Plus qu’une poignée de main

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Israël

Brève
Israël | Sciences Humaines et sociales
21 juillet 2015

La poignée de main est une pratique intemporelle et intergénérationnelle.
Mais que se cache t-il derrière une simple poignée de main ? C’est la question que se sont posés le Prof. Noam Sobel et son étudiant Idan Furmin, du département de Neurobiologie de l’institut Weizmann. Une de leur hypothèse consiste à penser que ce serait un moyen d’être attentif à l’odeur des autres, toutefois sans en être conscient.

Il est de notoriété public que les rongeurs, chiens et autres mammifères se sentent afin de communiquer socialement. Il semblerait que l’évolution n’ait pas évincée les humains de ce processus.

Les chercheurs se sont tout d’abord interrogés sur la possibilité d’une odeur corporelle à se transmettre par une poignée de main. Pour ce faire, ils ont portés des gants et serrés la main de volontaires mains nues. En analysant les odeurs résiduelles des gants ils ont découverts qu’une seule poignée de main est suffisante pour transférer plusieurs odeurs connues comme servant de signaux chimiques significatifs chez les mammifères. Car, s’il était bien connu que des germes se transmettent par le contacte physique d’une poignée de main, cela ne l’était pas pour les messagers chimiques.

L’étape suivante a été d’étudier le rôle potentiel d’une poignée de main comme moyen de communication olfactive.
Pour tester cette hypothèse, 271 volontaires on été filmés en caméra cachée dans une pièce, avant et après avoir été salués par un expérimentateur leur serrant la main ou non. L’étude montre qu’après qu’un volontaire ait serré la main d’un expérimentateur du même sexe que lui, le volontaire sent la main avec laquelle il a donné une poignée de main deux fois plus longtemps après la poignée de main. De façon étonnante lors ce que le volontaire sert la main d’un expérimentateur de sexe opposé, il sent la main avec laquelle il n’a pas donné de poignée de main. Ceci tend à indiquer que les individus se sentent les mains instinctivement après une poignée de main, de façons différentes en fonction de leur interlocuteur, indiquant que l’odorat joue un rôle social particulièrement important au sein de personnes de même sexe.

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Une poignée de main | Crédits : Chris-Håvard Berge

Les scientifiques ont ultérieurement pratiqué des tests pour s’assurer que les volontaires sentaient bien leurs mains afin de sentir les odeurs, et non en réponse à une situation de « stress » due à une situation inhabituelle. Ils ont d’abord mesurés l’écoulement d’air nasal des volontaires lors de la tâche et ont confirmé qu’ils sentaient bien leur mains : l’écoulement d’air nasal enregistré est double lors ce qu’ils portent leur main à leur nez. Ils ont ensuite découvert la possibilité de manipuler l’inhalation olfactive des volontaires en leur présentant différentes odeurs : lorsque l’expérimentateur se parfume d’un parfum commercial unisexe, le volontaire sent plus sa main. Contrairement, lors ce que l’expérimentateur se parfume d’odeurs dérivées d’odeur sexuelles, le volontaire sent moins sa main. Ce test final confirme la nature olfactive des volontaires à sentir leurs mains ou non.

Les poignées de mains varient en fonctions de leur durée, de leur force, de leurs intentions, véhiculant des signaux sociaux. Cette étude publiée dans le journal eLife démontre que l’odeur propagée par les poignées de mains s’ajoute aux signaux véhiculés (message de paix, de conflit, de consentement, de tendresse, etc). Les humains ne seraient donc pas juste passivement exposés aux signaux sociaux chimiques mais les rechercheraient activement.

Sources :
http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4345842/
https://www.youtube.com/watch?v=6r91sFUTezE
http://wis-wander.weizmann.ac.il/nice-to-sniff-you-handshakes-may-engage-our-sense-of-smell#.VPyC0mSUfoE

Auteurs :
Amaranta Kahn, Volontaire internationale chercheuse à l’Institut Weizmann

Angélique Toulon, chargée de mission universitaire et scientifique à l’ambassade de France d’Israël