ils ont utilisé la variante altérée de cette protéine pour produire son anticorps et dériver de ce dernier un peptide appelé « CD44vRA 5-mer peptide ».

Or, lorsque ce peptide est injecté à des souris souffrant d’arthrite, il permet de restaurer l’anatomie et la fonctionnalité des tissus endommagés ! De plus, l’injection ne déclenche pas d’effets secondaires. Afin de comprendre les mécanismes mis en jeu, le Dr Naor et son équipe se sont penchés sur le CD44vRA 5-mer peptide : vous pouvez voir ci-dessous la structure de CD44 et des ses variantes.

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Figure1. CD44 et ses variantes (crédits : Naor et al.)

Une analyse poussée a permis de découvrir que la cible de ce 5-mer peptide est une protéine connue sous le nom de SAA. C’est cette protéine qui est reconnue et neutralisée par le 5-mer peptide. Or, cette protéine est impliquée dans d’autres pathologies telles que la sclérose en plaque et la maladie d’Alzheimer.

Par conséquent, le Prof. Naor et son équipe ont testé l’injection du 5-mer peptide chez des souris atteintes de sclérose en plaque. Cinq jours après l’injection, le nombre de cellules enflammées dans le système nerveux avait décru significativement.

En collaboration avec le Prof. Hanna Rosenmann de l’hôpital Hadassah, l’équipe du Prof. Naor a étudié les effets du 5-mer peptide sur des souris atteintes d’Alzheimer. Lorsque des souris non atteintes de la maladie d’Alzheimer sont placées dans un bassin rempli d’eau, elles savent retrouver leur chemin vers une plateforme sèche. Or, les souris atteintes de la maladie d’Alzheimer mettent plus longtemps à retrouver la plateforme. Après injection du peptide, les souris atteintes de la maladie d’Alzheimer étaient capables de retrouver leur chemin vers la plateforme aussi vite que celles non-atteintes par la maladie !

Ces recherches ont été développées grâce au soutien de Yissum (l’entreprise de transfert de technologie de l’Université hébraïque de Jérusalem), le gouvernement israélien et Spherium Biomed (une entreprise espagnole). Spherium Biomed cherche désormais des fonds afin de lancer la phase clinique. Le Prof. Naor est confiant concernant le résultat des tests chez les humains : en effet, le peptide ayant été dérivé de matériel humain, il devrait fonctionner au moins aussi bien chez les humains.

Réponse attendue dans deux ans !

Sources :
https://www.a-star.edu.sg/Portals/32/1_David%20Naor.pdf
https://www.israel21c.org/one-drug-could-treat-alzheimers-ms-crohns-and-more/

Pour en savoir plus :
https://ac.els-cdn.com/S0065230X08601013/1-s2.0-S0065230X08601013-main.pdf?_tid=2e3f570e-14bb-11e8-8ed1-00000aab0f26&acdnat=1518965660_d618025570b4950b3b0b2b1b81ed4a8f

Rédactrice : Odélia Teboul (odelia.teboul1[a]mail.huji.ac.il), doctorante à l’Université hébraïque de Jérusalem