Mieux comprendre le microenvironnement des tumeurs pour une meilleure prise en charge des cancers

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Israël

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Israël | Biologie : médecine, santé, pharmacie, biotechnologie
2 janvier 2017

Le Professeur Adit Ben-Baruch et son équipe du département de recherche cellulaire et d’immunologie de l’Université de Tel Aviv travaillent actuellement sur ce concept. Leur étude, publiée dans le journal Oncotarget, montre que le microenvironnement de la tumeur favorise le développement de différents types de tumeurs.

Il existe de nombreux types de tumeurs qui se caractérisent par différentes cinétiques de progression. Pour une meilleure prise en charge des patients, il est essentiel de développer des techniques de diagnostic plus précises ainsi que des traitements adaptés à chaque type de tumeur. Dans les cancers du sein, cette hétérogénéité se manifeste par exemple par des différences histologiques, de marqueurs moléculaires et génétiques. Plusieurs sous-familles ont été établies à savoir les Luminal-A, Luminal-B, HER2+ et le triple négatif également appelé cancer basal. Néanmoins, malgré l’existence de ces sous-populations, des hétérogénéités intra-populations sont notées et ces différences dictent le potentiel métastatique des cellules ainsi que leur résistance aux traitements.

Dans cette étude, les chercheurs israéliens se sont focalisés sur un type de cancer du sein, le Luminal-A. Ils ont analysé l’expression des différents récepteurs cellulaires sous l’influence d’hormones comme l’œstrogène – acteur majeur dans la prolifération et la survie des cellules cancéreuses – et de facteurs de l’inflammation comme le facteur de nécrose tumorale alpha (TNF-α) jouant un rôle dans la progression de la tumeur. Ce facteur est exprimé dans 90 % des cancers du sein. Les cellules expriment également les facteurs de croissance épidermique (EGF). L’équipe a ainsi cultivé des cellules cancéreuses de type Luminal-A en présence simultanée d’œstrogène, de TNFα et d’EGF. Elle a également étudié l’influence in vitro et in vivo de ces trois facteurs de façon indépendante. Les résultats ont montré un effet synergique des facteurs entrainant un remodelage très rapide des cellules avec un phénotype de type épithélio-mésenchymateuse (EMT) et une forte diffusion des cellules, comparés à l’action de chaque facteur seul. En parallèle, les résultats ont montré une forte différentiation en cellules de type CD44+/β1+ et de type CD44+/CD24faible/−. Ces deux molécules d’adhésion CD44 et β-intégrine permettent une meilleure adhésion des cellules et augmentent l’agressivité de la tumeur. De plus, le CD44+/CD24faible/− est également un marqueur très exprimé chez les cellules souches cancéreuses (CSC). Bien que ces deux populations aient la possibilité de développer des tumeurs primaires, les cellules CD44+/CD24faible/− conduisent à une diffusion métastatique tandis que les cellules CD44+/β1+ sont très faiblement métastatiques. La transplantation simultanée de ces deux populations cellulaires a généré le développement de tumeurs de type CD44+/CD24faible/−.

Ainsi, au sein d’une même sous-famille de cancer, il existe une hétérogénéité qui est influencée par le microenvironnement tumoral. Ce dernier peut entrainer un enrichissement en cellules souches cancéreuses favorisant la progression de la pathologie. Cette avancée permet donc d’envisager de nouveaux traitements anti-cancéreux ciblant les différents facteurs et cytokines du microenvironnement ou les récepteurs cellulaires de ces substances pour réduire l’expression de CSC dictant l’expansion de la tumeur.

Pour en savoir plus : http://www.aditbenbaruch.com/

Sources : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/27835603

Rédacteur(s) : Angèle Cortial, Post-doctorante, Université hébraïque de Jérusalem