Microbiote intestinal et arrêt du tabac
Actualité
Israël
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Biologie : médecine, santé, pharmacie, biotechnologie
6 janvier 2022
Une récente étude de l’Institut Weizmann, publiée dans Nature, a permis de démontrer que le microbiote intestinal des anciens fumeurs serait impliqué dans la prise de poids survenant communément après l’arrêt du tabac.
On estime que le nombre de fumeurs dans le monde s’élève aujourd’hui à plus d’un milliard, dont une grande majorité souhaite arrêter de fumer. Cependant, plusieurs freins à l’arrêt du tabac persistent, parmi lesquels la peur des symptômes de sevrage, de l’échec ou encore de la prise de poids. De fait, les personnes arrêtant de fumer gagnent en moyenne 4,5kg dans les 6 à 12 mois après l’arrêt du tabac.
Des chercheurs de l’Institut Weizmann ont tenté de comprendre la raison de cette prise de poids et ont découvert que celle-ci pourrait être due à des composés qui sont libérés par des microbes intestinaux et impliqués dans la régulation du poids. Dans le cadre de cette étude, les chercheurs ont observé que les souris régulièrement exposées à la fumée de cigarette ne parvenaient pas à gagner du poids – malgré une alimentation riche en graisses et sucres. A l’inverse, elles prenaient rapidement du poids dès que l’exposition à la fumée cessait. Par ailleurs, les souris ayant reçu des antibiotiques à large spectre, ayant épuisé leur microbiome, ont pris beaucoup moins de poids après avoir arrêté de fumer – et ce, pour tout type de régime alimentaire.
Aussi, selon les scientifiques, les composés présents dans la fumée du tabac (tels que la nicotine) pourraient modifier la composition bactérienne de l’intestin et ainsi le métabolisme du corps. Ils ont alors caractérisé des milliers de métabolites potentiellement produits ou modifiés par le microbiome lors d’une exposition à la fumée. Ils ont ainsi identifié deux molécules impliquées dans la modulation du poids, pouvant expliquer les conséquences métaboliques de l’arrêt du tabac. De plus, en analysant les microbiomes de près de 100 fumeurs et non-fumeurs, ils ont trouvé, dans le microbiome des fumeurs, des modifications de métabolites similaires à ceux observés chez les souris exposées à la fumée.
Ces résultats, publiés dans Nature en décembre 2021, permettent de mieux appréhender l’interaction existant entre le microbiome et le corps humain dans la régulation du poids et du métabolisme. De plus, les composés identifiés dans le cadre de cette recherche pourraient conduire à de nouveaux traitements.
Auteur : Auriane Djian, chargée de mission scientifique au sein du Service de coopération scientifique et universitaire de l’Institut français d’Israël.
En savoir plus : https://www.nature.com/articles/s41586-021-04194-8