Des véhicules intelligents pourraient permettre de réguler le trafic routier.

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Israël | Science de la terre, de l’univers et de l’environnement : énergie, transports, espace, environnement
12 février 2021

Une étude menée à l’Université de Bar-Ilan montre que l’insertion d’un nombre restreint de véhicules intelligents dans le trafic routier permettrait de réguler l’allure de voyage des véhicules civils et de fortement réduire les embouteillages.

L’intelligence artificielle (IA) a ouvert la porte à d’innombrables avancées technologiques telles que la prospection marketing automatisée, le ciblage publicitaire, le recoupement et la collecte de données ou encore l’insertion de robots intelligents dans l’espace public. L’automatisation de procédures jusque-là réservées à des opérateurs humains a rendu obsolètes de nombreuses techniques d’entretien et d’analyse si bien que l’IA constitue la plus grande avancée scientifique de notre siècle.

Si nous sommes encore bien loin des robots humanoïdes dépeints dans « L’Homme bicentenaire », les véhicules autonomes sont bien réels. Les scientifiques et ingénieurs en robotique ont déjà mis au point de nombreux prototypes capables de gérer des trajets en ville et à la campagne. Cependant, le manque de régulation en termes d’IA et les effets de tels véhicules sur le trafic restent une préoccupation majeure. Dr. Goldental, de la Faculté de Physique de l’Université Bar-Ilan, prévoit que « sans régulation des véhicules autonomes, nous sommes face à un exemple classique de paradoxe […] où chaque véhicule tente d’optimiser sa vitesse mais le trafic routier n’est pas optimal ».

Dans une étude publiée en septembre 2020, des chercheurs de l’Université de Bar-Ilan, Dr. Goldental et Prof. Kanter, explorent la possibilité de faire coopérer des véhicules autonomes en constellations afin qu’ils régulent le trafic routier qui les entoure, plutôt que d’optimiser leur propre trajet. Leur raisonnement s’appuie sur des phénomènes bien connus en sécurité routière selon lesquels des changements d’allure et de trajectoires trop brusques et trop fréquents, même par une fraction des conducteurs, peut fortement dégrader la fluidité de la circulation automobile. De fait, si un petit nombre de mauvais conducteurs peut altérer le trafic routier, quelques « bons élèves » devraient aussi pouvoir rétablir des conditions de circulation favorables, à condition qu’ils coopèrent en ce sens.

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Haut : Exemple d’organisation du trafic routier (véhicules rouges) par des constellations de véhicules autonomes (verts). Bas : Dr. Amir Goldental (gauche) et Prof. Ido Kanter (droite) - Crédits : Dana Kopel.

Dans une simulation générée sur ordinateur, les deux chercheurs ont démontré que des véhicules autonomes peuvent travailler en équipe pour fractionner le trafic, réduire la vitesse et limiter les comportements dangereux. Ils montrent qu’insérer environ 5% de véhicules autonomes sur un tronçon autoroutier permet de limiter la consommation de carburant de 28%, de réduire de façon notable la vitesse moyenne sur cette portion, et de fluidifier le trafic de près de 40%, le rendant donc plus vert, plus efficace, et même plus sûr.

Si l’application d’une telle technologie sur nos routes est encore soumise à débat, le jour n’est peut-être pas si lointain où nous, conducteurs humains, partagerons la scène avec des véhicules autonomes chargés de nous réguler, à l’instar d’un chien de berger qui dirige son troupeau.

Auteur : Camille Bordes, Doctorante de la Faculté des Sciences de la Vie, Université Bar-Ilan.

Source :
Goldental A., Kanter I. (2020) A minority of self-organizing autonomous vehicles significantly increase freeway traffic flow. Journal of Physics A : Mathematical and Theoretical 53(41)
https://iopscience.iop.org/article/10.1088/1751-8121/abb1e1