Réchauffement climatique et invasion de la Méditerranée

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Israël | Biologie : médecine, santé, pharmacie, biotechnologie | Science de la terre, de l’univers et de l’environnement : énergie, transports, espace, environnement
9 novembre 2015

On entend régulièrement parler de réchauffement climatique, de fonte des glaces, de montée du niveau de la mer, mais de quoi parle-t-on concrètement ? À quoi sont dus ces changements ? Comment ce concrétisent-ils ?
Une étude Israélo-germanique associant des chercheurs de l’université de Brême et de Bonn en Allemagne, de l’université Ben Gourion du Néguev en Israël ainsi que de l’institut d’étude géologique d’Israël révèle l’influence du réchauffement de la mer Méditerranée sur sa population marine.
Ce changement de température serait responsable de l’invasion de la mer Méditerranée par un petit être marin grand de moins d’un millimètre appelé Foraminifera Pararotalia.

Foraminifera Pararotalia

Le Foraminifera Pararotalia a été découvert en 1994 dans la partie Est de la Méditerranée et a considérablement proliféré depuis, sans tout de même avoir atteint la mer rouge jusqu’à présent.
Il n’a l’air de rien à première vue : c’est un très petit organisme unicellulaire. Et pourtant il joue un rôle important dans la stabilisation de l’écosystème de la zone côtière : il possède une coquille de calcite (minéral composé de carbonate naturel de calcium) qui, après sa mort, participe à l’écosystème des récifs et a une fonction « d’ingénieur de l’écosystème » en étant précurseur de la formation de ces récifs. Les spécialistes des Foraminifera, comme le Dr. Schmidt, sont capables d’identifier les Foraminifera selon la forme de leur coquille. Pour réaliser leur étude, les scientifiques ont collecté du printemps 2012 à l’automne 2013, au sud de Haïfa, sur la côte israélienne, des échantillons de Foraminifera Pararotalia vivants.
Le docteur Morard, de l’université de Brême, a conduit une étude d’identification moléculaire très performante sur les échantillons, révélant que Pararotalia est une espèce invasive originaire des océans Indien et Pacifique. La prolifération de Pararotalia et sa sélection positive au sein de la Méditerranée seraient sûrement dues à son rôle écologique.

Pararotalia et son environnement

Ce Foraminifer vit en symbiose avec des algues microscopiques, ou micro algues, qui se trouvent dans la Méditerranée, notamment dans les eaux chaudes de 23°C à 28°C. Ces micros algues lui offrent une alimentation photo-énergétique et une aide à la calcification.
La température de l’eau est donc un paramètre important pour la survie de Pararotalia. Les chercheurs ont cultivé Pararotalia dans leur laboratoire afin de trouver sa température optimal : elle se situe autour de 28°C, son minima étant de 20°C et son maxima de 35°C. Les chercheurs ont aussi développé un modèle informatique permettant de déterminer quelles régions de la Méditerranée sont adaptées à Pararotalia. Le but de ce modèle est de prédire sa migration et sa prolifération, en fonction de la poursuite du réchauffement climatique et donc du réchauffement de la mer. Le modèle prédit ainsi une expansion de Pararotalia dans les régions de la Méditerranée qui sont toujours trop froides pour sa survie. D’ici 2100, Pararotalia pourrait être trouvée dans la mer Égée, Ionienne, et sur la cote Libyenne, en raison du transport des courants.

Un écosystème perturbé

Le réchauffement des mers donnera ainsi lieu à des migrations d’espèces, et dans le cas présent, dans l’ouest de la Méditerranée. Mais cette espèce n’est qu’un exemple parmi d’autres comme les poissons, les algues et les plantes qui continuent et continueront d’étendre leur territoire. De ce fait, l’écosystème du Levant est déjà dominé par des poissons d’autres régions, conduisant à un déclin significatif de la population indigène. Les différents écosystème se voient ainsi perturbés et la diversité biologique du globe est menacée.
Cette étude publiée dans le journal PLOSOne en août dernier n’est qu’un exemple de l’importance du forum pour l’innovation durable SIF15 (Sustainable Innovation Forum) organisé pendant la Conférence annuelle des Parties COP21 qui se déroulera le 7 et 8 Décembre cette année dans la commune du Bourget en France. SIF15 aura pour thèmes le développement international durable et l’innovation pour la faible émission de carbone. Car comme nos chercheurs viennent de le démontrer et comme le dit le géologue Charles Frankel dans « Sur quelles planètes vivrons-nous au temps du réchauffement climatique » (Planete terre, France Culture) : « on s ‘achemine vers des temps très incertains » !

Sources :
http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4536047/
http://www.cop21paris.org/fr
http://www.franceculture.fr/emission-planete-terre-sur-quelles-planetes-vivrons-nous-au-temps-du-rechauffement-climatique-2015-0

Auteur : Amaranta Kahn, Volontaire internationale chercheuse à l’Institut Weizmann