Quand le thé et le vin peuvent sauver des vies

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Israël | Biologie : médecine, santé, pharmacie, biotechnologie
21 décembre 2018

Notre organisme, afin de pouvoir métaboliser les aliments que nous absorbons, a besoin d’enzymes (protéines favorisant les réactions chimiques). Certaines personnes atteintes d’une maladie héréditaire ne possèdent pas certaines de ses enzymes et présentent des troubles métaboliques très graves. En l’absence de traitement, les patients sont obligés de suivre un régime strict concernant leur alimentation. Une récente étude d’une équipe de recherche de l’Université de Tel Aviv (TAU) a récemment démontré que certains composants présents naturellement dans le thé et le vin rouge peuvent être utilisés à des fins thérapeutiques.

Les maladies métaboliques génétiques (ou congénitales), aussi appelées maladies héréditaires du métabolisme, englobent un large spectre de maladies génétiques impliquant des troubles du métabolisme. La plupart d’entre elles sont dues à des défauts d’un simple gène portant le code d’une enzyme qui catalyse la conversion de diverses substances (substrats) en d’autres (produits). Dans le cas de la plupart de ces troubles, des problèmes se manifestent à cause de l’accumulation de substances toxiques, de substances interférant avec une fonction normale ou encore des effets de la capacité réduite de l’organisme à synthétiser des composés essentiels.

Les personnes atteintes de maladies neurodégénératives, telles que la maladie de Parkinson ou d’Alzheimer, présentent également une accumulation d’éléments toxiques. Lors de précédentes études, le Prof. Ehud Gazit et son étudiant Shira Shaham-Niv, de la faculté des sciences de la vie George S. Wise de TAU, ont démontré dans un premier temps que l’acide aminé phénylalanine s’agrège pour former les plaques d’amyloïdes (marqueurs de maladies neurodégénérescentes) chez les patients atteints de ce type de maladies. A partir de cette observation, Shira Shaham-Niv a constaté que les patients atteints de troubles métaboliques génétiques présentent également une accumulation d’éléments toxiques conduisant à la formation de plaques amyloïdes.

Parmi la diversité des maladies métaboliques existantes, la phénylcétonurie (PKU) est une forme héréditaire ayant pour conséquence l’accumulation de l’acide aminé phénylalanine conduisant à la formation de plaques amyloïdes toxiques, ce qui peut entraîner des problèmes de développement et des retards mentaux. Les patients atteints de la PKU sont donc soumis à un régime strict impliquant l’absence de toute trace de cet acide aminé, qui se retrouve dans la plupart de nos aliments.

C’est sur cette maladie que s’est concentrée la nouvelle étude du Prof. Ehud Gazit. L’équipe de recherche a étudié deux substances, l’EGCG et l’acide tannique (TA), qui sont naturellement et abondamment présents respectivement dans le thé et le vin. Ces molécules sont reconnues comme étant des inhibiteurs de la formation des plaques amyloïdes formées par l’agrégation de protéines et de peptides.
Dans cette étude, les chercheurs révèlent que ces deux composés poly-phénoliques aromatiques, l’EGCG et le TA (même appliqués à très faible concentration) peuvent inhiber la formation de fibrilles de métabolite amyloïde (agrégations de protéines issues de notre alimentation qui conduisent à la formation de plaques amyloïdes), ayant pour base l’accumulation de phénylalanine.

Cette étude ouvre une nouvelle voie thérapeutique et apporte de nouvelles informations concernant une forme d’agrégation de protéines peu connue, mais qui joue un rôle important dans le développement de maladies métaboliques et également dans certains cancers.
Peut être qu’un jour un nouveau traitement à base de thé ou de vin seras mis sur le marché ; bien entendu, à consommer avec modération !

Sources :
https://english.tau.ac.il/news/green_tea_wine_block
https://www.nature.com/articles/s42004-018-0025-z

Rédacteur : Henri-Baptiste Marjault (henri.margault[a]mail.huji.ac.il), doctorant à l’Université hébraïque de Jérusalem