La thérapie par la musique

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Israël | Sciences et technologies de l’information et de la communication : TIC, télécoms, micro-nanotechnologies, informatique
2 août 2019

La thérapie par la musique, ou musicothérapie, est de plus en plus répandue lorsqu’il s’agit de traiter des personnes pour qui l’usage de la parole est problématique. L’idée est que le patient, musicien ou non, ait un dialogue avec son thérapeute par le biais d’un instrument avec lequel il improvise. L’analyse du jeu du patient est souvent délicate, car les nuances possibles sont nombreuses. Des chercheurs de l’Institut Weizmann et de l’Université de Bar-Ilan ont développé un algorithme informatique ayant, entre autres, pour but d’assister les musicothérapeutes dans leur travail.

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Image. Figure montrant la fréquence de jeu des notes pour différentes catégories de participants.

Chez les Grecs, la musique était considérée comme une science au même titre que les mathématiques, la physique et la médecine. Déjà avaient-ils défini précisément la relation entre les sentiments et la musique en théorisant les modes que l’on connaît encore aujourd’hui sous les noms de dorien pour les sentiments austères, hypodorien pour la joie et la fierté, etc. Puisant ainsi ses origines dans l’Antiquité, la thérapie par la musique s’est fortement développée du fait des guerres mondiales dans le but de traiter les soldats qui souffraient alors de traumatismes physiques ou mentaux. Ce mode de thérapie basé sur l’étude de l’improvisation musicale du patient est aujourd’hui de plus en plus répandu.

Des chercheurs du département d’informatique de l’Institut Weizmann, en collaboration avec une équipe de l’Université de Bar-Ilan, ont développé un algorithme visant à aider les musicothérapeutes dans leur travail. En effet, une des difficultés rencontrées aujourd’hui est liée au fait que les nuances du jeu des patients sont nombreuses et parfois difficilement interprétables. Afin de remédier à cela, les scientifiques ont conçu un outil informatique qui analyse le jeu des patients afin d’en extraire de nombreuses statistiques, permettant ainsi au thérapeute d’acquérir des données quantitatives sur chaque patient.

Les chercheurs ont analysé les improvisations au piano de 108 sujets âgés de 18 à 77 ans. Il était demandé aux participants, musiciens ou non, d’improviser sur des thèmes tels que « pensée négative », « laideur », « pensée positive » et « beauté ». Leur analyse montre que les sentiments négatifs encouragent l’utilisation d’accords souvent dissonants alors que les sentiments positifs entraînent un jeu doux avec peu de notes. Si cette conclusion paraît évidente, leur étude a aussi montré des distinctions entre les genres et les âges. Ainsi, les sujets les plus âgés utilisaient plus d’accords que les plus jeunes et les femmes exploraient moins la totalité du clavier que les hommes. Ces résultats corroborent de précédentes études réalisées par l’analyse de dessins.

Les chercheurs travaillent désormais à compléter leur algorithme afin d’analyser plus finement ces résultats. Cela aidera bientôt les thérapeutes à noter de subtils changements d’une séance à l’autre, facilitant ainsi leur travail et permettant des soins plus adaptés.

Sources :

Rédacteur : Arnaud Courvoisier, doctorant à l’Institut Weizmann