Qu’est ce qui est rouge, vient d’Israël et fait la même taille qu’une pièce de 10 centimes d’euros ?

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Israël

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Israël | Agronomie et alimentation
28 août 2018

Israël n’est pas seulement en pointe en matière de high-tech, mais aussi d’innovation agricole, en particulier concernant la tomate. En effet, d’innombrables variétés de tomates ont vu le jour en Israël et s’exportent dorénavant dans le monde entier. Voici la (très) petite dernière : la tomate « myrtille ». Enfilez vos bottes et venez découvrir cette naine rouge sortie de Terre Sainte.

La tomate est un sujet sérieux en Israël. Ce fruit, emblématique de la Méditerranée mais originaire des Amériques, est devenu en effet le jouet de certains innovateurs israéliens. Ceux-ci ont cherché à se confronter aux canons de beauté de cette plante de la famille des Solanacées. Si nous nous imaginons la tomate « lambda » comme rouge vive et de la taille d’une pomme et que nous connaissons la tomate cerise, des dizaines de nouvelles variétés aux couleurs exotiques (jaune, orange, verte, etc.), aux formes disparates ou à la taille peu commune, ont vu le jour en Israël ces 20 dernières années.

La (très) petite dernière élaborée en janvier dernier et issue de la recherche en sélection variétale israélienne est certes bien rouge, mais sa taille en fait la championne des tomates cerises dans la catégorie lilliputienne, puisqu’elle mesure moins de deux centimètres de diamètre, soit la taille d’une myrtille. Cette prouesse a été réalisée par la société Kedma dans le désert d’Arava au sud-est d’Israël. Cette tomate est issue d’une semence provenant de Hollande, qui a été modifiée pour s’acclimater au climat aride local avec l’aide du centre de recherche et de développement du centre et du nord de l’Arava (Central and Northern Arava Research and Development Center).
Le résultat de cette expérimentation ? Une tomate cerise à la taille modeste, mais au goût prononcé, qui se distingue par sa saveur sucrée et qui se distingue par son surnom de « drop tomato » en anglais, c’est-à-dire de « tomate qui s’ajoute directement aux plats ». Son arrivée sur les étales des marchés israéliens est prévue pour bientôt, alors que certains chefs israéliens, notamment à Tel Aviv, s’intéressent déjà à ce nouvel ingrédient.

Ce n’est pas la première fois qu’une nouvelle variété de tomate « made in Israël » naît. En effet, l’entreprise israélienne Hazera, membre du groupe français Limagrain, a fait de la sélection variétale de tomates son cheval de bataille et a développé une expertise sur le sujet. Elle contrôle aujourd’hui environ 10% du marché mondial des semences de tomates et est présente dans une dizaine de pays. Sa cible privilégiée est le goût. En effet, la plupart des variétés de tomates ont été sélectionnées pour leur productivité : pousser plus vite et faire des fruits plus gros, au détriment de leur saveur, ce à quoi Hazera veut remédier en proposant des tomates aux goûts nouveaux et plus prononcés.
De même, en 2007, sortant du centre de recherche agronomique israélien Volcani, une nouvelle variété de tomate cerise enrichie en lycopène, un antioxydant naturel de la tomate, a été créée puis commercialisée sous forme séchée sous le nom Lyc-O-Mato par la société Lycored. Cette société s’est d’ailleurs spécialisée dans la production d’extraits et d’additifs naturels produits à base de tomates pour l’alimentation.

Côté académique, la tomate intéresse autant que du côté de la recherche privée. Par exemple, nous vous avions parlé de tomates aux couleurs exotiques lors d’une précédente brève (« "La couleur de nos fruits et légumes examinée au peigne fin par des peintres moléculaires"). Ce n’est toutefois pas le seul exemple de l’intérêt académique pour ce fruit. Par exemple, un groupe de l’Université hébraïque de Jérusalem, dirigée par le Dr. Dani Zamir travaille activement sur le génome de la tomate pour y percer le secret de sa productivité. Son groupe a publié de nombreux articles sur la tomate, notamment les gènes liés à son rendement et à son goût et a obtenu une bourse de recherche de 2,5 millions d’euros du Conseil Européen de la Recherche (ERC) de 2012 à 2016 pour une recherche visant à améliorer le rendement des tomates par manipulation génétique.
Israël est ainsi un terreau fertile pour la recherche agronomique et les efforts déployés pour dompter le climat ont porté leurs fruits, ou en tout cas leurs tomates !

Sources :
• Article sur la plus petite tomate cerise sur Times of Israel (en anglais) : https://www.timesofisrael.com/israeli-company-says-it-has-developed-tiniest-cherry-tomato/
• Article sur Hazera sur IsraelAgri (en anglais) :http://www.israelagri.com/?CategoryID=404&ArticleID=1083
• Article sur Lyc-O-Mato et Lycored sur Israel 21c (en anglais) : https://www.israel21c.org/seeing-red-israeli-cherry-tomato-raisin-high-in-natural-antioxidants/
• Article sur le site du Conseil Européen pour la Recherche (en anglais) : https://cordis.europa.eu/project/rcn/101836_en.html

Pour en savoir plus :
• Site de Kedma (en hébreu) : https://www.kedma-idan.co.il
• Lien vers le centre de recherche et de développement du centre et du nord de l’Arava (anglais) : http://en.agri.arava.co.il/about
• Site d’Hazera (en anglais) : https://www.hazera.com
• Site de Lycored (en anglais) : http://www.lycored.com/about/
• Site du docteur Dani Zamir de l’Université hébraïque de Jérusalem (anglais) : http://departments.agri.huji.ac.il/plantscience/people/Dani_Zamir/#selected_publications

Rédacteur : Arthur Robin, doctorant à l’Université de Tel Aviv