Favoriser la prise de contact entre étudiants israéliens et immigrés : une question de perception

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Israël

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Israël | Sciences Humaines et sociales
7 février 2020

Des chercheurs de l’université Bar-Ilan ont mis en évidence certaines limites socio-culturelles à la mise en contact entre élèves israéliens et immigrés et les leviers d’actions possibles pour l’amélioration des relations intergroupes.

Israël est un pays à fort potentiel migratoire. En 2017, la population du pays était de 8,7 millions d’habitants, dont 1,8 millions nés à l’étranger. La même année, le nombre d’immigrants était de 26 000 comprenant une large majorité en provenance des pays de l’ex-union soviétique. Cette pression migratoire impose un certain nombre de défis pour la bonne intégration des nouveaux arrivants dans la société israélienne.

En effet, la société se compose aujourd’hui d’une mosaïque de communautés et la construction d’un dialogue multiculturel peut s’avérer compliqué car il nécessite la création de zones de rencontres, dont la fréquentation est variable selon les nationalités, l’âge, le genre ou le niveau d’éducation. Par exemple, un immigré adulte, célibataire et peu éduqué est peu susceptible de rencontrer des israéliens jeunes, parents, d’un niveau d’éducation supérieur au sien. Ces isolations sont souvent la résultante des jeux d’utilisation des espaces publiques et des différences de mode de vie. Or, dans un pays ou le solde migratoire est élevé, il est crucial de favoriser la mise en place de dialogues entre les migrants et leur société d’accueil, au risque de voir leur intégration échouer et de les laisser s’isoler dans une bulle culturelle coupée des us et coutumes locales. Parmi l’un des terrains les plus fertiles à l’échange interculturel, les lieux d’éducation jouent un rôle central : rencontre, cohabitation, échanges linguistiques, scientifiques et culturels sont le lot quotidien des écoles et universités. Les campus en particulier représentent l’un des fers de lance de la stratégie d’intégration des immigrés.

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Source : “Improving the Lives of New Olim Students on and about the Campus”, Bar-Ilan Alumni (http://www.biubogrim.org.il/)

Des chercheurs des universités de Tel Aviv et de Bar-Ilan, sous la direction du Dr. Shifter-David, du département de criminologie de l’université Bar-Ilan, désireux de comprendre les facteurs déterminants de la prise de contact volontaire des étudiants israéliens avec leurs confrères étrangers, ont mené une étude des perceptions socio-culturelles de la pression migratoire. Leurs travaux s’appuient sur des enquêtes anonymes questionnant la connaissance de 252 étudiants israéliens vis-à-vis des migrants et l’appréciation de leur propre volonté à établir un contact.

Leurs résultats ont mis en évidence que l’obstacle principal à une prise de contact volontaire se résumait, barrière de la langue mise à part, à la perception que les étudiants avaient de la pression migratoire. Notamment, la sensation de risque ou qu’une compétition existe pour le logement ou l’emploi diminue fortement la probabilité d’interaction avec des étudiants étrangers. Leur étude démontre aussi que déconstruire la croyance selon laquelle des ressources communes sont en accès limité favorise grandement les prises de contact.
Les auteurs espèrent que leurs travaux pourront orienter certaines décisions des gestionnaires de campus afin que les dialogues socio-culturels deviennent un axe central de réflexion dans l’accueil d’étudiants internationaux.

Sources :

Rédactrice : Camille Bordes, Doctorante à l’Université Bar-Ilan