Le Technion sur la lune

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Israël | Science de la terre, de l’univers et de l’environnement : énergie, transports, espace, environnement
30 juillet 2015

Non, le MIT israélien n’a pas (encore) l’ambition de lancer un programme d’exploration spatial. Par contre, ses chercheurs de la faculté de physique, qui ont toujours les pieds sur Terre, s’intéressent de près à notre fidèle satellite naturel. Deux d’entre se sont ainsi intéressés aux origines de la Lune et ont récemment construit un modèle théorique éclaircissant une partie des interrogations et incompréhensions qui restaient sur son existence.

Le grand débat de l’origine de la Lune

La Lune s’est formée il y a environ 4.5 milliards d’années, 50 millions d’années après le système solaire. Si cette estimation fait consensus dans la communauté des astrophysiciens, le processus ayant amené à son existence est un sujet de débat bien intense ! Jusque dans les années 80, plusieurs théories se sont durement affrontées : pour certains, la Lune était issue de l’agglomération d’éléments de la croûte terrestre éjectés par la force centrifuge de la rotation de la terre. Pour d’autres, les deux astres s’étaient formés en même temps à partir d’un même disque d’accrétion (une forme de nuage de particules tournant sur lui-même). Certains pensaient plus simplement que la terre avait à un moment de son existence capturé un astre déjà formé. Les mesures et observations accumulées au fil du temps, notamment grâce aux échantillons rapportés par les missions Apollo ont cependant fini par invalider ces différentes théories, et la communauté universitaire a convergé vers le modèle de la collision « géante » : la formation de la Lune est due à l’impact entre la Terre et une autre planète de la taille de Mars,souvent appelée Theia. Cette collision aurait entraîné la création d’un nuage de débris gravitant autour de la Terre, qui ensuite, par lente agglomération, aurait abouti à la formation de notre satellite.

Un paradoxe résistant aux scientifiques

Si la communauté astrophysique a dans son ensemble accepté ce modèle, certains détails ont continué à perturber de nombreux chercheurs. L’un d’eux concerne la composition de la lune : dans le scénario de cette collision géante, la lune hérite majoritairement de la matière, et donc de la composition, de l’astre heurtant la Terre. Néanmoins, l’analyse des nombreuses roches rapportées par les missions Apollo a montré que la composition de notre satellite naturelle est très proche de celle de la Terre. Cette observation laissa perplexe un grand nombre de physiciens, étant donné qu’à l’inverse, on sait que la composition d’autres planètes comme Mars ou Venus diffèrent foncièrement de celle de la croûte terrestre. Et pour la plupart des scientifiques, il paraissait peu probable que Theia ait eu la même composition que la Terre.

Le professeur Hagai Perets et le docteur Alessandra Mastrobuono-Battisti de la faculté de physique du Technion se sont donc intéressés à ce paradoxe astrophysique, et ont établi en collaboration avec le docteur Sean Raymond de l’université de Nice, un modèle expliquant ce mystère. Pour comprendre ce phénomène, ils sont remontés un peu plus loin dans le temps en cherchant à simuler la formation du système solaire dans son ensemble et analyser ensuite les différentes collisions pouvant apparaître dans cet environnement nouvellement formé. Ils se sont alors aperçus qu’ avec une grande probabilité, lorsque deux corps de masses similaires entraient en collision, les deux astres s’étaient constitués dans la même région du système solaire. Autrement dit, il est fortement probable que Theia soit apparue dans le même voisinage que la Terre, et donc ait eu une composition très proche de notre planète. Et visiblement, cette intéressante explication semble avoir convaincu une partie de la communauté, ce travail de recherche ayant été accepté pour publication dans la prestigieuse revue scientifique Nature.

Sources :
[1] http://www.technion.ac.il/en/2015/04/the-origins-of-the-moon/

Auteur :
Paul Balança, VI chercheur en Israël (Technion)
Angélique Toulon, chargée de mission scientifique à l’ambassade de France d’Israël